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Tripura : les palais de maharajas aux confins de l’Inde

By 4 mars 2016 Carnets de Voyage, Inde du nord

Après nos « échecs » successifs dans les états du Nagaland et de Manipur (l’un le froid, l’autre le manque d’infrastructures) nous avons décidé de faire un « saut » dans l’état de Tripura, l’une des « seven sisters » des états du nord est de l’Inde. C’est quasiment une enclave dans le Bangladesh avec les frontières communes du nord, de l’ouest et du sud, rattachée à l’Inde par l’est à l’état du Mizoram et un morceau du nord à l’Assam.

Tripura est le dernier royaume à s’être rattaché à l’Inde au moment de la partition après le départ des britanniques et si les habitants originels de cette région sont tribaux (nom des tribus), à Agartala la capitale la population est majoritairement Bengali, et apparemment pas mal d’indiens de Kolkata et du West Bengal y ont de la famille et font la navette en avion au dessus du Bangladesh. C’est le troisième plus petit état de l’Inde, habité à 30% par des populations indigènes (19 tribus). L’état compte de nombreux sites archéologiques notamment les bas reliefs en pierre d’Unakoti datant du 7ème siècle après JC.

Lors de l’Indépendance de l’Inde des britanniques en 1957, l’état de Tripura fut d’abord rattaché au Bangladesh (Pakistan de l’est) avant de signer un traité en 1949 qui en fit l’un des derniers états à rentrer dans l’Inde actuelle.

J’étais attirée par cet état car il y a de magnifique palais à voir à Agartala, la capitale ainsi qu’un autre palais… posé sur un lac le Neermahal. Et aussi car le climat y est plus sympa en hiver qu’au Nagaland !

D’Imphal à Agartala

carte imphal agarlataMais pour rejoindre Agartala depuis Imphal, il y a environ 500 km… et comme on a pas d’internet à Imphal on ne sait pas combien coute l’avion, nous optons donc pour les deux jours de route. Grand bien nous fasse, car les paysages sont magnifiques. Mais c’est une sacrée aventure ! 12 heures de route le premier jour et 13-14h le second. Le premier jour nous restons en plus coincés plus d’une heure dans un bouchon un peu avant d’arriver à Silchar, la ville étape. Et quand je dis bouchon c’est en fait une interruption complète de la circulation, moteur coupé… et on essaye de savoir ce qui se passe. Apparemment ce sont des conducteurs de camions qui ont abandonné leurs véhicule sur la route et qui sont partis manger et du coup impossible de passer. Mais ce n’est qu’une théorie parmi d’autres ! Personne ne parle anglais dans le véhicule. Arrivés de nuit à Silchar, nous nous joignons un peu petit groupe de voyageurs du Nagaland (qui parlent un peu anglais eux) pour partager les rickshaws et trouver un hébergement. Ils pensaient se rendre au presbytère chrétien pour y dormir mais déjà le temps que les rickshaw le trouve c’était coton et arrivé sur place on se fait refouler de trois bâtiments… nous partons donc tous ensemble dans un hôtel pas trop cher.

P_20151229_143731éboulements sur la route, on doit attendre qu’une pelleteuse la désemblaieP_20151230_144047

Le lendemain, levée aux aurores pour trouver un bus pour se rendre à Agartala mais une fois sur le lieu dit il se trouve que le bus n’est pas là, on ne comprend pas très bien s’il est déjà parti (c’est à dire en avance de l’heure prévue) et on se fait confirmer par plusieurs personnes qu’il faut y aller en jeep partagée. Rebelote, on trouve une jeep, négocions le prix, attendons qu’elle se remplisse de passagers et c’est repartis pour 12h de route, et cette fois nous n’aurons pas la primeur des places avant, nous seront à quatre sur une banquette à l’arrière, mais face à la route, tandis ce que les passagers du fond donneront tout ce qu’ils ont dans le registre « je suis malade en voiture » une fois les virages entamés. Une fois encore, les paysages sont superbes, impossible de s’ennuyer. Et puis on a tous deux développé une sorte d’état méditatif durant ces trajet, chacun laissant libre cours à ses pensées, comme les conversations et ce qui se passe à l’extérieur ne vient pas troubler ce vagabondage mental, cela pouvait durer un sacré moment, les yeux perdus dans les paysages qui défilent.

Nous arrivons le soir à l’immense gare des bus et les rickshaws sont plutôt tranquilles, à discuter avec moi plutôt que de nous agresser, puis proposer un prix correct pour une course. Et oui, nous sommes désormais plus proches des pratiques du Bangladesh (oui les Bengalis sont réputés êtres plus affables et moins négociants que les indiens). C’est d’ailleurs le chauffeur du rickshaw qui nous dégotte un hôtel avec bon rapport qualité-prix, après quelques échecs de nôtres côté !

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Agartala

Mais le lendemain, comme nous avons besoin de récupérer de nos deux jours de voyage, nous partons à la recherche d’une chambre un peu plus confortable quand même. Le Barbu nous négocie parfaitement une chambre immense pour 650 roupies avec un lit double et un lit simple, une fenêtre, de l’eau chaude, des draps propres et trois chaines en anglais (le confort tient parfois à peu de choses). Il n’y a du wifi que dans les hôtels de luxe en Inde du nord-est. Il se trouve dans une sorte de centre commercial, au troisième étage, c’est plutôt cocasse : au rez de chaussée, des échoppes qui vendent produits de beauté, accessoires pour les cheveux et bijoux puis l’allée des vendeurs de pyjamas, au premier étage la réception de l’hôtel et d’autres commerces et au troisième étage un restaurant qui fait aussi room service en face d’un couloir de portes où sont les chambres.

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Les jours qui viennent, bien sur nous visitons le palais, mais nous agrémentons notre séjour d’une nouvelle galère type les « l’administration » dans les douze travaux d’Astérix, à savoir trouver le service client de la marque Seagate dans la ville, sachant qu’il est sensé en avoir un pour pouvoir réparer ou faire rembourser ou remplacer mon disque dur externe. Deux jours à courir partout dans la ville, à se faire rediriger pour au final un problème à ce jour toujours non résolu…

Agartala-21Le temple de Jagannath Bari, dédié aux dieux hindous Jagannath (le seigneur de l’univers, rien que ça), Balabhadra (le frère de Krishna) et Subhadra (une jeune soeur de Krishna).Agartala-17

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Agartala-19 Mais à part ça la ville est plutôt agréable, on peut s’y balader à pieds et le palais tient ses promesses : magnifique ! Il abrite un musée que l’on a du malheureusement du faire au pas de course car il fermait plus tôt que ce que l’on pensait, mais qui informe beaucoup sur la géologie de l’état, ses cultures, son histoire, des tribus ethniques aux différents royaumes, et même ses monarques féminines influentes, très intéressant !

Par contre c’est 150 Roupies pour les étrangers donc on vous conseille de ne pas y aller trop tard car pour pouvoir profiter pleinement de la visite.

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Neermahal

Après quelques temps en ville, nous décidons d’aller visiter le clou de l’Etat : un magnifique palais royal de Marajah construit sur un lac. Le Maharaja Bir Bikram Manikya Bahadur a eu l’idée de se palais que l’on dirait flottant en 1921 et a fait exécuter sa construction par une compagnie britannique.

On prend un vieux bus public pour se rendre à Meghalar, le village non loin du lac, et prenons un touk-touk jusqu’à l’hôtel gouvernemental au bord du lac.

Et là… c’est tout sauf calme ! Nous découvrons avec stupeur la « saison des piques niques » indienne. Toute la famille prend un van, des casseroles, des énormes systèmes sons et les groupes s’installent tous à quelques mètres les uns des autres en faisant pêter leur sono grésillante au maximum, les mecs boivent et dansent et les nanas font un feu et sont à la tambouille. Riz, curry, assiettes en carton-plastiques et cadavres de bouteilles laissés sur place : ils ont tout prévu ! Nous observons avec stupeur tout ce petit monde amassé sur la rive du lac vers le débarcadère. Au loin, nous apercevons déjà le magnifique palais, et nous décidons de prendre le large en marchant le long du lac, traversons des rizières et petits villages pour échapper au bruit. Et là, c’est tout ce que j’aime : de jolis villages en bambou et jardins potagers familiaux au bord du lac, plantations de riz protégées des canards par des filets, des vaches, veaux, cochons et poules qui cohabitent plus ou moins librement, et bien sur ce lac et ce palais majestueux sur lequel nous regardons le soleil lui donner ses couleurs du soir.

Nous revenons à la nuit tombée, et tout le monde à disparu laissant place à des monticules d’ordures, et nous sommes seuls dans le grand bâtiment de l’hôtel gouvernemental. Nous dinons à la cantoche (et c’est délicieux, of course !) et partons nous coucher.

Neermahal-61C’est le bordel. Neermahal-60Coucou le palais ! (et les canards) Neermahal-59

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4h37 du matin, ça gigote. Ca secoue, même. J’entends des bruits de claquements métalliques. Ce sont les vitres qui tapent contres les barreaux de fer… C’est un tremblement de terre ! Et pas un petit. Pour en avoir déjà vécu des légers, celui-ci déménage ! Mais le temps que l’on se demande si l’on reste là dans nos lits ou si l’on essaye de descendre à l’extérieur du bâtiment, les tremblements ont cessé. Le Barbu descend fumer une cigarette, et en remontant il me dit que si l’on avait voulu sortir, on aurait été mal car ils nous ont enfermé dans l’hôtel et il y a des barreaux à toutes les fenêtres et portes ! Mais ça ne tremble plus, et le matin nous partageons notre stupeur avec les employés, non ce n’est pas un truc courant dans le coin les tremblements de terre ! Nous apprendrons quelques jours plus tard quand nous aurons à nouveau internet qu’il s’agissait d’un tremblement de terre de 6.7 sur l’échelle de Richter dont l’épicentre se situait à Imphal… où nous étions quelques jours plus tôt. On a eu chaud aux fesses, malheureusement la catastrophe a fait des victimes : 9 tués et plus d’une centaine de blessés, et les secousses se sont ressenties jusqu’au Bhoutan, au Myanmar et au Bangladesh.

Mais à ce moment là, nous on a pas toutes ses infos, et nous partons de bon matin (le plus tôt possible pour éviter les hordes de touristes indiens) au quai pour prendre une barque et glisser sur l’eau jusqu’au palais sur le lac, ce fameux Neermahal.

Neermahal-36Dans la brume matinale Neermahal-34 Neermahal-32 Neermahal-31Nous nous rapprochons… Neermahal-30

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reflets…Neermahal-28

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Neermahal-25 Le jardin intérieurNeermahal-24

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Neermahal-21 le garage à bateau, qui n’est pas submergéNeermahal-20

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Neermahal-13Ma petite demeure d’été.Neermahal-2

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Udaipur

Après cette fantastique visite du Neermahal, nous prenons un bus pour Udaipur, où nous voulons passer une nuit avant de rejoindre la grand-ville (Agartala). Sur place, rien de spécial à faire : un temple, un bassin… mais par contre on a trouvé un restaurant surement l’un de nos préféré de notre voyage en Inde du nord : le Tripiti. Après l’hôtel gouvernemental, prenez la route à gauche sur 200 m et c’est un grand bâtiment en béton avec un étage… c’est délicieux !!! Ils font comme souvent dans le coin une sorte de thali où l’on te sert le riz et plein d’assortiments savoureux, tu manges avec les doigts. Et eux ils ont vraiment PLEINS d’assortiments différents. Évidemment ton assiette est ré remplie « refill » jusqu’à ce que ton estomac soit proche de l’explosion. Nous y sommes même allés deux fois, le midi et le soir. Le patron est super sympa, et rien que de repenser à ces plats j’en bave. (vision de rêve bonjour !). Voici donc l’activité que je pourrais vous recommander à Udaipur (et ils ont des super nappes).

Udaipur mobile-4Le templeUdaipur mobile-3la super poubelle du temple (une poubelle, objet assez rare pour être notifié) Udaipur-1Le bassin

Udaipur mobile-2Meilleure assortiment nappe + assiette ! Udaipur mobile-1Ça a pas l’air visuellement mais ça envoie !

Retour à Imphal pour passer la frontière birmane

Lors de notre retour sur Agartala, nous nous sommes arrêtés dans une réserve naturelle (qui s’avérait en fait être un zoo, mais j’y consacrerai un article pas content bientôt) puis sommes allés acheter nos billets de bus pour remonter sur Imphal, et passer ensuite la frontière avec la Birmanie (soit trois jours de jeep partagée en perspective).

Alors que nous revenons de nos achats de tickets de bus, on va faire un tour au cybercafé pour tuer le temps et se renseigner sur le tremblement de terre et c’est alors que je vois un e-mail d’Eric que nous avons rencontré à Majuli qui me dit que l’agence Birmane lui a dit qu’ils ne pouvait pas lui délivrer les permis pour traverser la frontière indienne car cette dernière serait FERMEE. Nous l’agence ne nous ne l’a pas dit, bizarre. Nous avons un ou deux jours de marge, j’envoie donc un mail de toute urgence à l’agence birmane et cette dernière ceci :

« I would like to let you know that there were some bad situation in India side and they was closed the border from Yesterday and they are not allow for entry or exit for the foreigners. I have also very sorry this information actually our border counter is OK it was their border and we are also don’t know exactly which day they will open again their border because they are not sending and issue the legally letter. As this case you can enter our country by flight only and you can’t use their border. I would like to also help to you but it is not our side and I can’t.As our side, I will refund to you for permission service. »

 (J’aimerais vous laisser savoir qu’il y a un mauvaise situation du coté Indien et qu’ils ont fermé la frontière depuis hier et n’autorisent plus d’entrée ni de sortie du territoire pour les étrangers. Je suis vraiment désolée pour cette information, du fait notre frontière (côté birman) est OK, c’est leur coté et nous ne savons pas exactement quel jour ils vont rouvrir leur frontière à nouveau car ils n’envoient pas le lettre légale (?). Dans ce cas vous pouvez entrer dans notre pays par avion seulement et vous ne pouvez pas utiliser leur frontière. J’aimerais vous aider mais ce n’est pas nôtre côté et je ne peux donc pas. De notre coté, nous allons vous rembourser pour le permis que nous vous avons fourni.)

Douche froide. Notre visa va expirer, après des mois de galères pour obtenir ce permis spécial, et un défi personnel pour moi de passer cette frontière terrestre, le gouvernement indien se place entre moi et mes plans. On essaye de se renseigner un peu de notre coté en passant quelques coups de fils mais rien à faire, ça sera avion.

Nous regardons les billets d’avions pour quitter l’Inde avant l’expiration de notre visa, Rangoon la capitale du Myanmar, c’est trop cher, nous nous envolerons donc pour Bangkok pour une centaine d’euros chacun, mais évidemment cela ne se passera pas encore tout à fait comme prévu, mais la suite aux prochains épisodes !

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Pour conclure sur l’état de Tripura, je ne regrette absolument pas d’avoir décidé d’y mettre les pieds, effectivement il faisait plus chaud, les visites étaient bien jolies, mention spéciales aux palais qui ne m’ont pas déçue et à la culture et l’histoire du coin qui m’ont vraiment bien intéressée ! (et c’est plus facile d’y voyager que Manipur par exemple).

Mais les territoires du Nord-Est indien m’ont définitivement envoutée, et j’y reviendrai un jour, j’ai encore tant de choses à découvrir là-bas !

Si vous avez des questions sur les endroits que nous avons traversés en Inde qu’il s’agisse de l’Uttarakhand, de Kolkata, du Meghalaya, de l’Assam ou encore du Nagaland/Manipur n’hésitez pas à me contacter je me ferai un plaisir d’en discuter avec vous ! 🙂

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Nagaland et Manipur : cahin-caha, glagla et poneys de polo

By 28 février 2016 Carnets de Voyage, Inde du nord, Vidéos

Et oui, après notre délicieuse semaine sur l’île de Majuli en Assam, nous avons repris la route en Inde du nord-est, toujours en direction de la Birmanie. Prochaine étape visée : l’état du Nagaland et ses tribus nagas.

Nos comparses de la guesthouse nous avaient parlé du Nagaland dont ils arrivaient et nous avaient donc conseillés de nous rendre à Saunali et prendre un Sumo pour le village de Mon dans les montagnes Nagas au nord de l’état. Les derniers arrivés de Mon à Majuli, Laura & Cornelius nous avaient également dit que la piste pour redescendre de Mon était très boueuse en raison de fortes pluies et que leur trajet avait été dangereux. Mais bon, pour moi le Nagaland, c’était resté coincé dans ma tête depuis qu’ils y avaient fait un tour dans l’émission de télé « Pekin Express » (même pas honte), donc je voulais aller voir (et pas que pour ça, je vous rassure !).

NE_RegionAvec une jolie carte, on comprend mieux ! (vous pouvez zoomer en cliquant sur la carte, cette fois l’action se situe dans l’est de l’Assam, le Nagaland et Manipur.

trajet
Notre trajet… expliqué ci-dessous.

Jour 1

Nous reprenons donc le ferry depuis l’île de Majuli, (rien de terrible pour nous, pas comme Brice), moi j’ai eu une place assise en bas tranquille, et Laura la Hollandaise m’a rejointe donc on a discuté tout le trajet. (Après nous le trajet a duré seulement une heure, je soupçonne le port de ferry d’avoir changé de place depuis le passage de Brice). Puis nous sautons dans le mini-bus jusqu’à Johrat. Marchons jusqu’à la gare de bus. Prenons un bus pour Sivasagar. Passons une nuit à Sivasagar.

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Jour 2

Le lendemain, première heure, nous prenons un bus pour Sonari.

Les paysages assamis sont magnifiques, avec les rizières, les forêts, les canaux et bassins d’irrigation, les rivières et les petits ponts en bambous pour rejoindre les maisons… les maisons de poupées en béton toutes colorées et rigolotes, les maisons traditionnelles en bambou tressé, les filets en carlin, les barrières en fin bambou coupé en deux puis assemblés en losanges ou carrés, les cultures de légumes bien organisées en petits carrés, les animaux qui vont et viennent librement.

Une fois à Saunali, nous nous hâtons de trouver un café internet pour encore, essayer de payer notre permis pour pouvoir passer la frontière avec le Myanmar… toujours sans succès, notre opérateur téléphonique Free étant bloqué dans ces états et nos banques envoyant des SMS pour confirmer le payement en ligne. Mais on a fini par trouver une solution ! Puis nous partons chercher la gare des sumos (jeep partagées) pour nous rendre à Mon, au Nagaland.

Nous marchons un kilomètres et demi jusque devant l’hôtel « seven sisters » où il y a un bureau pour booker les sumos et là : pas de véhicule, rien. Un mec est là au bureau des bookings et nous dit qu’il n’y a pas de sumos aujourd’hui, à cause d’un glissement de terrain, la route n’est pas praticable.

Demi-tour, donc.

Nous prenons cette fois un auto-rickshaw pour retourner à la gare des bus, attendons que le mini-bus se remplisse et retournons à Sivasagar où nous passerons une nouvelle nuit… et continuons à chercher un water-heater, notre nouvelle obsession depuis qu’Eric nous en a parlé à Majuli. On veut se faire du thé ! Malgré tout, on s’achète 200 grammes de thé d’Assam et une tasse en métal chacun.

On visite un peu Sivasagar, c’est une ville plutôt sympa avec cette immense bassin et ses temples.

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Jour 3 : on entre au Nagaland

Le lendemain matin, nous prenons un bus très tôt pour nous entrer au Nagaland par le sud (au milieu il n’y a pas vraiment de route empruntée par les transports en commun). Un premier bus pour retourner à Johrat puis un mini-bus pour aller jusqu’à Dimapur, à la frontière Assam-Nagaland (environ 5h de route depuis Johrat). La route est toujours jolie mais qu’est ce que ça tape les fesses ! A Dimapur nous trouvons un hôtel bon marché très bonne qualité prix, mais harcelée par trois moustique je fermerai à peine l’œil de la nuit.

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DimapurJ’ai été très intriguée par ces magasins d’armes (fermés ce jour là)Dimapur-1

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Jour 4 : vers l’infini et Kohima

Au petit matin, nous marchons dans la ville de Dimapur à la recherche de la gare de bus. Nous achetons nos places au guichet puis grimpons dans le bus, après avoir enfin trouvé quelqu’un pour mettre nos gros sacs sur le toit. Je m’installe devant où il y a une barre pour que mes genoux rentrent… et un autre passager du bus, qui lui est installé au fond vient me voir et commence à m’enquiquiner avec les numéros de place… et oui on a des numéros de sièges, première nouveauté en Inde. Et les nôtres sont tout au fond devant la banquette. Moi –qui n’ai pas dormi de la nuit et vient de me taper trois jours de bus tape-cul- je pète un peu une durite et mes nerfs commencent à fissurer mais vais quand même « m’installer » à cette place, en grommelant, furieuse.

Il faut dire que ce bus public Naga est pire que tous les autres transports en communs qu’on a eu avant au niveau confort. Des banquettes de trois sur le coté, un intérieur qui a l’air d’être tout en bois et la place des sièges prévus pour des gens qui font 1m30. Mes 1m81 sont durs à caser dans des espaces exigus comme cela (mais dans des cas comme ça je pense aux géants russes que l’on a rencontrés dans le Sumo pour Darjeeling et je me dis que mon cas n’est pas si pire). On fait donc la route : le goudron est correct, moins de trous qu’en Assam. Par contre c’est juste une succession de virages secs et nos compères indiens, comme toujours, s’en donnent à cœur joie par les fenêtres.

On arrive à Kohima, où la circulation est littéralement bloquée : les véhicules le moteur coupé à l’entrée de la ville. Après une heure de bouchons on fini donc par descendre du bus et finir la route à pied. Pour une fois, on a réservé un hôtel un peu « bien » (et au dessus de notre budget). C’est l’hôtel Heritage, qui est très charmant, avec son style d’époque coloniale… mais l’isolation est d’époque aussi. Traduction : on est à 1 200 m d’altitude au mois de décembre et ça caille sévère. Et il n’y a pas de « chauffage » vraiment dans ces coins là. C’est « extra-blanket » (couverture supplémentaire) et parfois petit radiateur électrique. Il y a vaguement le wi-fi à l’hôtel, quand il fonctionne… ce qui nous permet d’envoyer quelques mails et de discuter sur facebook mais gère plus. On se balade dans la ville le soir à la recherche d’un resto, amusés par les décorations de noël : et oui ils sont chrétiens au Nagaland, les missionnaires ont bien bossé…

Mais comme tout ferme à 19h on doit se rabattre à l’hôtel, heureusement le restaurant est délicieux !

Victoire du jour : on s’est fait offrir une passette à thé et du sucre au marché! Il ne nous manque plus que le fameux water-heater maintenant.

Kohima 1Vue sur la ville, toute en collinesKohima 5

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Kohima 2

Kohima 3Une magnifique crèche 😀Kohima 6Des décorations de noël

Kohima 7à l’hôtel (c’est une fausse tête de buffle, je vous rassure)

Jour 5

Notre jeune de l’accueil de l’hôtel Heritage nous aide à chercher un autre hôtel (trop sympa), ayant jusqu’à emmener le Chti sur sa moto jusqu’à un autre établissement… mais soit les numéros de téléphones ne fonctionnent pas, soit ils ne répondent pas, soit les hôtels sont fermes pour les fêtes (merci les chrétiens). On finira donc par se rabattre par une option chère, après s’être renseignés à la gare des bus et à l’internet café sur Imphal et l’état du Manipur (plus au sud) car c’est là que nous irons demain !

L’hôtel que l’on a réservé se trouve être en fait loin de tout et trop cher pour ce que c’est mais ça dépanne. Quand on est en galère, on est en galère hein. Kohima a l’air d’une ville très sympa, très jeune mais comme elle est sur des collines et complètement congestionnée par les bouchons permanents c’est quasi-impossible de la visiter en voiture/bus… ou à pieds (très grand !!). Et en décembre, il fait froid : entre -1°C à 15°C pour nous en fin de mois de décembre.

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Jour 6

Nous revoici dans un Sumo. Puis dans les bouchons. Puis sur des pistes de cailloux, représentée sur la carte comme la route principale. Et oui la pauvreté et la corruption ici ne se mesurent pas à l’habillement des gens mais celui des routes. Le Sumo nous dépose à un poste à la frontière avec Manipur. A partir de ce moment nous croiseront une quantité infinie de convois militaires et de militaires en armes patrouillant au bord de la route. Avec un jeune qui nous aide à nous dépêtrer de la situation « d’au bord de la route » à « dans un bus », nous prenons un taxi collectif qu’il a appelé, puis sautons dans le bus qui démarre presto. La route n’est pas mieux et on est sur la banquette, mais mon voisin de bus, un prof d’économie très curieux me fait la conversation et il est très intéressant.

Nous arrivons à Imphal à la tombée de la nuit et nous faisons déposer par le bus dans un coin où il y a plusieurs hôtels. L’hôtel Imphal qui était sensé être l’établissement du gouvernement avec des chambres pas chères a été racheté par la chaine de luxe « hotels Classic ». Donc notre bon plan tombe à l’eau. Nous visitons toutes les chambres aux environs et finissons par nous rabattre sur l’hôtel Tampha (nouveau bâtiment, pas l’ancien), 900 roupie la chambre simple avec grand lit, eau chaude, et télé branchée sur le câble pour une double occupation. On y restera quelques jours, même si c’est au dessus de notre budget (encore) mais ça fait une semaine que l’on bouge et on est un peu KO.

Imphal 1Des rues d’ImphalImphal 2

Imphal 5

Imphal 4

Imphal 3

Jour 7 à 12

Repos des voyageors à Imphal. Je parviens à finir mon article sur Kolkata dans un cybercafé sous-terrain, on trouve le water-heater (VICTOIRE!) et buvons des tas de thé tous les jours en mangeant des cookies vegan aux cramberies que j’ai trouvé et en regardant les chaines de cinéma (blockbusters) en anglais.

Dans l’état de Manipur, le tourisme se limite à Imphal, la ville dans la montagne de Ukrul (mais ça caille), le Loktak lake, quelques cascades et grottes dans des coins reculés, un barrage et voilà. D’un côté le tourisme n’a pas été favorisé par les problèmes avec la frontière Birmane au début mais surtout les troubles tribaux : certaines ethnies veulent leurs indépendances et d’autres tribus se battent entres elles. D’où l’omniprésence des militaires dans l’état. Nous on a pas ressenti de tension particulières chez les gens mais c’est en quittant l’état que l’on a fait face à des contrôles routiers tout le temps mais vraiment et dans un village j’ai aperçu une banderole « pour une paix tribale » avec des photos de personnes soulignées comme des « martyrs tribaux ». Mais c’est tout, rien de terrible ni d’effrayant, les gens étaient plutôt curieux et content de nous voir en général.

Nous passerons Noël en allant manger dans l’hôtel « le plus chic » de la ville, mais au final la bouffe, rien d’extraordinaire, mais on a bien rigolé ! (sachant que notre diner de Noël « extrêmement cher » selon nos critères indien et notre mini-budget nous a en fait couté moins de 10€ !)

Manipur-29Les douves autour du palais royal étaient en cours de rénovation, ils vidaient l’eau ce qui a donné lieu a une pêche sans relache des habitants avec des carlin, ces filets si caractéristiques.Manipur-28

Manipur-27Les portes du palais royal Manipur-34

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Manipur-30Notre petite chambre dans laquelle on est resté bien longtempsManipur-26

On a décidé de rester à Imphal jusqu’au dimanche car il y a une compétition de Polo qui démarre à ce moment là, sur le Mapal Kangjeibung, le plus ancien stade de Polo au monde.

Le polo, c’est ce jeu à cheval avec une sorte de batte comme au croquet mais plus long, une petite balle et deux buts. C’est dans cet état indien que les anglais ont découvert ce jeu. Ce n’est pas compliqué à comprendre et très divertissant à regarder.

J’avais entendu dire que le polo avait une réputation de sport violent pour les chevaux qui étaient épuisés à galoper dans tous les sens et qui se prenaient parfois des coups de crosse au passage. Mais bon de ce que j’en ai vu, ce n’est pas plus violent que du saut d’obstacle, du cross ou même du dressage. Les poneys sont sur le plat et galopent dans un champs immense. Cependant ils doivent faire des demis-tours serrés mais si vous avez déjà vu des chevaux dans un pré galoper comme des dératés ils font aussi des demi-tour de folies quand ils arrivent aux barrières, ou sur leur copain etc. Donc à part quand les cavaliers sont des gros bourrins et cravachent leurs poneys comme des dératés, le reste du temps j’ai trouvé que c’était un sport plutôt soft, et qui a l’air techniquement compliqué : taper une balle avec une crosse au grand galop et un mec qui te coince de chaque côté franchement ça ne me paraît pas simple. Les règles du jeu se rapportent en majorité à la sécurité des montures et des cavaliers. Pour éviter tout risque de collision entre les chevaux il est par exemple interdit de couper la « ligne de balle » d’un joueur en train de la pousser, il faut venir parallèlement pour tenter de lui prendre. C’est un jeu qui exige stratégie, rapidité, précision et fair play.

Vous pouvez en apprendre plus sur la race de poneys de Manipur, actuellement « en danger critique d’extinction » sur la page Wikipédia en français, plutôt complète ou cette page en anglais.

Manipur-25Lever de drapeau, la semaine de compétition peut commencer

Manipur-24Les photos avec les officiels

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L’arbitre, à cheval lui aussiManipur-17L’après match, des enfants s’entrainent avec les poneys entrés en fin de jeuManipur-16

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Manipur-14Et oui il monte en chaussettes-claquettes, Kirghize style !Manipur-13

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Jour 13

Attention, action, on bouge ! Vous sentez le nouveau fail arriver ? Le voici.

Nous partons au Loktak Lake, à 45 km au sud d’Imphal. Environ deux heures de route en théorie. Mais notre bus tombe en panne après 45 mn de route ! Quel dommage ! Nous voici donc au bord de la route à essayer d’arrêter un véhicule. Après 20 bonnes minutes nous pouvons grimper dans un bus qui se rend à Bishnupur, la ville à mi-chemin. A Bishnupur nous prenons un mini-bus pour Moirang qui nous pousse jusqu’au lac. Une fois au lac il n’y a que l’hôtel de luxe de la chaine du Classic (encore eux) qui a l’air charmant, donnant sur le lac, parfait pour observer les oiseaux migrateurs. Mais c’est très au dessus de notre budget et complet jusqu’au 31 décembre. Retour à Moirang. Il y a un autre hôtel dans la ville, le Lake View Hotel (qui est à plusieurs km du lac et donne sur une route)… et là, vraiment trop cher pour ce que c’est !! Dépités, on ne sait plus quoi faire, on va manger dans une cantine et restons les bras ballants. On avait prévu de passer une semaine à se reposer au bord du lac. Du coup on prend un auto-rickshaw pour retourner au centre ville, grimpons dans un mini-bus et retournons à Imphal. En passant à côté du stade de Polo, nous remarquons qu’il y a des matches et finissons donc cette journée à regarder le polo en grignotant du pop-corn.

C’est décidé, demain nous allons à Agartala dans l’état de Tripura. Deux jours de route en jeep partagée (12h-14/jour) pour une semaine sur place mais nous n’allons pas passer 10 jours à regarder le polo et la télé à Imphal ! 😀

En conclusion : le Meghalaya et l’Assam auront été super facile et agréable pour nous, on aura bien galéré avec le Nagaland et Manipur. Ce n’est pas que tout est compliqué… mais que rien n’est simple ! Mais le Nagaland doit définitivement valoir le coup à des saisons plus propices.

Manipur-7Le vendeur de jus d’ananas

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Meghalaya #2 : la cristalline rivière Umngot

By 8 février 2016 Carnets de Voyage, Inde du nord, Vidéos

Après nos quelques jours à Cherrapunjee et nos explorations dans la jungle à la découverte des ponts en racines, nous retournons à Shillong la capitale du petit état du Meghalaya, tout au nord-est de l’Inde. De là, nous reprendrons un Sumo (jeep partagée) pour découvrir la rivière Umngot à Dawki, ville frontalière avec le Bangladesh. Nous avons juste vu quelques images des eaux transparentes de cette rivière et nous n’avons pas pu résister à l’idée d’aller nous aventurer là-bas.

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Dimanche 6 décembre 2015 : De Cherrapunjee à Dawki

Jour de trajet. Après un café au soleil avec Anette, la dame danoise qui s’occupe de l’hostel By The Way à Cherapunjee pendant l’absence d’Heprit, nous prenons la route avec Simon le suisse jusqu’à Shillong. Si l’on ne met pas trop de temps à remplir la jeep et partir de Cherrapunjee, une fois à Shillong ce n’est pas la même. C’est dimanche, et on poireaute deux heures et demie avant que la jeep pour Dawki soit remplie. Après deux heures et demies supplémentaires de routes à virages au milieux de paysages splendides, nous descendons la montagne et admirons plus près que jamais les plaines du Bangladesh. Nous traversons la fameuse rivière Umngot qui tient ses promesses : l’eau est vraiment cristalline ! Au moment d’entrer dans le village nous apercevons les cousins, nos deux compères indiens qui étaient aussi chez Byron à Nangriat. Ils nous disent qu’ils n’ont pas trouvé d’endroit pour dormir et repartent à Shillong, mais eux ont quand même passé la journée ici.

Nous allons nous mettre quelque chose sous la dent accompagné par un jeune homme qui dit vouloir nous aider mais à part débiter un flux de paroles plus ou moins cohérentes il ne se montre pas vraiment utile dans notre quête d’informations. Le patron du restaurant nous glisse qu’il est saoul, qu’il faut arrêter de lui parler et donne des infos au Barbu. Moi je poiraute avec les sacs et le poivrot. On cherche un véhicule pour aller au village de Snongpend (pronconcez Snongue-prleng). Il est situé plus haut sur la rivière dont nous a parlé la dame de l’office du tourisme et notre cher Along à Cherrapunjee. Mais c’est dimanche, peu de véhicule, une voiture part, déjà chargée à craquer. Le Chti va donc, sur le conseil d’un petit vieux avisé, à la resthouse du gouvernement, une maison verte au dessus de la route après moultes marches.

Where do you come from ?

Do you have a passport ?

(il grogne). OK. You can stay.

Une fois les sacs déposés dans la chambre, nous nous dépêchons pour ne pas manquer le coucher de soleil sur la rivière Umngot mais c’est juste ! Au bord de l’eau il y a des dizaines de barques fines en bois. Un monsieur s’assoit à coté de nous, discute, nous propose de louer sa barque, il va faire nuit donc non, il rediscute. Et nous dit que la frontière du Bengladesh est « juste là ». Il peut nous emmener. Je pense qu’il entend qu’il faut traverser la rivière mais non… il nous emmène à côté des barques. Il y a deux militaires, un en armes.

« Le cailloux là, c’est la frontière ».

Une photo publiée par RORYYYY (@roryofroom) le

Coucher de soleil sur le Bangladesh et la rivière UmngotDawki-1

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Le supérieur des militaires discute avec nous, nous dit que l’on peut aller acheter des « snacks » aux bengalis amassés là avec leurs petits stands. Ils nous accueillent avec d’immenses sourires et nous font gouter de sortes de grosses cerises confites mais salées et pimentées, on leur prend un cornet et repassons de l’autre côté du caillou. Les militaires veulent prendre des photos avec nous, et sont ravis de nous parler. Le chef nous accompagne ensuite au « centre ville » et nous indique un restaurant ouvert le dimanche (et oui, le Meghalaya est majoritairement Chrétien, les missionnaires s’en sont donnés à cœur joie, même si certaines personnes dans les villages sont restées animistes). On va boire un thé chez le premier restaurant et remercier le patron pour son aide, puis nous installons dans la rue en attendant d’avoir faim. Le chef des militaires repasse par là, et un autre poivrot se jette sur nous. Son acolyte, qui ne tient vraiment plus debout chante accroupi près du fossé. Après de multiples assauts du premier brave homme imbibé qui veut que l’on aille chez lui, nous finissons par nous échapper en allant au restaurant. Pas vraiment de choix, d’autant plus quand on ne mange pas de viande : ça sera riz et dal (lentilles au cumin) et chana (poids chiches). Dans le coin je risque d’avoir un régime basique. Le Barbu a droit à un bout de poisson frit qui n’a absolument aucun gout (d’ailleurs au début il ne savait que c’était du poisson). Mais le Dal, le Chana et les piments sont bien bon !

Alors que l’on s’assoit sur un muret devant la government resthouse, quelqu’un saute subitement sur le Barbu… oh non, notre poivrot est de retour. A un moment, mon Chti lui dit en français :

«C’est bon t’as fini de me toucher avec tes mains sales là ? »

Et l’autre qui répond, au tac au tac :

« No ! »

Evidemment, on se marre. Je rentre à la chambre, « surveillée » par le moustachu méfiant, et protégée par des barreaux partout. Une protection contre les imbibés de l’alcool du coin? En tous cas ce village fait très « western ». Demain, ça sera lundi, et on trouvera une voiture pour aller à Snongpdeng.

 

Lundi 7 décembre 2015 : Snongdpeng

Taxi trouvé, malgré un chauffeur qui essaye de nous entuber sur le prix. La route se couvre progressivement de bosses, trous, cailloux. Nous arrivons en cahotant au village après avoir perdu une fesse dans la bataille et nous trouvons devant un plan : apparemment il y aurait un homestay en bas du village, juste au bord de la rivière Umngot et un autre au bord de la route. Pas d’hésitations ! Nous traversons le village par des petites allées bétonnées et escaliers, c’est tout à fait charmant il y a même des chainettes le long du chemin. Les habitants des jolies maisons, certaines en béton coloré, d’autres en bois, nous saluent, les enfants nous gratifient de sonnants « HELLOOO ! Bye Bye ! » et nous finissons par trouver le homestay, une cabane en bois toute neuve sur deux étages. C’est mignon comme tout. On négocie avec le patron et nous voici installés pour trois ou quatre nuits. Alors que sa femme change les draps et passe un coup de balais, voici une poule qui sort de la chambre en gloussant, le balais à ses trousses ! Elles s’envole depuis le balcon et la femme sort la tête de la chambre avec deux œufs dans les mains. Voici qui n’est pas commun. Le Barbu qui est parti faire un tour dans les environs en revient enchanté, et nous allons manger un riz-chana-thé (ce que je suppose être notre régime pour les jours à venir) au petit tea stall au bord de la rivière.

L’après midi, il partira en exploration avec sa canne à pêche et se trouvera une jeune accolyte qui le déposera en barque avant d’aller jouer au foot avec les ados du villages tandis que je me reposerai puis irai faire une lessive dans un bras de rivière. J’ai rarement vu aussi belle machine à laver.

Le villageUmngot mobile-6

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La rivière Umngot <3Dawki-4

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Le riz, les poids chiches (chana) et les piments grillés… un délice !Dawki-29

Le soir, nous allons voir le match de foot au village. Il y a 30 à 34 joueurs sur le terrain sur un petit champs, c’est plutôt comique. Puis, lorsque la nuit tombe, nouveau riz-chana-piments-thé mais cette fois au thé stall au bord de la route, au son de la musique jouée par les voitures des jeunes qui font taxi. Au Meghalaya les gens parlent plutôt bien anglais, car ils n’apprennent pas l’Hindi à l’école, mais le Khasi (la langue locale) et l’anglais. On peut donc discuter facilement avec les autres clients ce soir là.

Une fois au lit, nous sommes surpris d’entendre des chants… ça doit être à l’église, mais des chants d’église au coucher on n’avait encore jamais vu.

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Mardi 8 décembre 2015 : Où est Wanti ?

Le vent souffle toujours ce matin. Je me réveille au son des cocoricos. Petit déjeuner au tea stall, journée toute en lenteur. Les enfants nous saluent, les femmes sourient, on discute. L’après-midi, nous devons retrouver Wanti pour qu’il nous emmène plus haut sur la rivière Umngot avec sa barque, vers les « rapides ». Mais il est introuvable… Sa mère nous dit qu’il est parti de l’autre côté, sur la plage vers les tentes canadiennes, pour aller couper du bois. On l’attend sur la plage. Il est 15h, le soleil a arrêté de cogné, il est passé derrière la colline. Je me plonge dans mon bouquin, assise sur un rocher, puis voilà son cousin qui arrive. Il fait de grands signe au Barbu et lui dit d’attendre. Quelques instants plus tard, voici Wanti qui arrive. Ils déchargent l’embarcation de son bois et de fruits de palme, puis nous dit de grimper. Nous voici en train de glisser sur cette eau sans remous, et dont on voit le fond. Cela doit être encore plus impressionnant avec le plein soleil. J’observe les poissons, les plages au bord de la rivière, la forêt dense et toutes ces formes de feuilles qui se mêlent. Le bateau avance lentement, à la rame. Après une bonne vingtaine de minutes, nous atteignons la petite chute d’eau entourée de gros rocher. Nous débarquons et escaladons ces immenses blocs pour trouver un coin propice à la pêche. Il s’agit d’un gros caillou au milieu de la rivière. Pour le rejoindre, il faut marcher sur un tronc d’arbre et escalader des bambous installés là, le tout au milieu d’un fort courant. De là, nous pouvons voir des poissons énormes… mais peu intéressés par des leurres en plastique, heureusement pour eux. S’ils sont devenus aussi gros, c’est surement car il sont assez malins pour ne pas se faire attraper par les nombreux pêcheurs du villages qui posent des lignes partout !

Nos deux jeunes amis nous abandonnent pour aller jouer au foot, et disent qu’ils viendront nous chercher dans une heure. Il ne vont pas nous la faire à la guide kirghize, Wanti était bien venu rechercher le Barbu la veille.

Je me trouve un bon rocher pour reprendre ma lecture, puis commence à avoir froid. L’humidité de la rivière et la nuit tombante n’y sont pas pour rien. Notre Chti national, lui, a trouvé un nouveau rocher d’où sauter. Pour le hisser de l’eau depuis les roches glissantes, je dois le tirer avec un bâton, notre équipée fonctionne bien. Nos amis arrivent avec la tombée de la nuit. C’est donc dans la quasi obscurité que nous ferons notre retour. Lumière basse et eau noires. Quelques pêcheurs avec des lampes. Des mots échangés en Khasi de barque à barque. Débarquer dans le noir à la lueur du téléphone, en prenant garde de ne pas glisser sur les rochers.

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Ce soir, nous avons accepté de prendre à manger au homestay. Vers 18h30 (il fait déjà nuit noire) la mamie et sa fille arrivent les bras chargés de plats. Du riz, du chou et des patates cuisinés, du dal aux fleurs de bananiers, du pickle maison et des carottes et concombres crus découpés. Un régal ! Et nous pouvons nous resservir deux fois. Après quelques jours de régime riz-chana, un peu de diversité nous ravi l’estomac !! C’est le ventre bien bombé que nous irons nous abriter du vent sous les couvertures.

Mercredi 9 décembre 2015 : barque-stop

Cocoricos. Vent. Faim de loup. Nous partons faire la tournée des tea stall afin de remplir nos estomacs vides. Grosse portion de riz-chana pour moi, biscuits secs trempés dans le thé au lait pour le Chti. Miettes dans la barbe. Ronchonchons.

Nous redescendons dans le village nous fournir en provisions pour éviter les matins affamés et faisons une pause au bord de la rivière, suivi par le chien pouilleux et un grand noir et fauve. L’eau est verte, turquoise, toujours aussi translucide. On observe poissons et têtards. Un peu plus haut, une femme fait la lessive. En face, des jeunes et leurs paniers s’enfoncent dans la jungle pour aller y couper du bois. Le vent, qui s’est calmé, fait danser les bambous.

J’ouvre la porte de la chambre et y déloge une fois encore la poule rousse qui aime bien pondre sur le lit de droite. D’un « cot cot codec » outré, elle ne demande pas son reste et prend la poudre d’escampette par la porte d’entrée.

Aujourd’hui, on part en excursion sur la rivière Umngot. Dans notre tea stall préféré nous trouvons une bonne âme qui accepte de nous déposer sur une plage en échange de son riz-chana et de son thé du matin. Il nous dépose donc sur une rive, le Chti s’active à débusquer les poissons Khasis tandis ce que je fais un brin de lessive sur un caillou, entourée de gros têtards et alvins. Une petite chienne rousse s’approche et vient dormir non loin de moi, mais pas trop près quand même, on ne sait jamais ! Après notre pique nique dans les feuilles de bananier, on est un peu trop à l’ombre de ce côté ci de la rivière. C’est le moment que choisi un bateau avec trois adolescents dedans pour passer devant nous. A renforts de grands signes on parvient à se faire embarquer et déposer un peu plus loin sur l’autre rive. On a du caillou à escalader, c’est sérieux. Mais le Barbu fini par trouver la plage où il voulait aller et s’en va a ses occupations pendant que je lis les aventures de mon indien bedonnant qui traverse l’Inde en Royal Entfield. Alors que le soir tombe et que nos chances de nous faire ramener au village s’amenuisent (on ne peut pas longer la rivière pour rentrer : cailloux, falaises et jungle trop dense inaccessible) je commence à taper dans les gateaux du chti qui sont pourtant contre mon éthique alimentaire. On décide de se rapprocher le plus possible du village et on fini coincé par une falaise. On s’installe alors sur un gros caillou d’où on a une vue panoramique et où le péchor peut pécher. Alors qu’il vient de coincer à nouveau son fil, mais cette fois dans une installation d’un pêcheur local, notre ami Willy que l’on a rencontré deux soir plus tôt apparaît dans toute sa bonhommie sur une petite barque. Il rame tranquillou et vient libérer la ligne du Chti. Et lance un « you want to get back ? Or later ? ». Aussi simple que ça. Un peu plus tard il nous ramènera en nous posant des questions sur l’éducation en France, à quoi ressemble le Kirghizistan… et nous payera même un thé, malgré nos protestations pour débourser quelques roupies.

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Dawki-24 Déjeuner empaqueté dans une feuille
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Dawki-27 Un petit visiteurDawki-30Le soir tombe, nous faisons du stop-barque juchés sur un gros rocherDawki-31

Jeudi 10 décembre 2015 :

Ce matin notre poule de compagnie a encore frappé : après avoir tenté deux incursions aériennes, elle a fini par simplement prendre la voie royale en entrant par la porte avant de s’installer dans son coin de lit préféré pour pondre !

Pas gênée notre poulette !Umngot mobile-9

La voici en train de vocaliser dans un arbre, qui a dit que les poules ne volaient pas ? 😀Dawki-21La vue de notre cabaneDawki-22

Journée tranquille, entre thés et chana à notre tea stall préférée au bord de la rivière Umngot. On discute à nouveau pas mal avec le jeune, sa mère étant au marché à Dawki, comme la moitié du village aujourd’hui. Il nous dit qu’il est triste que l’on s’en aille.

Dernier diner à la cabane. Pouillu est là, à se gratter au pied de la table. La poule est dans son lit, elle dort, certainement sur un œuf. Wanti et son cousin viennent nous saluer, et les gens de l’église à côté se mettent à chanter, comme tous les soirs.

Notre guesthouse dans le village :

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Nous reprendrons la route le lendemain matin… un peu trop en avance car mon portable s’étant mis automatiquement sur le fuseau horaire du Bangladesh, différent de celui de l’Inde, on s’est retrouvés à attendre une jeep très tôt le matin avec la seule compagnie des poulets et des chiens.

Pour vous aussi glisser en souplesse sur la rivière Umngot, je vous invite à visionner ma petite vidéo !

Musique : Rubin Steiner – Que Bonita es la Vida

Nos aventures continuerons désormais dans le splendide état de l’Assam et l’une des plus grandes iles fluviales, grignotée par les flots impétueux du mythique Brahmapoutre.

Soyez de l’aventure en suivant le instagram !

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VIDEO: Meghalaya, piscines turquoises et ponts de racines

By 20 janvier 2016 Inde du nord, Vidéos

Depuis Darjeeling & Lava, nous partons découvrir notre premier état du nord est de l’Inde : le Megalaya. Nous avons entendu parler des « living root bridges » à Cherapunjee, ces ponts suspendus constitués de racines d’arbres qui évoluent encore et toujours.

Nous passerons quelques jours dans la jungle à la recherche de ces ponts, de piscines naturelles turquoises où se baigner et cascades impressionnantes. (Attention, ce film contient un effet spécial détonant !)

Si vous souhaiter en savoir plus, allez lire l’article en entier. 🙂

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