Je reste marquée par ma visite de Badrinath, village indien sacré situé sur un plateau à 3 500 d’altitude entourés de sommets himalayens, et à deux pas du Tibet interdit. Je partage aujourd’hui avec vous mes photos de Badrinath en argentique. J’ai capturé cette lumière, ces roches et cette immensité avec un plaisir infini… et du film Kodak Portra, l’un de mes favoris.
Si vous souhaitez (re)lire mon parcours pour arriver jusqu’à Badrinath depuis le sud de l’état de l’Uttarakhand en Inde du nord, c’est par ici.
Si vous voulez vous rincer l’œil sur des montagnes (ben quoi ?), restez-là et déroulez gaiement ! Je sais qu’il y a « trop » de photos mais à mes yeux c’est tellement splendide.
Jour 1 – arrivée en fin de journée à Badrinath
La rivière, le pont, le village et le fameux temple.Détail de la rivière, sous les sources d’eau chaude
Le temple, bannières au vent
Jour 2 – randonnée jusqu’au dernier village avant la frontière Tibétaine et une cascade sacrée
Quittant Badrinath à pieds
« Last indian village »… le sens le la formule !
Dans les rues de Manas
La vendeuse de pull-over
Potager montagnard
Un homme spirituel indien (les deux photos sont prises par mon Barbu) et la Rainbow waterfall
Nos yeux rêveurs se perdent dans cette eau d’un bleu glacier…
Et la grimpette commence sur un chemin de pierre, travail gargantuesque si proche des sommets.
Vent, soleil et lumière enchanteresse sur les glaciers et pentes herbeuses
Cascade de glace
La cascade Vasudhara qui chute de 122 m.
Au pied de la cascade, une nouvelle vallée s’ouvre sous nos yeux ébahis.
Chapeau pointu turlututu
Jour 3 – Montagne de Shiva et ballet aérien
Ici les randonneurs ne portent pas de gore tex
Coucou toi !
Avant de repartir, dernière visite au temple coloré
J’espère que ça vous a plu. En attendant, vive le grain, la chimie c41, aimez-vous les uns les autres et bonnes vacances !
J’ai décidé d’écrire cet article purement à titre informatif, comme un retour d’expérience en tant que végane après mes quelques mois en Inde du nord.
S’il paraît vraiment simple de manger végétarien en Inde, mais pour ce qui est de l’alimentation végétalienne, c’est à dire sans consommer aucun produit issu de l’exploitation des animaux à savoir : pas de viande (cela inclus le poisson, et oui, c’est un animal !), pas de produits laitiers, ni de miel.
Dans Inde du nord, j’inclus évidemment seulement les états que nous avons traversé lors de notre voyage au long cours à savoir : Delhi, l’Uttarakhand, le West Bengal, l’Assam, le Meghalaya, le Nagaland, Manipur et Tripura.
A propos du titre : j’utilise volontairement l’appellation « végane », une traduction francisée de l’anglais « vegan ». Cela correspond à l’alimentation végétalienne mais pas que, englobant également le fait de ne pas utiliser de produits issus de l’exploitation des animaux.
Le thé
du thé à Darjeeling
Indispensable et omniprésent en Inde, je vais commencer par celui-ci. C’est la partie « laitière » qui pose le plus soucis : en effet, dans pas mal d’endroit, le chai (thé) que l’on trouve partout, des petits étals de rue aux Tea Stall des sortes de mini restaurants, est au lait. Il coute en général 5 roupies et est servi dans des petits gobelets en papier, plastique ou même terre cuite. Il est parfois « masala » (c’est à dire avec un mélange d’épices) parfois pas, juste super sucré.
Mais dans les états d’Inde du nord-est, les « Seven Sisters », le « black tea » ou « red tea » est largement consommé et servi partout… et il est bon ! Souvent très sucré, les tea stalls proposent souvent des gâteaux pour manger avec ou un petit encas type « chana » (une sorte de mini salade de pois chiche). Le Barbu a voulu tester la version viandue de l’encas au Meghalaya et s’est retrouvé avec du cerveau de porc au petit dej’… bon appétit bien sur.
L’état de l’Assam (au Nord-est, donc) est le plus grand producteur de thé de l’Inde, c’était en sorte le « grenier à thé » des anglais sous l’empire colonial. Et dans l’état du Meghalaya, « l’écosse indienne », on trouve également des plantations autour de l’ancienne ville coloniale Shillong. Et il est délicieux !
Dans l’Uttarakhand et à Kolkata, impossible de trouver du thé noir dans la rue, par contre dans l’hôtel où nous avons fait notre volontariat ils proposaient du thé noir au gingembre, du thé à la « lemon grass » (une tuerie).
A Darjeeling il est bien sur possible d’avoir du thé noir ou vert (sans lait donc) mais il y a différentes gammes de prix ! (Ce n’est pas le chai de rue quoi).
Le petit-déjeuner
Dans l’Uttarakhand, on mangeait principalement des aloo paratha avec du mix veg au petit déjeuner. Traduction : un chapatti dans lequel un mélange pomme de terres, piments, herbes et autres trucs bons sont incorporés dans la pâte avant qu’elle soit étalée puis cuite, servie avec un mélange de légumes préparés je ne sais comment mais toujours très savoureux.
Un petit dej en Assam
Dans l’est de l’Inde, on a découvert le puri sabji : des sortes de chapatis très légers (la farine utilisée doit être différente) frits donc bien gras qui accompagnent un curry de pois chiches, pommes de terres et piments grillés. Parfois avec du gobi (chou fleur) ou d’autres légumes.
Il m’est arrivé de manger des chowmein (nouilles sautées aux légumes) au petit dej aussi.
Petit dej au Meghalaya
A Nongriat j’ai eu le droit à de délicieux porridges chauds aux fruits et cacahuètes. Et oui, c’était cuisiné à l’eau et non au lait.
Les plats
On aura mangé énormément de dahls cette année en Inde sans jamais se lasser. Les dahls, ce sont des sortes de soupes de lentilles, plus on moins épaisses que l’on verse sur le riz quand c’est très liquide ou que l’on mange avec des chapatis quand c’est la version plus épaisse (« dahl fry »). Parfois servis avec du beurre au milieu, il faut bien préciser « no butter » à la commande. Sinon il y a une variété impressionnante de plats de légumes vraiment délicieux sans viande ni fromage, un jeu d’enfant ! Il y a pas mal d’endroits où les gens cuisinent avec du Ghee, le beurre clarifié : quand vous avez un doute vous pouvez leur demander si votre plat sera cuisiné au ghee, et si oui leur demander d’utiliser de l’huile végétale (type huile de moutarde par exemple). Cela a du m’arriver une ou deux fois en 3 mois de devoir demander.
Un thali dans un petit resto local à Darjeeling avec mon pickle préféré : celui de radis !
Un coup de cœur aussi : plusieurs fois on nous a servi des currys avec de la fleur de banane, c’est très consistant et le gout est incroyable.
Une fleur de banane
Sur la route
Dans les gares ou pendant les trajets en bus, on mangeait soit des thalis dans les restos de bord de route, soit les fameux samosas TOUJOURS bons. Même dans la gare à 1h du mat, les samosas sont bon. L’encas magique. Dans pas mal de coins il y a aussi les pakoras, ce sont des patates râpées, du piment, une sorte de pate jetée dans la friture. Ou des piments dans une pâte puis frits. On a eu des pakoras à base de sortes d’algues et de jeunes pousses d’oignons dans l’état de Manipur aussi, bien croustillant. Moi ça m’a bien plu.
Image d’illustration : à quoi ressemblent les samosas indiens !
Et voilà à quoi ressemblent des pakoras.
Les fruits
C’est ce qui nous aura le plus manqué au final. On était hors saison des mangues (rooh) mais dans la saison des ananas. On a gouté des ananas pimentés bien mûrs au Meghalaya et ça déboite ! Dans la même région on avait également gouté du pomelo servi avec des morceaux de piment sec et du sel, ainsi que des oranges fraiches directement cueillies à l’arbre. En dehors de cet état c’était surtout bananes mais on fini par s’en lasser bien qu’elles soient goûtues. Sur les marchés au final on voyait surtout des fruits industriels : pommes et oranges calibrées entre autres et franchement ça ne donne pas envie!
Les snacks
Pendant les trajets en bus, bananes et samosa sont de rigueur, mais je suis également devenue une grande fan des chips industriels, super épicées et piquantes !
Lay’s est vraiment présent partout dans le monde…
Les desserts
Les régions que nous avons traversées ne sont pas trop « dessert », mais plus « pâtisseries très sucrées au lait » (surtout les bengalis). Malgré tout, nous sommes tombés amoureux des « longs » au Meghalaya, cette pâte croustillante autour et fondante au milieu, sucrée mais pas trop et frite mais pas trop grasse. Parfait avec le thé ! Sinon pour les pâtisseries parfois il y en avait au lait de cajou au lieu du lait de vache, vraiment bon. En demandant on en trouve des végane, mais souvent c’était quand même super sucré.
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On a découvert des samossas sucrés dans l’Assam et c’est franchement délicieux !
un spot de pique nique pas mal !
La junk food
Et oui parce qu’on aime tous les frites et les burgers, j’ai eu la joie de gouter le (végé) burger le plus pimenté de ma vie au Burger King! Il ont plein de junk food spéciale « VEG » en vert dans leur burger King j’aimerais tant y retourner aha
Nom nom nom
A l’aéroport de Kolkata j’ai également demandé une alternative originale dans mon plateau repas : au lieu d’épinards au fromage (palak paneer)… des frites !
Un thali-frites, une invention perso !
Donc au final, cela demande quelques précautions mais finalement le choix et la disponibilité de nourriture végane en Inde du Nord fait que cela est vraiment facile et agréable !
Mon Barbu n’étant pas végane et a mangé végétarien/végan pendant plusieurs mois sans ressentir de lassitude ni d’éprouver de manque. Les indiens savent très bien cuisiner de sorte à ce que l’on ne manque pas du tout de protéines : beaucoup de pois type pois chiche, les lentilles, le soja (des fois il y avait des sortes de boulettes de soja séchées qui gonflaient dans la sauce pendant la cuisson, au top !). Pour les fibres, avec tous les légumes que l’on a mangés on était au taquet ! Pour ce qui est des vitamines, minéraux, idem, on en trouve dans les légumes, fruits ainsi que les noix (j’ai mangé des tonnes de noix de cajou).
Je n’étais pas végane lorsque j’ai visité l’Inde du Sud mais je ne me rappelle pas y avoir consommé de la viande, par contre des produits laitiers type lassi (sorte de yaourt liquide, avec de la mangue c’est délicieux), et du paneer, le fromage indien (on en avait d’ailleurs gouté un artisanal à Gokarna).
La suite, en Thaïlande, on voyait surtout de la viande partout mais il est possible d’avoir pas mal de plats version végé donc au final c’était super simple il suffit de demander ! Et j’ai enfin pu remanger une glace noix de coco faite avec du lait de coco et des morceaux de coco ! Et des dragon fruits… et des mangues ! (La saison commence plus tôt qu’en Inde pour les mangues).
Si cela intéresse certains d’entre vous, je ferai un feedback sur le manger végane en Asie du sud-est après nos passages dans ce pays.
Après nos quelques jours à Cherrapunjee et nos explorations dans la jungle à la découverte des ponts en racines, nous retournons à Shillong la capitale du petit état du Meghalaya, tout au nord-est de l’Inde. De là, nous reprendrons un Sumo (jeep partagée) pour découvrir la rivière Umngot à Dawki, ville frontalière avec le Bangladesh. Nous avons juste vu quelques images des eaux transparentes de cette rivière et nous n’avons pas pu résister à l’idée d’aller nous aventurer là-bas.
Dimanche 6 décembre 2015 : De Cherrapunjee à Dawki
Jour de trajet. Après un café au soleil avec Anette, la dame danoise qui s’occupe de l’hostel By The Way à Cherapunjee pendant l’absence d’Heprit, nous prenons la route avec Simon le suisse jusqu’à Shillong. Si l’on ne met pas trop de temps à remplir la jeep et partir de Cherrapunjee, une fois à Shillong ce n’est pas la même. C’est dimanche, et on poireaute deux heures et demie avant que la jeep pour Dawki soit remplie. Après deux heures et demies supplémentaires de routes à virages au milieux de paysages splendides, nous descendons la montagne et admirons plus près que jamais les plaines du Bangladesh. Nous traversons la fameuse rivière Umngot qui tient ses promesses : l’eau est vraiment cristalline ! Au moment d’entrer dans le village nous apercevons les cousins, nos deux compères indiens qui étaient aussi chez Byron à Nangriat. Ils nous disent qu’ils n’ont pas trouvé d’endroit pour dormir et repartent à Shillong, mais eux ont quand même passé la journée ici.
Nous allons nous mettre quelque chose sous la dent accompagné par un jeune homme qui dit vouloir nous aider mais à part débiter un flux de paroles plus ou moins cohérentes il ne se montre pas vraiment utile dans notre quête d’informations. Le patron du restaurant nous glisse qu’il est saoul, qu’il faut arrêter de lui parler et donne des infos au Barbu. Moi je poiraute avec les sacs et le poivrot. On cherche un véhicule pour aller au village de Snongpend (pronconcez Snongue-prleng). Il est situé plus haut sur la rivière dont nous a parlé la dame de l’office du tourisme et notre cher Along à Cherrapunjee. Mais c’est dimanche, peu de véhicule, une voiture part, déjà chargée à craquer. Le Chti va donc, sur le conseil d’un petit vieux avisé, à la resthouse du gouvernement, une maison verte au dessus de la route après moultes marches.
Where do you come from ?
Do you have a passport ?
(il grogne). OK. You can stay.
Une fois les sacs déposés dans la chambre, nous nous dépêchons pour ne pas manquer le coucher de soleil sur la rivière Umngot mais c’est juste ! Au bord de l’eau il y a des dizaines de barques fines en bois. Un monsieur s’assoit à coté de nous, discute, nous propose de louer sa barque, il va faire nuit donc non, il rediscute. Et nous dit que la frontière du Bengladesh est « juste là ». Il peut nous emmener. Je pense qu’il entend qu’il faut traverser la rivière mais non… il nous emmène à côté des barques. Il y a deux militaires, un en armes.
Coucher de soleil sur le Bangladesh et la rivière Umngot
Le supérieur des militaires discute avec nous, nous dit que l’on peut aller acheter des « snacks » aux bengalis amassés là avec leurs petits stands. Ils nous accueillent avec d’immenses sourires et nous font gouter de sortes de grosses cerises confites mais salées et pimentées, on leur prend un cornet et repassons de l’autre côté du caillou. Les militaires veulent prendre des photos avec nous, et sont ravis de nous parler. Le chef nous accompagne ensuite au « centre ville » et nous indique un restaurant ouvert le dimanche (et oui, le Meghalaya est majoritairement Chrétien, les missionnaires s’en sont donnés à cœur joie, même si certaines personnes dans les villages sont restées animistes). On va boire un thé chez le premier restaurant et remercier le patron pour son aide, puis nous installons dans la rue en attendant d’avoir faim. Le chef des militaires repasse par là, et un autre poivrot se jette sur nous. Son acolyte, qui ne tient vraiment plus debout chante accroupi près du fossé. Après de multiples assauts du premier brave homme imbibé qui veut que l’on aille chez lui, nous finissons par nous échapper en allant au restaurant. Pas vraiment de choix, d’autant plus quand on ne mange pas de viande : ça sera riz et dal (lentilles au cumin) et chana (poids chiches). Dans le coin je risque d’avoir un régime basique. Le Barbu a droit à un bout de poisson frit qui n’a absolument aucun gout (d’ailleurs au début il ne savait que c’était du poisson). Mais le Dal, le Chana et les piments sont bien bon !
Alors que l’on s’assoit sur un muret devant la government resthouse, quelqu’un saute subitement sur le Barbu… oh non, notre poivrot est de retour. A un moment, mon Chti lui dit en français :
«C’est bon t’as fini de me toucher avec tes mains sales là ? »
Et l’autre qui répond, au tac au tac :
« No ! »
Evidemment, on se marre. Je rentre à la chambre, « surveillée » par le moustachu méfiant, et protégée par des barreaux partout. Une protection contre les imbibés de l’alcool du coin? En tous cas ce village fait très « western ». Demain, ça sera lundi, et on trouvera une voiture pour aller à Snongpdeng.
Lundi 7 décembre 2015 : Snongdpeng
Taxi trouvé, malgré un chauffeur qui essaye de nous entuber sur le prix. La route se couvre progressivement de bosses, trous, cailloux. Nous arrivons en cahotant au village après avoir perdu une fesse dans la bataille et nous trouvons devant un plan : apparemment il y aurait un homestay en bas du village, juste au bord de la rivière Umngot et un autre au bord de la route. Pas d’hésitations ! Nous traversons le village par des petites allées bétonnées et escaliers, c’est tout à fait charmant il y a même des chainettes le long du chemin. Les habitants des jolies maisons, certaines en béton coloré, d’autres en bois, nous saluent, les enfants nous gratifient de sonnants « HELLOOO ! Bye Bye ! » et nous finissons par trouver le homestay, une cabane en bois toute neuve sur deux étages. C’est mignon comme tout. On négocie avec le patron et nous voici installés pour trois ou quatre nuits. Alors que sa femme change les draps et passe un coup de balais, voici une poule qui sort de la chambre en gloussant, le balais à ses trousses ! Elles s’envole depuis le balcon et la femme sort la tête de la chambre avec deux œufs dans les mains. Voici qui n’est pas commun. Le Barbu qui est parti faire un tour dans les environs en revient enchanté, et nous allons manger un riz-chana-thé (ce que je suppose être notre régime pour les jours à venir) au petit tea stall au bord de la rivière.
L’après midi, il partira en exploration avec sa canne à pêche et se trouvera une jeune accolyte qui le déposera en barque avant d’aller jouer au foot avec les ados du villages tandis que je me reposerai puis irai faire une lessive dans un bras de rivière. J’ai rarement vu aussi belle machine à laver.
Le village
La rivière Umngot <3
Le riz, les poids chiches (chana) et les piments grillés… un délice !
Le soir, nous allons voir le match de foot au village. Il y a 30 à 34 joueurs sur le terrain sur un petit champs, c’est plutôt comique. Puis, lorsque la nuit tombe, nouveau riz-chana-piments-thé mais cette fois au thé stall au bord de la route, au son de la musique jouée par les voitures des jeunes qui font taxi. Au Meghalaya les gens parlent plutôt bien anglais, car ils n’apprennent pas l’Hindi à l’école, mais le Khasi (la langue locale) et l’anglais. On peut donc discuter facilement avec les autres clients ce soir là.
Une fois au lit, nous sommes surpris d’entendre des chants… ça doit être à l’église, mais des chants d’église au coucher on n’avait encore jamais vu.
Mardi 8 décembre 2015 : Où est Wanti ?
Le vent souffle toujours ce matin. Je me réveille au son des cocoricos. Petit déjeuner au tea stall, journée toute en lenteur. Les enfants nous saluent, les femmes sourient, on discute. L’après-midi, nous devons retrouver Wanti pour qu’il nous emmène plus haut sur la rivière Umngot avec sa barque, vers les « rapides ». Mais il est introuvable… Sa mère nous dit qu’il est parti de l’autre côté, sur la plage vers les tentes canadiennes, pour aller couper du bois. On l’attend sur la plage. Il est 15h, le soleil a arrêté de cogné, il est passé derrière la colline. Je me plonge dans mon bouquin, assise sur un rocher, puis voilà son cousin qui arrive. Il fait de grands signe au Barbu et lui dit d’attendre. Quelques instants plus tard, voici Wanti qui arrive. Ils déchargent l’embarcation de son bois et de fruits de palme, puis nous dit de grimper. Nous voici en train de glisser sur cette eau sans remous, et dont on voit le fond. Cela doit être encore plus impressionnant avec le plein soleil. J’observe les poissons, les plages au bord de la rivière, la forêt dense et toutes ces formes de feuilles qui se mêlent. Le bateau avance lentement, à la rame. Après une bonne vingtaine de minutes, nous atteignons la petite chute d’eau entourée de gros rocher. Nous débarquons et escaladons ces immenses blocs pour trouver un coin propice à la pêche. Il s’agit d’un gros caillou au milieu de la rivière. Pour le rejoindre, il faut marcher sur un tronc d’arbre et escalader des bambous installés là, le tout au milieu d’un fort courant. De là, nous pouvons voir des poissons énormes… mais peu intéressés par des leurres en plastique, heureusement pour eux. S’ils sont devenus aussi gros, c’est surement car il sont assez malins pour ne pas se faire attraper par les nombreux pêcheurs du villages qui posent des lignes partout !
Nos deux jeunes amis nous abandonnent pour aller jouer au foot, et disent qu’ils viendront nous chercher dans une heure. Il ne vont pas nous la faire à la guide kirghize, Wanti était bien venu rechercher le Barbu la veille.
Je me trouve un bon rocher pour reprendre ma lecture, puis commence à avoir froid. L’humidité de la rivière et la nuit tombante n’y sont pas pour rien. Notre Chti national, lui, a trouvé un nouveau rocher d’où sauter. Pour le hisser de l’eau depuis les roches glissantes, je dois le tirer avec un bâton, notre équipée fonctionne bien. Nos amis arrivent avec la tombée de la nuit. C’est donc dans la quasi obscurité que nous ferons notre retour. Lumière basse et eau noires. Quelques pêcheurs avec des lampes. Des mots échangés en Khasi de barque à barque. Débarquer dans le noir à la lueur du téléphone, en prenant garde de ne pas glisser sur les rochers.
reflets
Ce soir, nous avons accepté de prendre à manger au homestay. Vers 18h30 (il fait déjà nuit noire) la mamie et sa fille arrivent les bras chargés de plats. Du riz, du chou et des patates cuisinés, du dal aux fleurs de bananiers, du pickle maison et des carottes et concombres crus découpés. Un régal ! Et nous pouvons nous resservir deux fois. Après quelques jours de régime riz-chana, un peu de diversité nous ravi l’estomac !! C’est le ventre bien bombé que nous irons nous abriter du vent sous les couvertures.
Mercredi 9 décembre 2015 : barque-stop
Cocoricos. Vent. Faim de loup. Nous partons faire la tournée des tea stall afin de remplir nos estomacs vides. Grosse portion de riz-chana pour moi, biscuits secs trempés dans le thé au lait pour le Chti. Miettes dans la barbe. Ronchonchons.
Nous redescendons dans le village nous fournir en provisions pour éviter les matins affamés et faisons une pause au bord de la rivière, suivi par le chien pouilleux et un grand noir et fauve. L’eau est verte, turquoise, toujours aussi translucide. On observe poissons et têtards. Un peu plus haut, une femme fait la lessive. En face, des jeunes et leurs paniers s’enfoncent dans la jungle pour aller y couper du bois. Le vent, qui s’est calmé, fait danser les bambous.
J’ouvre la porte de la chambre et y déloge une fois encore la poule rousse qui aime bien pondre sur le lit de droite. D’un « cot cot codec » outré, elle ne demande pas son reste et prend la poudre d’escampette par la porte d’entrée.
Aujourd’hui, on part en excursion sur la rivière Umngot. Dans notre tea stall préféré nous trouvons une bonne âme qui accepte de nous déposer sur une plage en échange de son riz-chana et de son thé du matin. Il nous dépose donc sur une rive, le Chti s’active à débusquer les poissons Khasis tandis ce que je fais un brin de lessive sur un caillou, entourée de gros têtards et alvins. Une petite chienne rousse s’approche et vient dormir non loin de moi, mais pas trop près quand même, on ne sait jamais ! Après notre pique nique dans les feuilles de bananier, on est un peu trop à l’ombre de ce côté ci de la rivière. C’est le moment que choisi un bateau avec trois adolescents dedans pour passer devant nous. A renforts de grands signes on parvient à se faire embarquer et déposer un peu plus loin sur l’autre rive. On a du caillou à escalader, c’est sérieux. Mais le Barbu fini par trouver la plage où il voulait aller et s’en va a ses occupations pendant que je lis les aventures de mon indien bedonnant qui traverse l’Inde en Royal Entfield. Alors que le soir tombe et que nos chances de nous faire ramener au village s’amenuisent (on ne peut pas longer la rivière pour rentrer : cailloux, falaises et jungle trop dense inaccessible) je commence à taper dans les gateaux du chti qui sont pourtant contre mon éthique alimentaire. On décide de se rapprocher le plus possible du village et on fini coincé par une falaise. On s’installe alors sur un gros caillou d’où on a une vue panoramique et où le péchor peut pécher. Alors qu’il vient de coincer à nouveau son fil, mais cette fois dans une installation d’un pêcheur local, notre ami Willy que l’on a rencontré deux soir plus tôt apparaît dans toute sa bonhommie sur une petite barque. Il rame tranquillou et vient libérer la ligne du Chti. Et lance un « you want to get back ? Or later ? ». Aussi simple que ça. Un peu plus tard il nous ramènera en nous posant des questions sur l’éducation en France, à quoi ressemble le Kirghizistan… et nous payera même un thé, malgré nos protestations pour débourser quelques roupies.
Déjeuner empaqueté dans une feuille
Un petit visiteurLe soir tombe, nous faisons du stop-barque juchés sur un gros rocher
Jeudi 10 décembre 2015 :
Ce matin notre poule de compagnie a encore frappé : après avoir tenté deux incursions aériennes, elle a fini par simplement prendre la voie royale en entrant par la porte avant de s’installer dans son coin de lit préféré pour pondre !
Pas gênée notre poulette !
La voici en train de vocaliser dans un arbre, qui a dit que les poules ne volaient pas ? 😀La vue de notre cabane
Journée tranquille, entre thés et chana à notre tea stall préférée au bord de la rivière Umngot. On discute à nouveau pas mal avec le jeune, sa mère étant au marché à Dawki, comme la moitié du village aujourd’hui. Il nous dit qu’il est triste que l’on s’en aille.
Dernier diner à la cabane. Pouillu est là, à se gratter au pied de la table. La poule est dans son lit, elle dort, certainement sur un œuf. Wanti et son cousin viennent nous saluer, et les gens de l’église à côté se mettent à chanter, comme tous les soirs.
Notre guesthouse dans le village :
Nous reprendrons la route le lendemain matin… un peu trop en avance car mon portable s’étant mis automatiquement sur le fuseau horaire du Bangladesh, différent de celui de l’Inde, on s’est retrouvés à attendre une jeep très tôt le matin avec la seule compagnie des poulets et des chiens.
Pour vous aussi glisser en souplesse sur la rivière Umngot, je vous invite à visionner ma petite vidéo !
Musique : Rubin Steiner – Que Bonita es la Vida
Nos aventures continuerons désormais dans le splendide état de l’Assam et l’une des plus grandes iles fluviales, grignotée par les flots impétueux du mythique Brahmapoutre.
Depuis Darjeeling & Lava, nous partons découvrir notre premier état du nord est de l’Inde : le Megalaya. Nous avons entendu parler des « living root bridges » à Cherapunjee, ces ponts suspendus constitués de racines d’arbres qui évoluent encore et toujours. Cette curiosité se trouve au sud de Shillong, la capitale de l’état, à la frontière nord du Bangladesh.
Pour les flemmards de la lecture, la VIDEO c’est par ici ! 😉
Lundi 30 novembre 2015 : en route pour le Meghalaya
Nuit compliquée pour moi dans le sleeper, alors que les deux derniers trains de nuit j’ai dormi comme un bébé avec mes boules quies et la capuche sur les yeux, cette fois, ça ne fonctionne pas. Nos voisins sont évidemment super bruyants et je crois que mes boules quies ont énormément perdu de leur efficacité. Le Barbu discute avec un monsieur qui nous renseigne en fumant à la porte du train, mais il oublie de lui faire confirmer la station et nous nous trompons de gare. Elle est petite et propre, ce qui est très étrange pour une gare de capitale d’état. Normal… ce n’est pas la bonne. Nous réaliserons vraiment cela que lorsque l’auto que nous avons engagé (200 Rp arrrrghhh) nous conduit à la bonne gare après 45 bonnes minutes de zigzag dans la ville et les bouchons. Bon finalement on est quand même au bon endroit pour prendre un bus ou jeep partagée (« sumo ») pour Shillong la capitale du Meghalaya. Après avoir fait le tour des comptoirs de bus on nous dit qu’il n’y a plus de bus qu’ils sont tous déjà pleins, on va donc au comptoir des sumo où on finit de compléter une jeep et partons sur le champ. La route pour Shillong est une sorte d’autoroute qui ne fait que monter en serpentant, les gens ne klaxonnent quasiment pas et le Barbu se découvre une nouvelle passion culinaire pour les sortes de galettes de purée de patate aux piments frites lors d’une pause. Le lac-barrage avant Shillong est très beau, entouré de forêts. Nous arrivons en ville où nous sommes déposés on ne sait pas trop où, nous marchons donc jusqu’à le découvrir, essayons l’auberge de jeunesse sur laquelle on tombe par hasard mais c’est plein (et le réceptionniste est tellement pas sympa !) mais au moins on a un point de repère. On longe le lac du centre ville, très mignon et propre, avec les ados qui font du pédalo dessus. Après de nouvelles péripéties d’hôtels complets ou trop chers, le Barbu nous dégotte un joli hôtel dans le « police bazard » (le centre ville, beaucoup moins charmant) où nous aurons une chambre moitié prix sur un bungalow en bambou sur le toit, avec lit confortable et douche chaude. Et on en a bien besoin, mon dernier passage à l’eau remontant à Darjeeling et le seau d’eau bouillante dans la salle de bain à 4°C.
Une fois installés nous allons voir la dame de l’office du tourisme, très aimable et serviable qui nous renseigne un peu plus et confirme quelques choix pour notre itinéraire dans le Meghalaya. Ces états du nord est étant encore peu touristiques, il est parfois compliqué de trouver des infos à jour et intéressantes. Nous voilà fixés, demain, nous irons bien à Cherapunjee, voir ces fameux « root bridges » : des ponts « vivants » en racine et des paysages apparemment incroyables.
Mardi 1er décembre 2015 : Cherapunjee
Nous nous réveillons dans la cabane en bambou avec les rayons du soleil et après un petit déjeuner nous sortons au police bazar pour dégoter un bus. Evidemment les gens que nous croisons nous disent que les bus sont partis à 8h, et veulent nous emmener en taxi pour 1 200 RP (le bus c’est 40 Rp pour comparaison). Une femme d’un couple de backpackers indiens me demande où je veux aller, je lui demande où elle veut aller, et c’est la direction opposée. On tourne en rond entre les guichets, pas d’info. Alors que l’on se retrouve à nouveau encerclés de taxis qui nous proposent des prix indécents, la baroudeuse indienne revient vers moi et me dit : pour les jeep partagées (sumo), il faut aller à bara bazard, ça sera 70 Rp. Le guichet des jeeps pour Cherapujee est au premier étage. Pour aller à bara bazard vous pouvez prendre un bus depuis le rond point ça sera 10 Rp. Et elle s’en va ! Notre sauveuse !!
On suit donc ses indications, sautons dans le premier bus que l’on trouve et nous voici à « bara bazar », une longue rue. On demande aux gens où est le Sumo counter, certains ne savent pas et pointent le bras vers une direction aléatoire après avoir fait une moue. Et oui, l’indien ne dit pas « désolé, je ne sais pas », il ne dit rien et pointe son bras dans une direction. Et n’espérez pas avoir plus d’informations du genre « prenez la seconde rue à droite » ou une idée de distance. Il faut donc demander à plusieurs personnes, quand vous avez plusieurs bras qui se tendent dans la bonne direction, foncez, et redemandez votre chemin régulièrement jusqu’à enfin, vous trouver devant, pour notre cas, un immense parking avec un étage, rempli de jeeps jaunes. Il nous faut monter au premier étage par la rampe des voitures, aux côtés d’hommes qui portent des sacs en toiles à la force de leur tête (et oui, ça a l’air lourd).
Une fois les taxis pour notre destination trouvés, nous devons en laisser partir deux qui était déjà quasi pleins mais qui n’avaient pas de barres sur le toit pour mettre les sacs à dos. Alors que nous patientons, Etienne se fait inviter à s’asseoir par une femme qui vend des oranges. Malgré la barrière de la langue, elle lui pose des questions, essaye de communiquer, loin d’être farouche comme la plupart des femmes indiennes dans d’autres états (pas au West Bengal non plus, j’en conviens). Alors qu’il s’est trouvé une nouvelle vocation en vendeur d’orange dans un parking de jeeps jaunes, nous devons y aller, une mamie essaye de nous piquer une place sur la deuxième banquette de la voiture. Non mais ho !
Nous voici donc partis, et après avoir quitté les rues pentues et embouteillées de Shillong nous revoici dans la nature. Le début du trajet est entouré de camps et villes militaires, puis viennent les rizières, les carrières et enfin le premier « canyon », qui s’ouvre sous nos yeux. La route est en excellent état, mais alors que nous arrivons plus haut en altitude la brume et les nuages nous bouchent les paysages plus montagneux. Nous arrivons finalement à Cherapunjee, on nous dépose au marché. A peine descendus on part à la recherche d’un restaurant avec aucune idée de l’où on va dormir… et nous croisons deux occidentaux barbus. L’un qui a l’air de bien connaître le coin nous indique des restos… et finalement l’endroit où ils dorment, le repaire de backpackers du coin, apparemment. Et tiens voilà le patron qui est là, l’air bonhomme, des dreadlocks sur la tête. Il s’appelle « Abred » et est né dans le village, voici trois ans qu’il a crée sa guesthouse « by the way » où la nuit est à 250 Rp par personne !
Nous nous entassons donc comme des sardines dans un petit taxi avec d’autres passagers et dix roupies plus tard nous voici à la guesthouse. Comme le patron est encore au marché, nous déposons nos sacs, partons à la recherche de nourriture et visitons le village.
Le village est très sympa, ce côté un peu au milieu de nul part mais la brume nous empêche d’avoir un horizon trop lointain. Nous retrouvons nos compères, deux israéliens dont l’un est ici depuis presque un mois, le second a fait à peu près le même parcours que nous Inde-Népal-Inde ainsi qu’un suisse allemand qui est aussi tombé amoureux du lieu près des ponts en racine et veut à nouveau y retourner. Cela s’annonce de bon augure ! Après un restau tous ensemble, nous allons nous cailler / coucher. Demain, la nature.
Quelqu’un qui fait sécher quelque chose
Mercredi 2 décembre 2015 : les ponts vivants
Réveillés par le froid et le soleil, nous prenons un petit déjeuner avec nos compères dans une Tea Stall fait un délicieux thé de Shillong (nous avons aperçu quelques plantations sur la route) et un bol de gras et cervelle de porc pour le Chti…
Along qui est ici depuis un mois nous emmené acheter les succulentes sucreries que nous avons gouté la veille : il s’agit de pate et de sucre liquide, après les secrets de la recette je ne les connais pas mais c’est croustillant, moelleux et étonnamment pas très sucré !
Après cela, on se retrouve tous au bord de la route : Simon le Suisse doit aller réserver un billet de train à Shillong, un de nos israélis s’en va vers le nord, nous partons dans le village des root bridges et Along reste au village pour ses cours de vannerie.
Nous traversons un charmant village avant d’arriver à la fin du plateau, qui se finit abruptement parfois en falaises rocheuses, parfois en pentes très raides recouvertes de jungle. Au loin, nous devinons les plaines du Bangladesh et ses rivières. C’est bien plus bas : ces plaines se situent à -300 m du niveau de la mer et le sommet de notre plateau à 1000 m environ, autant vous dire que la route est constituée exclusivement de lacets !
On nous dépose dans un petit village : d’ici on a trois kilomètres à marcher avant de trouver les marches qui descendent jusqu’aux ponts vivants en racines. Le paysage est sublime, la diversité de plante incroyable et les gens que nous croisons nous saluent, souriant et nos posent quelques questions. On est un sur un petit nuage !
Mais ensuite, ça se corse : les terribles marches pour descendre au village de Nongriat dans la jungle ont raison de nos genoux !
Au début, c’est pente douce, mais ça ne dure pas longtemps ! Des papillons partout Ce n’est malheureusement pas la saison des orchidées (on ne peux pas tout avoir !)
La végétation luxuriante
Mais lorsque nous arrivons en bas nous avons quelques surprises de taille :
Des ponts suspendus… et un premier pont en racines Je fais genre mais en vrai je ne suis pas fière… ça bouge ! Et ça remonte
De nouveaux ponts :
Après ces obstacles mouvants, plus que quelques marches (à monter, maintenant) et nous voici à la homestay de Byron, sa femme et leurs 5 enfants. Nous sommes accueillis par sa femme qui nous attribue une chambre, puis après un repas de nouilles sautées nous partons à la recherche de ses fameuses « swiming pool » : des bassins d’eau turquoise formés par des rochers le long de la rivière. Nous marchons sur un petit chemin bétonné entouré de jungle, des papillons colorés nous tournent autour… on a l’impression d’être dans le jardin botanique parfait.
Rejoindre les piscines naturelles s’avère ardu : après avoir traversé deux ponts suspendus, un en métal, un en racines c’est une véritable partie d’escalade et de contorsion entre les rochers qui s’opère pour rejoindre les piscines plus en aval. Nous ne parviendrons qu’à la seconde, la troisième étant juste parfaite, mais aussi parfaitement inaccessible sans prendre de risques inconsidérés. Ce n’est que partie remise !
Le soir nous rencontrons Byron et nos nouveaux compagnons de homestay, un couple qui est arrivé dans le noir, émotions fortes garanties sur les ponts suspendus de nuit pour Christina qui a le vertige. La nourriture est délicieuse et abondante, et nous faisons plus ample connaissance avec le fameux Byron, hôte de ces lieux, un bien intéressant et curieux personnage ! Il nous parle un peu plus des gens de la tribu Khasi, prédominante dans cette partie du Meghalaya. Ils viendraient de nord thailande et étaient des guerriers. C’est une société matriarcale, ce qui est une exception en Inde : en effet, les terres et le nom de famille sont conservées par les femmes, car elles vivent plus longtemps et risquaient moins de mourir dans une guerre des clans. De plus, les terres et la maison reviennent à la fille cadette de la famille. Lorsqu’un homme Khasi épouse une femme, c’est lui qui doit déménager dans le village et la maison de sa promise et non le contraire !
Jeudi 3 décembre 2015 : la rainbow waterfall
Après un copieux petit déjeuner, nous prenons notre packed lunch auprès de l’adorable femme de Byron et nous voici partis en compagnie de Nikkil, il est indien mais a grandi dans le sud de la France puis a vécu aux USA avant de s’installer en Inde. Sa compagne Christina, est originaire du Nagaland et danseuse expérimentale (et trop choue !!). Je sais ça fait un peu Jean-michel, 59 ans électricien dans le Loir-et-Cher mais ce sont deux personnes super sympathiques et intéressantes. Nous visons la Rainbow fall, une cascade ainsi nommée car elle produirait un joli arc en ciel lorsque le soleil s’en mêle. Sur notre route néanmoins nous apercevons une piscine d’eau turquoise facile d’accès. Il fait gris mais tant pis, on se jette à l’eau. Nos deux comparses étant un peu fatigués de leur arrivée nocturne de la veille rebrousseront chemin alors que nous continuons notre ascension jusqu’à cette fameuse cascade… qui en cache en réalité plusieurs.
Encore des root bridges
Dans la forêt Tiens donc…Voilà !elle n’est pas chaude non plus 😉
Après un bon déjeuner et quelques plongeons pour le Barbu, nous reprenons le chemin dans la forêt, saluant les travailleurs qui l’entretiennent, à la force de leurs bras et de quelques outils. Nikkil et Cristina rebroussent chemin, il est encore un peu malade.
Si papillon il y a… voici un cocon. Les escaliers artisanaux En voilà une sacré cascade…
On fait nos photos d’indiens, pour de rire.
Le déjeuner
Sur la route du retour, entre le pont en racine et le long pont suspendu en métal, il y a également un petit pont en bambou créé directement sur l’arbre qui enserre de ses racines le massif caillou noir central. Allongés sur ce cailloux, nous observons un bien curieux ballet aérien : des dizaines et dizaines de libellules volent en tous sens d’une façon qui nous semble aléatoire. Nous découvrons leur capacité de faire des virages et demi-tours secs, c’est impressionnant.
Perchés sur le caillou
Le soir, c’est une grande tablée qui se partagera le repas préparé par Violetta et Byron : riz, pommes de terres et haricots, boules de soja en sauce, dal, pickle de radis, pickle de mangue, petits piments verts… un véritable festin !
Nous nous endormirons bercés par les chants de Byron à la guitare et l’orage qui gronde avant de déverser ses gouttes sur notre toit métallique…
Vendredi 4 décembre 2015 : le village voisin
Aujourd’hui nous décidons de nous rendre au village voisin, à une demi-heure de marche dans la jungle, sur un magnifique sentier, tapissé de feuilles. Evidemment, il y a encore des escaliers, mais ceux ci sont faits de pierres. Cette jungle est incroyablement belle et riche, parfumée de l’odeur fraiche de la terre forestière, du humus, de fleurs aux fragrances qui ressemblent au chèvrefeuille et parfois des notes d’agrumes. Il y a en tellement qui poussent ici. Avec nos deux compères de la veille, nous descendons les centaines de marches qui mènent du village à un double pont suspendu métallique et de là partons à la recherche d’une nouvelle piscine naturelle pour profiter de ce magnifique soleil de décembre. Une fois nos mollets rudement mis à l’épreuve, nous escaladons les énormes blocs de roche pour trouver un lieu de baignades. Après quelques acrobaties nous trouvons un nouveau bassin d’un joli bleu, tout en longueur. Je me jette dans l’eau cristalline la première alors que les autres lézardent au soleil la clope au bec.
Encore ds marches ! Un double pont suspendu
Et la piscine !
Mais après un moment, il faut bien remonter toutes ces marches, Nikkil et Christina doivent retourner à la civilisation cet après midi, nous nous séparons donc au village après des au revoirs « swety ». Alors que nous discutons avec des enfants devant une maisonnette au cœur du village, nous demandons à l’un d’entre eux de nous indiquer la voie vers le pont et la « rocky river ». Il nous accompagne volontiers, communiquant avec d’autres enfants dans la forêt par des cris qui ressemblent à ceux des singes. Nous marchons dans cette joyeuse cacophonie de cris d’enfants qui se répondent et finissons par tomber sur un petit groupe de ces bambins qui accompagnent une femme partie chercher de l’eau dans un des nombreux réservoirs disséminés dans la montagne. Un bambin cul nu est fasciné par le Barbu, il ne le quitte pas du regard et se marre. Notre petit guide nous emmène sur le pont suspendu et de là nous apercevons les gens du villages assis sur les pierres de ce qui doit être un torrent lors de la saison des pluies. Nous les saluons depuis le pont et accompagné du petit garçon, descendons les saluer de plus près. L’homme le plus agé parle bien anglais et discute avec nous alors que le Barbu se voit offrir une noix de bétel. Nous passons quelques temps avec le petit groupe avant de repartir sur le chemin de Nongriat. Notre guide nous montre un essaim d’abeilles dans un arbre et nous montre plein de végétaux, arbres et fruits en nous donnant leur nom en Khasi, le langage du coin. Un véritable petit botaniste ! Il nous accompagne jusqu’à la sortie du village et nous le quittons après une bonne poignée de main.
Notre petit guide a le sweet jaune
De retour à notre village
De retour à Nongriat nous nous jetons sur un plat de chowmein, affamés et relatons nos découvertes du jours avec Byron.
Samedi 5 décembre 2015 : on a trouvé notre piscine
Ce matin nous faisons un point budget et effectivement, on est à court de cash, on a même pas assez pour payer notre séjour il nous manque une centaine de roupies. Le couple d’israéliens nous avancent et nous leur laisserons un billet au By The Way à Cherapunjee. Nous devons donc repartir aujourd’hui. Nous décidons alors de finalement accéder à cette piscine naturelle turquoise que nous avions repéré le premier jour mais impossible d’y accéder. Grace à quelques infos récupérées ça et là, des incursions dans la forêt et l’aide providentielle d’un local, on parvient finalement à cette piscine tant convoitée ! Problème : on est samedi et le week-end, le village est littéralement envahi par des hordes de touristes indiens. Et là il y a tout un groupe sur un rocher au dessus de la petite cascade qui, comme nous il y a trois jours, cherche un moyen de descendre. Et je n’ai pas envie de faire bête de foire en maillot de bain, l’irlandaise que nous avions croisé lors de notre descente des marches nous avait que le samedi elle avait eu à s’abriter de hordes de paparazzis en goguettes. Et oui une occidentale en bikini c’est le degré ultime de la photo de l’indien voyeur. Et si il peut en plus incruster sa tête en selfie au premier plan c’est le gral du selfie.
La voilà ! Une autre un peu plus bas
Tadam !
Une fois que la voie est libre, nous pouvons enfin nous glisser dans cette eau turquoise. Aujourd’hui le soleil tape fort et l’on sèche en une fraction de seconde, toujours entourés de papillon curieux. L’un s’est mis en tête de butiner les fleurs de ma robe.
De retour chez Byron, nous faisons nos sacs, discutons un peu avec lui et c’est parti pour la montée des marches (pas celles-ci). Et ici pas besoin de tenue de soirée, car vous allez en suer ! Nous sommes impressionnés par le nombre de touristes indiens que nous croisons, des hordes d’ados habillés comme s’il allaient sortir en boite, une fille en talons (compensés mais quand même) qui a traversé les ponts suspendus. Et des mecs locaux qui comme nous montent… mais avec des énormes morceaux d’arbres sur le dos. On dirait du bois précieux certainement pour faire des meubles. Une fois en haut des marches il nous reste à remonter la route jusqu’au croisement ou nous pourrons trouver un véhicule pour remonter à Cherapunjee où nous attendent douche chaude, repas copieux et froid de canard.
Pour la suite, nous avons prévu d’aller nous cacher dans un autre petit village le long d’une rivière aux eaux transparentes, juste collé à la frontière Bengalaise. L’état du Meghalaya ne manque décidément pas de merveilles !
Suite à nos quelques jours à Darjeeling dans le West Bengal en Inde, nous sommes partis à la recherche d’un endroit plus calme et dans la nature, c’est alors que nous est venue l’idée de nous rendre dans le village de montagne de Lava, à la même latitude que Darjeeling mais en dehors des grands circuits touristiques. Ce carnet de voyage fait aussi office de carnet de notes littéraires en son milieu, ne me demandez pas pour quoi, c’est comme ça.
Si vous avez un peu de temps devant vous pour lire c’est par en dessous sinon n’hésitez pas à aller voir (ou revoir) ma vidéo « Darjeeling & Lava« .
Vue depuis le village, un chien dormeur et un coq chanteur dans ses rues calmes.
Samedi 28 novembre 2015 : Darjeeling to Lava
Nous faisons nos adieux au papi de la guesthouse avant de descendre Darjeeling avec les sacs à dos à la recherche de la gare des jeeps collectives. Nous devons en prendre une d’abord pour Kalimpong, autre ville importante du Gorkhaland puis nous verrons là-bas comment rejoindre le village qui ne sera plus qu’à 36 km en théorie. Coup de chance, nous arrivons pile poil pour compléter les deux derniers sièges d’une jeep et partons sur le champs. La route est jolie, à serpenter entre les montagnes, encore ces jolies maisons en bois colorées, ces fleurs et cette végétation luxuriante. Puis nous descendons dans une vallée où nous longeons puis traversons une rivière turquoise avant que la route ne remonte sur la montagne suivante.
A Kalimpong, après nous être renseignés des horaires des jeeps et bus pour rallier Siliguri, où un train de nuit nous attendra le dimanche soir, nous embarquons dans une jeep partagée à destination du village de Lava. Les paysages sont absolument magnifiques mais la route complètement défoncée (d’où l’utilité de la jeep) et au fur et à mesure que nous prenons de l’altitude, les forets se parent de conifères et une brume épaisse nous enveloppe. C’est gris clair et frais avec les nuances de sombres des troncs foncés des pins. Nous arrivons donc à Lava dans le froid et le brouillard. Après une collation dans l’hotel-restaurant sur la place principale, mon Barbu part à la recherche d’un logement à prix abordable.
Le soir.
On est là, au chaud sous les couvertures dans le village de Lava. C’est dans le nord est de l’Inde, entre le Népal à l’ouest, le Sikkim au nord et le Bhoutan à l’est. La route pour s’y rendre est trouée, la forêt et les paysages sublimes. Sans prétention, juste subliment bruts. Les hameaux traversés, les maisons colorées, les arbustes à énormes fleurs rouges, la forêt de bambou et au loin, ce ciel gris qui menace, encore, notre soif de vues sur les sommets blancs de l’Himalaya. Les montagnes se dessinent entre les napes de brume, couvertes de forêts dans lesquelles vivent pandas roux et léopards. La route devient de plus en plus défoncée. Pour une fois, nous sommes assis sur les sièges avant de la jeep. Entre mon Barbu et le jeune chauffeur, né en 88, groupe sanguin O positif, je sens le levier de vitesse s’enfoncer dans ma cuisse droite à chaque fois qu’il repasse la seconde. Je conduis à nouveau, par procuration. Ses pieds sur les pédales, les virages qui s’enfilent, le bosses qui se dessinent. Je me demande s’il les connaît par cœur, ces virages et ces trous. S’il aime son travail. Comme la route monte perpétuellement on finit immanquablement par prendre de l’altitude. Nous sommes dans les nuages, la température se rafraîchit. Des personnes attendent sur le bas côté. La jeep s’arrête, les trois hommes grimpent sur le toit, la jeune femme en pantalon de pyjama pilou avec pinguins et étoiles de neige s’assoit entre le chauffeur et moi, levier de vitesse entre les jambes. Ils ont l’habitude, ici, de conduire alos qu’ils sont quatre sur la banquette avant.
Nous arrivons dans le village embrumé. Alors que nous cherchons un restaurant, nous poussons une porte sous une enseigne… mais dans la pièce seulement une table de ping pong et deux joueurs.
Nous entrons dans un hôtel restaurant. Pour accéder à la seconde partie il faut traverser une boutique de souvenir. Deux moines bouddhistes quittent la salle et nous nous retrouvons entourés d’assiettes pleines de restes de poulet. La télévision joue un film d’action où des filles blondes aux décoltés avantageux et fringues de « rangers » tirent sur des militaires, le tout doublées en hindi (ou bengali), ce qui est très cocasse. Je mange tout mon riz avec les doigts, et mon Barbu part en quête d’une bonne auberge. Je me plonge alors dans mon bouquin et retrouve les romances adolescentes de mes deux nigériens. Parfois je regarde un peu le film, ente deux chapitres. Dehors il a l’air de faire froid. Deux jeunes grimpent sur le toit d’une jeep et essayent de se protéger de celui à venir en emmitouflant leur visages dans des foulards. L’un des foulard est rose fluo, ils s’esclaffent.
Le Barbu reviens, il a trouvé ! Il me promet une jolie vue demain matin. On pose les bagages, essayons d’avoir des infos au « point tourisme » vers les jeep. Sans succès ! Ce sont juste les conducteurs des jeeps qui vont et viennent, mais personne pour vraiment nous rensigner ni sur le parc naturel ni sur les activités du coin. Trois touristes du Bangladesh sont là, ils se prennent en photo avec nous, on échange quelques mots et ils repartent. La nuit commence à tomber. On descend le village.
On atterri dans un des seuls troquets à soupe, momos (raviolis vapeurs de légumes ou viande) ou fryed noodles (« Chomein ») avec un peu d’animation. Les Bengalis que nous avons rencontré au point tourisme sont dedans. On boit une bière Sikkimi que l’on va nous chercher sous le manteau, commandons momos et soupe. Si seulement nous avions pris des chowmein (nouilles frites)… La soupe est infecte ! De l’eau chaude avec des cubes en poudre pas dilués et en trop grosse quantité, avec quelques morceaux de chou et des grains de mais qui ressemblent à du plastique qui flottent dedans. Mais le tenancier est tellement gentil et souriant que l’on se force ! Et finalement on rigole bien, et on discute un peu avec les Bengalis. Puis rapatriement au chaud.
Après avoir constaté qu’à la tévé il n’y a qu’Alien 3 en anglais, on se plonge dans les films que Pankaj nous a donné à Kolkata.
La Vénus à la fourure, de Polanski. Un délice, une merveille.
Et puis, Dans la maison, de François Ozon. Tout pareil.
Après ces deux films si géniaux, me voici à penser à nous. Deux idiots devant des films plutot intelligent, ça fait du bien. Tous les deux, on était en classe littéraire au lycée. Certes, pas à la même époque. Lui il aime bien les livres du genre Bret Eston Ellis, et Sur la Route de Kerouak. Mais je ne l’ai jamais vu lire autre chose que des magazines. Il a acheté un livre sur un fonctionnaire indien qui plaque son boulot et part en road trip en Inde. Je l’ai commencé, c’est plutôt marrant même s’il se répète. Moi j’aime les Kundera (comme toutes les meufs), les livres qui se passent dans les années folles où ceux qui me font voyager.
Je me rappelle que ma maitresse me disait d’aller jouer avec les autres plutôt que de lire à la récré. Balle aux prisonniers ou tomate ? Les encyclopédies en 12 volumes dans le placard. Les magazines sur les papous, les danses balinaises, les « africains » qui se teigent les cheveux à la paille de riz. Les livres piqués dans la bibliothèque des parents.
J’aurais du lire plus.
Après, il y a eu les lectures obligatoires. Au collège, je lisais encore beaucoup à coté, j’étais forte en rédactions.
Et puis il y a eu internet.
Au lycée, je n’ai même pas lu tous les bouquins au programme. J’adorais mes cours de littérature même si la prof était rosse, un des seuls cours où je ne squattais pas les sièges du fond. J’ai adoré étudier le Guépard de Lampedusa, décrypter les pensées de Pascal, analyser Sheakspeare même si en anglais c’aurait été mieux. Ensuite, l’IUT, la fac, le master pro. Vous croyez vraiment que j’allais lire des livres sur les théories de la communication et autre bullshit ? En licence, j’ai adoré les extraits de livres de sociologues sur lesquels notre « maitre de conférence » beau gosse nous obligeait à bosser toutes les semaines (pour notre grand bien).
Et puis, on travaille. J’ai lu des études de 500 pages sur l’économie des médias pour en faire des synthèses, des études sur les thunes que le business du sport allait rapporter au niveau mondial, des articles sur les nouvelles technologies mobiles dont je ne comprenais pas tout, et puis, dans mon dernier job, des CV et books d’architectes, d’ingénieurs. Des articles sur l’architecture. Et puis le lonely-planet Kirghizistan. J’ai eu des passages où ça me reprenais, où j’essayais de lire toute la bibliothèque du Barbu pendant mes trajets de bus pour aller bosser. Mais rien à faire, le temps passe, l’attrait irrésistible des écrans persiste, surtout quand il y a du wifi.
Kalimpong, j’y étais déjà allée auparavant… par le livre de Kiran Desai, une auteure indienne, « La Perte en héritage » en français. Ici une critique complète de ce roman qui m’avait beaucoup plu, publiée sur le New York Times en février 2006. Et le thème du multiculturalisme y est largement abordé, que ce soit de façon directe ou en sous-couche tout comme dans le livre « Americanah » que je viens de lire. Je l’ai acheté à Kolkata, c’est de Chimamanda Ngozi Adichie. C’est bien écrit, intelligent, « sharp », et en anglais américain & nigérian.
Dans le premier, une petite fille indienne, Sai, qui a été élévée chez les bonnes soeurs se retrouve chez son grand père à Kalipong. Le fils du grand père s’exile aux Etats Unis, attirés par les sirènes du rêve américain, mais en fait il va se galérer et finir par rentrer. Dans le second, ce sont des jeunes ayant grandi ensemble, qui étant à l’université sont contraints de s’exiler pour continuer à étudier, à cause des instabilités politiques et grèves au Nigeria, leur pays. Ifemelu, la fille, réussi à partir aux Etats-Unis, et découvre qu’elle est noire, Obinze, le personnage masculin part lui à Londres, avant de revenir au Nigeria et d’y faire fortune. Mais dans ces deux histoires on retrouve : un exil, des histoires de rêves, de dure confrontation à la réalité (ou aux réalités), de découverte et adaptation ou non / observation d’une autre culture… et de retours au pays. Les deux sont au final très sociologiques. L’un décrivant avec dureté la culture de l’ouest menée par la société de consommation, l’autre les questions raciales aux états unis de façon très franche, et les différences culturelles avec le Nigeria.
PS 1 : Oui je viens de passer d’un carnet de voyage à un carnet de bouquins mais c’est mon blog je fais ce que je veux ! (non mais ho).
PS 2 : et oui il n’y a pas que les mecs qui écrivent de bon bouquin, vive les auteurEs. A voir, la planche de BD de Maureen (Diglee) sur les femmes de lettres et leur absence dans les programmes du bac.
Dimanche 29 novembre 2015 : de Lava à Siliguri
J’ouvre les yeux et réalise que la lumière est déjà là. Je bondis de mon lit pour la fenêtre, voir si la « petite vue » dont m’a parlé le Barbu existe vraiment. Je dois faire vite, avant que les nuages ne se lèvent, il est 6h30. Après avoir lutté avec la fenêtre et son drôle de système d’ouverture, une bouffée d’air frais me saute au visage, et devant moi :
Pour plus d’images de cette magnifique ligne de crêtes, voir la vidéo de Darjeeling & Lava également.
Les crêtes couvertes d’arbres qui se dessinent, légèrement estampées et au loin, la ligne saillante des hautes montagnes, celles qui jouent à cache-cache avec nous depuis que nous avons quitté l’Uttarakand (Inde). Tout à gauche, j’aperçois même des sommets blancs qui rougeoient et rosissent alors que l’astre rouge pointe le haut de sa sphère au dessus des crêts arborés.
Il ne faut pas trop tarder, aujourd’hui nous voulons visiter le village de Lava où nous sommes, situé à une grosse trentaine de kilomètres de Kalimpong. Après un petit déjeuner de biscuits secs, nous partons sur la route, après avoir demandé quelques indications à des habitants nous grimpons direction le sommet de notre petite montagne. Un chien sympathique avec de beaux yeux vairons nous accompagne jusqu’à la forêt, où il nous dégotte un chouette sentier. Nous continuons de grimper sur ce sentier caillouteux. Sur le sol, de grosses feuilles mortes colorées, châtaignes et drôles de glands : c’est la première fois que l’on se sent en automne « comme on a l’habitude en France » depuis que nous sommes partis. Et l’hiver approche. Un glissement de terrain coupe notre route forestière, nous escaladons ce mélange d’arbres morts au combat, fougère, terre sablonneuse et cailloux dans la fraicheur de l’odeur d’humus.
Un peu plus loin, de grands conifères succèdent aux feuillus, et alors que la transition inverse se réalise, je vois mon Barbu au loin qui me fait de drôles de gesticulations et pointe la forêt du doigt. Ah, il imite un singe. Le temps que j’arrive, j’aperçois une sorte de gros macaque qui nous montre ses fesses en se sauvant, sautant d’arbres en arbres.
Un peu plus loin, il m’indiquera toute une troupe, une horde ou je ne sais plus comment on dit chez les singes malgré tous les documentaires animaliers ingérés. Nous les suivons des yeux, fascinés par ses animaux qui s’expriment en petits cris, sifflements et gazouillements, et leur agilité à se déplacer en sautant d’arbres en arbres. C’est toujours autre chose d’observer des animaux sauvages, ce n’est pas comme ces singes « de bord de route » qui ne craignent pas l’homme, leur regard nous narguant presque, avec cet air de racaille qui veut nous voler notre gouter.
Un cottage du département des forêts (l’ONF local si on veut)
Une fougère arboricole on dirait Igor le chien.
Il est temps de redescendre au village, on nous a dit qu’il y aurait une jeep partagée à 13h qui se rendrait à Kalimpong, et rien plus tard. Et oui, on est dimanche, il y a moins de transport en commun. Nous faisons un tour dans le village et avalons quelques veg momo et chowmein (nouilles chinoises sautées aux légumes) avant d’aller visiter le temple bouddhiste situé en bas du village.
Ceci fait, nous retournons sur la « place principale » pour attendre notre jeep. Les infos sont contradictoires, certains nous disent que non, il n’y a pas de jeep pour Kalimpong maintenant, d’autres que si à 13H… puis à 13H, à 13h30. Mon Barbu commence à s’impatienter. Puis un jeune homme de la coopérative de jeeps partagées nous dit qu’il y a une jeep qui va arriver, elle va à Siliguri. Nous sautons sur l’occasion, nous avons un train ce soir à Siliguri, nous ne pouvons pas nous permettre de rester coincés ici. Lorsque le véhicule arrive, on monte avec un monsieur (et son pull Maya l’abeille) accompagné de son acolyte, c’est tout. Un des passagers précédents a dû être malade, l’odeur à l’intérieur du véhicule est infecte… mais les paysages qui vont se dérouler sous nos yeux lors de notre descente vers les terres me la feront (presque) oublier. La petite route serpente entre hameaux fleuris et leurs maisons colorées, sur fond de pans de montagnes où s’égrainent quelques habitations en bois. Le soleil fait son apparition, et le paysage change, nous avons perdu de l’altitude et des plantations de thé s’étalent à nouveau de chaque côté de la route. Rangs de buissons tous ronds protégés par quelques arbres par ci par là.
Alors que nous entamons la partie plate, où une route goudronnée toute neuve qui remplace notre piste à trous, le chauffeur nous informe par le biais de Mr Maya l’abeille (car il ne parle pas anglais) qu’il ne va pas jusqu’à Siliguri car son véhicule a un problème. Ce qui est très étrange car il se faisait plaisir à foncer comme un bourrin sur la route dépliée de ses virages… Il nous dépose au croisement avec la route de la plaine, Maya et son copain descendent mais ne sortent pas leurs sacs, le chauffeur nous passe nos sacs nous fait payer genre 20 roupies moins chers que prévu et nous dit qu’il faut que l’on prenne un bus, justement en voilà un qui arrive à toute allure, il l’arrête, nous courrons après le bus… et là nous avons le temps de réaliser que le chauffeur s’est bien foutu de notre gueule. Il nous reste plus de la moitié du chemin à parcourir jusqu’à Siliguri, il nous a fait payer plein pot, nous avons du payer le bus en plus et Maya l’abeille ne s’est pas précipité pour prendre le bus. Je pense qu’ils se sont fait leur petit arrangement dans notre dos les *****.
Enfin bref après une bonne heure de route sur la banquette du bus à se faire secouer comme des pruniers, nous nous faisons déposer à une intersection en dehors de la ville (car le bus ne va pas jusqu’à la gare, ça serait trop beau). De là on nous dit de prendre un « auto » (les rickshaws partagés) jusqu’à NJP, la gare. On roule un bon moment, la tête dans la pollution, les oreilles dans les klaxons avant de nous retrouver pour la troisième fois du mois à la « délicieuse » gare de NJP à Siliguri.
Prendre le train
Un marché à la bougie, devant la gare de Siliguri
Affamés, nous retournons au restaurant où nous étions venus la dernière fois en arrivant du Népal qui sert un délicieux dal fry (vraiment délicieux). Il s’agit de PRAKSH HOTEL* dans la ligne de restau en face de la gare. (*Oui dans l’est de l’Inde les « hotels » sont souvent juste des restaurants. Pour dormir c’est plutôt des « lodging » qu’il faut demander).
Après avoir tué le temps à l’internet, nous marchons sur la gare pour voir qu’en est-il de notre train. Et bien il a deux heures et vingt cinq minutes de retard.
Ca prend évidemment du temps et plein de vérifications auprès des monsieurs de la gare pour déterminer cela car les annonces sont faites en trois langues (hindi, bengali et anglais) et la dame annonce un numéro de train et sa destination et non le nom du train, sauf qu’entre tous les autres numéros dur de savoir si c’est bien notre train ou l’autre train de nuit qui se rend également à Guwahati.
Une fois que nous sommes sûrs que c’est bien le notre, nous allons nous assoir dans la « waiting room » masculine de la classe « sleeper » (le Barbu n’a pas le droit d’entrer dans la waiting room féminine). Je m’assois près d’un monsieur souriant qui m’accueille sur le siège voisin du sien. Alors que mon Barbu se réfugie du bruit incessant des annonces de la gare en regardant un film sur la tablette près des prises (OUI il y a des prises électriques accessibles dans toutes les gares), le monsieur me fait la conversation, bientôt rejoint par mon autre voisin. Le premier a 50 ans, est Népalais et travaille au Qatar où il est chauffeur de taxi. Il a des vacances tous les deux ans et là il va prendre le train pour Hampi dans l’Inde du sud avec sa famille qu’il voit donc rarement : sa femme et ses deux fils, un petit garçon et un ado. A ma gauche, plus jeune, c’est un militaire, son anglais est basique mais son envie de me parler énorme. Il ne cesse de me poser des questions et se révèle très intéressant. Il voyage avec deux autres hommes, qui dorment par terre devant nous sur leur paillasse en plastoc. Son père est fermier dans l’état de l’Haryana, à l’ouest de Delhi, il cultive du riz pour en faire de la farine (qui sert à faire les rotis/chapatis). Il me parle des problèmes des femmes qui ont trop d’enfants dans les campagnes par manque de contraception/ éducation. Il me demande si les gens sont aussi blancs que moi en France, ce qui m’amuse beaucoup.
Après diverses discutions tous les trois, ils décident que j’ai une bonne propension à apprendre l’hindi donc ils me mitraillent de mots. Heureusement le Barbu me rejoint et interrompt mon cours de langage improvisé à minuit dans une gare. Il est temps d’aller voir si notre train arrive, et a quel voie. Une fois le quai trouvé, on se régale de samossas, étonnés de voir que tout est encore ouvert, des fonctionnaires travaillent dans les bureaux, et ce surement toute la nuit, étant donné que le train de mon nouvel ami le militaire aux longs cils a 5h de retard ! (sur un trajet de 32h originellement).
Et hop, dans le train direction Guwahati la capitale de l’Assam où nous arriverons demain matin. De là nous rejoindrons l’état du Meghalaya, notre incursion dans les états peu connus du nord-est de l’Inde peut commencer !
La route pour Darjeeling me rappelle l’est du Népal. Trop étroite pour que deux véhicules s’y croisent, ce qui occasionne des bouchons étranges. Mais surtout, ce sont les petites maisonnettes en bois coloré bleu turquoise ou vert et les immanquables fleurs orange, jaunes et roses toujours plantées dans des sacs en plastique noir qui nous rappellent les paysages près de Fikkal à notre volontariat Népalais.
Nous avons eu la chance d’occuper les sièges avant de la jeep partagée pour une fois et, comble du luxe, nous y étions seulement trois. A l’arrière, deux géants russes serrent les fesses (et les genoux) tassés à quatre par banquettes. Mais nous n’avons pas payé un prix qui raisonnable, la négociation était compliquée. On ne gagne pas à tous les coups.
Nous voici déposés à Kurseong. Après un petit repas, je pars à la recherche « d’une bonne auberge » pendant que le Barbu sirote des thés. Après avoir fait toutes les chambres de la rue, je ne pense pas que nous passerons une nuit dans cette ville. Je fais un détour à la petite gare pour voir si nous pouvons finalement rejoindre Darjeeling dès aujourd’hui avec le « Toy Train » à vapeur dont le départ est à 3h. Mais personne au guichet. Nous décidons de tout de même tenter notre chance avec ce petit train et nous installons sur le quai de la gare. Nous avons pour spectacle les passants qui traversent, les histoires de chiens, deux chèvres qui jouent comme des folles sur les rails (on sait plus que jamais d’où vient l’expression sauter comme un cabri). Alors que je subis les assauts répétés d’un adorable (mais sale) petit chiot qui veut entrer dans ma veste comme s’il s’agissait de son droit inaliénable, la sentence tombe : la locomotive est en panne, et ne sera pas réparée à tant pour le départ, le train ne partira pas. Et le suivant (à diesel) part le soir.
Nous reprenons les sacs, abandonnons chiots, chiens, chèvres et passants et nous dirigeons au bord de la route pour arrêter une jeep. Alors qu’un mec saoul ou fou ne cesse de nous enquiquiner, mon voisin de barrière sur laquelle nous sommes accoudés me dit qu’il est flic (ce n’était pas évident, il n’est pas en uniforme et se moque du mec qui nous embête, comme un peu tous les hommes présents là). Mais bon il me donne le prix exact du trajet pour Darjeeling en jeep partagée et me dit qu’il va nous aider à en arrêter une. Grand bien nous fasse car pour le moment tous les véhicules qui sont passés étaient soit pleins soit se rendaient dans la mauvaise direction. Notre interlocuteur tient sa promesse et nous voici tassés à l’arrière d’une jeep, comme à l’accoutumée. Dans l’après-midi nous voici arrivés dans cette ville de montagne qui donne son nom au célèbre thé… et ça caille !
Nous sommes à plus de 2 000 m d’altitude au mois de novembre, il ne fallait pas non plus s’attendre à des températures tropicales. Nous cherchons une guesthouse indiquée dans un guide, mais l’accueil est antipathique et on nous donne un prix trois fois supérieur à celui annoncé dans le bouquin. Merci mais non merci.
Nous laissons ce malotru et je pars en mission « un lit pour environ 500 RP (7€)». Ce qui, dans une ville touristique comme Darjeeling, prise d’assaut par des couples de riches indiens, n’est pas évident. Je toque à toutes les portes de la rue, même celle d’un hôtel à 12 000 RP la nuit (170€), puis j’aperçois un écriteau sur une maison d’habitation « Maya Lodge ». Je pousse le portail en fer, descend un escalier et me retrouve dans le salon d’un petit papi. Il m’accueille avec un grand sourire et me fait voir la chambre libre (il en a deux). Avant même de connaître le prix, je suis conquise par la vue de la chambre et ses grandes baies vitrées, le petit balcon, le grand lit et la déco comme chez les grands parents. Heureusement, c’est 600 RP et il fournit l’eau chaude au seau. Je vais chercher mon Barbu pour lui montrer la chambre et hop, c’est adopté ! Nous passerons trois nuits chez papi.
Nous enfilons tous nos vêtements chauds (le Chti est bien content d’avoir son pull acheté à une mamie dans le village tibétain de Mana) et partons à la recherche de quelque chose à nous mettre sous la dent… et autre que des momos. Nous finissons par trouver un petit établissement ou le patron nous accueille avec un grand sourire. Il sert des verres de Old Monk (le whiskey du Sikkhim) dilué dans de l’eau (oui on boit comme ça les alcools forts en Inde) et un délicieux thali. Riz, patates et feuilles de moutarde, dal, pickles et piments, je suis ravie de manger à nouveau avec les doigts !
Nous passerons nos quelques jours à Darjeeling à nous balader dans les rues, on n’ira pas visiter de plantation de thé (trop la flemme de prendre les transports en commun). Par contre on aura tenté le lever de soleil à Tiger Hill avec une armée de touristes indiens pour tenter de voir l’Everest et autres mythiques pics himalayens… mais ce matin là trop de nuages on ne verra rien du tout, on se sera levés à 3h30 du matin, fait embêter par les conducteurs de jeep, fait balader avec trois couples d’Indiens à faire la tournée touristique sur le retour et j’aurai failli mourir de froid sur cette colline. Sinon je n’ai pas trop apprécié Darjeeling : en bas de la ville le trafic est « insane », bruyant et pollué. Sinon oui le thé était bon, la place du village était sympa, il y a quelques bâtiments qui font vaguement « style colonial ». Mais ce qu’on a aimé là bas surtout, ce sont les chiens.
Des nuages drapant une crete
Une eglise
Un singe au temple sur la coline
La place principale
La vue depuis la gare
Un the a Darjeeling (oblige) avec vue sur les montagnes
Lever de soleil depuis notre chambre
Paysage depuis Tiger Hill, le matin au lever du soleil. La lune etait splendide durant tout notre sejour a Darjeeling.
Après ces quelques jours, nous décidons de nous rendre à Lava, un petit village à l’est de Kalimpong, à l’entrée d’une réserve naturelle, afin de quitter la ville et ses pollutions sonores et nasales.
Depuis longtemps, j’avais envie de voir Calcutta, renommée Kolkata à l’indépendance de l’Inde.
J’avais vu ce film indien « Kahaani» qui raconte l’épopée d’une femme enceinte à la recherche de son mari qui a disparu, un thriller qui se passe dans Kolkata. On y aperçoit son énergie, ses grandes rues et avenues comme petites ruelles, ses taxis jaunes, et un petit quelque chose de différent des autres villes indiennes.
From Nepal to Kolkata
Mais avant d’y arriver, nous avons connus nos premières aventures avec les Waiting List pour les trains indiens… Tout à commencé au Népal, lorsqu’une semaine avant de quitter le pays j’ai voulu réserver des tickets avec Cleartrip, le site qui permet de réserver des billets de la Indian Railway facilement. Mais seulement un train m’était proposé, seulement la classe « sleeper » (couchettes en skais, 6 par compartiments non fermés, fenêtres avec barreaux mais sans vitres)… et ce en « waiting list ». Et pareil pour les trains des jours suivants. Je me suis donc résolue à prendre ce ticket, puis ce que j’avais marché jusqu’au village pour aller au cybercafé et que de toutes façons ça ne risquait pas de s’arranger dans les jours à venir. Nous voici donc 35 et 36 ièmes sur waiting list pour le train de nuit qui part vers 20h.
Une fois arrivés à la gare de Siliguri, nous sommes bien en avance, nous faisons donc le tour des guichets, de bâtiment en bâtiment, allons au cybercafé vérifier les « status » de la waiting list : on est remontés mais on est encore dans les 15èmes. Après notre course guichetières, on nous dit que l’on peut aussi essayer d’acheter un billet pour le train qui part vers 18h une heure avant le départ. Effectivement, avant le départ, les chefs de train préparent les « charts » c’est à dire la liste des passagers définitives, et là, s’il y a des annulations, les gens en waiting list remontent, des fois il y a des places dans des quotas (étrangers, Taktal tickets) qui restent et du coup on peut acheter une sorte de ticket « dernière minute ». Comme cela fait déjà des heures que l’on poireaute et courons les guichets dans la gare de Siliguri qui n’est pas forcément très attrayante, le Chti fait la queue en attendant l’ouverture du guichet pour le train de 18h… et on a deux places garanties ! On retourne donc au cybercafé pour annuler nos deux places sur le train de 20h en waiting list et là : horreur et damnation, nous ne sommes plus en waiting list et avons désormais non plus deux mais quatres places attribuées dans deux trains différents. J’essaye d’annuler les tickets mais comme le train part dans quelques heures ils ne sont plus remboursables… on va au guichet, il nous dit qu’il fait se faire rembourser sur internet. Enfin bref, vous voyez l’idée. Nous irrons donc à Kolkata en ayant payé deux tickets de train par personnes. Mais bon, maintenant on comprend mieux ce qu’est la waiting list. Prendre un train en Inde, même en essayant de reserver ce n’est vraiment pas simple (et essayer de comprendre les annonces pour retards, les changements de quais annoncés en trois langues par un robot chelou ce n’est pas simple non plus :P). Et apparement avec la montée des classes moyennes il est de plus en plus difficile de trouver des places dans les immenss trains de la Indian Railway, ou alors en classe supérieure, encore que…
Sur place
Et une fois sur place on a été frappés par une chose : la difficulté d’y trouver un hôtel avec un bon ratio qualité prix : soit c’est cher, soit c’est super vétuste… mais entre les deux c’est difficile. Du coup on a changé cinq fois d’hôtel en dix jours, on a essayé de faire du couchsurfing : sans succès pour le canapé mais une belle rencontre à la clé. Je vous ferai l’inventaire des hôtels à la fin du billet.
Ces dix jours sont passés tellement vite… au début nous nous sommes surtout reposés et nous sommes occupés du visa Birman, puis de trouver un nouveau smartphone (on a mis 3 jours), développer une pellicule « pour voir » avant de « visiter »… mais c‘est aussi en faisant les choses que l’on avait à faire, en déménageant d’hôtel régulièrement que l’on a finalement bien exploré la ville.
Nous voulions faire du couchsurfing à Kolkata et si les personnes que nous avions contactées ne pouvaient nous héberger, nous avons fait la connaissance de Pankaj et passé beaucoup de temps avec lui. Passionné de cinéma, il parle français et rêve de devenir réalisateur. Nous l’avons accompagné dès que possible au festival du film international de Kolkata, sommes allés boire des bières ça et là, avons visité le jardin botanique de l’autre côté du Gange, avons arpenté la ville à 3 sur sa moto, avons écouté plein de chanson françaises dans son appartement… définitivement une super rencontre ! Il nous a permit de mieux comprendre et ressentir la ville, nous a expliqué des choses sur son histoire, sur le west bengal et les bengalis.
Les photos
Le magnifique Victoria Memorial : construit en mémoire de la reine du Royaume-Uni Victoria à partir de 1902.
L’immense parc Maidan, un espace quasi vierge entouré d’arbres en plein centre de la ville.
Les gens y jouent au cricket, comme à Mumbai, y déploient leurs petits cerfs volants losanges et… font du poney !
Hommage aux victimes des attentats de Paris en novembre, ici devant l’académie des arts.
Un policier dans la rue Hazra, au sud de la ville
BB Ganguly street, la nuit
Nous sommes alles au KIFF, le Festival international du Film de Kolkata, ici le hall d’un cinema ou nous sommes alles voir un film tunisien.Le progamme : drole d’orthographe pour le realisateur francais !
L’ancien et le moderne
Festivites hindoues dans la rue vers Esplanade
Un monument aux couleurs francaises apres les attentats de novembre 2015
De jour, cache cache avec le coucher de soleil
Le quartier esplanade
Un drole de big ben au nord de la ville
Temple Jain tout de mosaiques brillantes vetu
Un des ferry qui traversent le Gange plusieurs fois par jour
Les Ghats vers le marche aux fleurs
Le fameux pont suspendu de Howrah Bridge, il parait que ca vibre quand on est dessus ! Il est emprunte chaque jour par 100 000 vehicules et 150 000 pietons, ce qui en fait l’un des ponts suspendus les plus busy au monde.
Dans la rue du palais presidentiel
Le jardin Botanique de Kolkata, qui donne l’impression de se promener dans la jungle
Et qui abrite le plus grand ficus du Bengale au monde, le Great Banyan Tree. Plus de 400 metres de circonference, mais une fois sous ou plutot a l’interieur de l’arbre on a l’impression d’etre dans une foret.
Les racines descendent des branches et supportent les plus grosses.
Derriere ce specimen de Chti, l’arbre en question. C’est un GRAND ARBRE.
Traversee du Gange en ferry, sur le toit avec les travailleurs.
La banque de Gotham city
Petite visite du Indian Museum, malheureusement la galerie des mammiferes etait en restauration, mais on a pu observer cette marrante sculpture aux trois lions… avant de se rendre compte des semaines plus tard qu’elle figure en bas a gauche des billets de banque indiens !
Un quartier tres ancien de la ville, au nord.
Se déplacer à Kolkata
Les taxis
Il y en a des jaunes, les vieux ambassador si charmant et les blancs, des voitures plus récentes avec air conditionné (mais vous pouvez demander un trajet sans AC pour payer moins cher). Bien sur le compteur c’est pour décorer, préparez vous à négocier. Pour l’anecdote, nous avons pris un taxi une fois avec Pankaj : le Barbu est d’abord allé demander le prix de la course, puis part. On se met en retrait, et Pankaj demande le prix de la course : moitié prix pour lui ! Il nous appelle et les chauffeurs de taxi ont vu rouge… et oui, le tarif « blanc », c’est pas sympa. Finalement grâce à Pankaj on a pu poser des questions au chauffeur et c’était plutôt sympa.
Il n’est pas cher, entre 5 à 15 roupies selon la distance du trajet. Il fonctionne avec des jetons ou une carte rechargeable, pour le moment il y a une ligne et des rames avec ou sans qir conditionné. Il est vraiment super pratique et rapide, pour une fois qu’on était contents de prendre le métro ! Dans chaque wagon il y a une partie réservée aux femmes, et sur les quais parfois il y a de supers balances qui ont des airs de juke box.
Les ferries
Les ferries sont de vieux coucous en bois mais peuvent être pratique non seulement pour rejoindre l’autre rive mais aussi pour se déplacer nord-sud en faisant des zig-zag sur le Gange.
Il y a bien des rails de tramway mais la fréquence est si faible qu’en général on préférait marcher que de les prendre
Les rickshaw à pied
Il y a des gens qui trainent ces petites charettes avec des passagers mais on n’en a pas pris, préférant apauvrir les réserves de pétrole plutot que de compter sur l’énergie des gambettes d’un indien pauvre. (alors que c’est vachement plus écolo)
Les « auto » (rickshaws à troies roues motorisés)
Ici ne les commande pas pour une course personnalisée, mais il font des aller-retour dans les longues rues droites de Kolkata, mais pas dans l’hyper-centre. Le prix est fixe pour tout le monde (genre 7 roupies) et c’est bien pratique quand on en a plein les pattes.
Les « toto » (rickshaws électriques que l’on ne trouve que de l’autre coté du Gange à Howard)
Comme des rickshaws « normaux », on lui demande une destination, il t’emmène, ça ne fait pas de bruit en dehors du klaxon (lol) et on se demande où ils les recharges mais c’est plutôt chouette d’avoir des véhicules électriques comme ça ! On en croisera aussi dans d’autres villes en Inde du Nord est.
Beaucoup de marche à pied
Ca use les souliers, mais ça permet de voir plein de choses.
Localisation : Hazra road, quartier résidentiel au sud du centre.
Prix : Double 1190 avec Booking.com.Wifi, eau chaude, TV.
Une super chambre toute neuve, lit immense, salle de bain top… et la taille d’un appartement. Personnel un peu froid. C’est le meilleur qualité/prix que nous ayons eu, par contre un peu loin du métro (mais vous pouvez prendre un « auto » les rickshaws qui parcourent la rue de long en large pour 8 INR peu importe la distance du trajet). Proche quartier des ambassades (Ballyngunge), on était à 10 mn à pieds de l’ambassade Birmane.
Localisation : Metro Central au nord de l’ultra centre.
Prix : Double 1190 avec Booking.com. Wifi, eau chaude, journal, TV.
Hotel un peu plus « défraichi » que le précédent néamoins la chambre est très confortable, le personnel aux petits soins et la nourriture OMG tellement délicieuse… Juste à côté du métro, très pratique. La gare de Sealdah et le Gange sont à « walking distance ».
A ce prix là il ne faut pas s’attendre à un palace mais le lieu est agréable avec ses hauts plafonds, un bâtiment ancien au fond d’une cour. On a pas été attaqués par de sauvages bedbugs et les toilettes était OP donc pour ce prix là c’est good ! Par contre je recommande les boules quies les chiens de la rue ont fâcheuse tendance à aboyer toute la nuit.
Sinon on y a pas été car c’était tout le temps complet chaque fois que l’on appelait mais on nous a conseillé plusieurs fois l’Hotel Galaxy dans le même quartier, bon rapport qualité prix et ils ont le wifi 😉
En conclusion, ça se voit peut-être plus dans la vidéo que dans mon texte mais j’ai vraiment adoré Kolkata, l’esprit qui s’en dégage, l’atmosphère si particulière de cette ville. J’ai parfois lu ou entendu des retours atroces sur la ville mais moi elle m’a enchantée !
Ce lieu est la ville en ruine de Vijayanâgara, civilisation disparue du XIII/XVe siècle, c’était l’un des plus grands empires hindous. Il en reste des immenses ruines de palais et de temples, le tout dans une nature impressionnante. S’étalant le long de la rivière, entre rizières et collines d’étranges rochers ronds et habité par de nombreux oiseaux et singes. Pour traverser la rivière on prend un petit bac et l’on peu observer les habitants naviguer dans des drôles de petits paniers ronds. On peut y visiter différents temples bien conservés ainsi que la cité royale et ses étables pour éléphants, le bain de la Reine et le lotus Mahal. Nous avons préféré déambuler pendant quatre jours à pied ou en mobylette au hasard de nos envies et découvrir ainsi les merveilles de ce lieu étrange et magnifique.
Je ne vais pas m’étendre en blabla cette fois, et vous laisser en juger par vous même en images!
Dans le village
Vue de notre GuesthouseArchana Guesthouse, au bord de la rivière et que nous recommandons chaudement.
C’est parti en exploration d’Hampi et de Anjaneya Hill
Des singes qui lisent le journal dans le temple Laskmi l’éléphante du temple
Des langurs
Coucher de soleil
Des petits spectateurs pour le coucher de soleil
En numérique cela donne ça :
Baignade de Laksmi le matin
La coquine !
Balade au sud du village
Notre dévoué chien
Un drôle d’arbre apparament sacré…
Baignade dans les « chutes d’eau »Avec nos acolytes colombien et anglais : Christian & Sumara
Au revoir Hampi :
Hampi clos donc notre voyage en Inde de 2014… mais pas si vite, il y a encore une vidéo 😉
Nous y voilà. Il y a deux semaines, nous vidions notre appartement puis rendions les clés à la propriétaire. J’ai pu utiliser mon permis de conduire tout neuf assorti du permis international pour conduire les affaires que nous souhaitions conserver en Franche-Comté, cheveux aux vent, remorque brinquebalante plus grosse que la Clio qui la tractait. La semaine dernière, le Barbu a effectué son dernier jour de travail… mon tour viendra vendredi prochain. Dans moins d’un mois, nous embarquons pour Istanbul-Bishkek-Osh. Cela fait des mois que nous en parlons, que cela anime les discussions avec les amis, voisins, collègues, et même nouvelles rencontres, mais je n’ai toujours pas réussi à en parler ici.
Nous partons en voyage au long cours.
Vous avez-tout quitté du coup ?
On a laissé notre appartement chéri, nos boulots : fin de CDD pour moi et mise en dispo pour le Barbu. Le chat à la campagne chez ma maman, les meubles vendus ou placés chez des amis. Les bouquins et fringues dans des cartons chez nos mères respectives. Ya plus qu’à !
Pourquoi partir comme ça ?
Pour moi c’est une envie depuis tout le temps, un rêve de liberté à la suite de mes études et mes expériences pro. La petite fille en moi qui voulait devenir exploratrice va quelque part se réaliser, même s’il ne s’agit pas d’une expédition à but scientifique. Pour le Barbu c’est une rupture après ses 10 premières années de boulot, une envie d’ailleurs, d’autre chose.
Et c’est quand qu’vous partez ?
Début aout 2015.
Vous commencez par quels pays ?
Kirghizistan, Tajikistan (en Asie Centrale), Inde.
C’est tout, vous ne faites pas un tour du monde ?
Non on a pas prévu de faire un tour du monde. Pour les autres pays, nous verrons bien selon les opportunités. Mais nous pensons aux Philippines, à l’Indonésie (Sulawesi, Papouasie), à l’Asie du Sud-est peut-être (Birmanie, nord de la Thaïlande, Vietnam), et à finir en Nouvelle Zélande pour profiter du visa « Working Hollidays ». J’ai fait une petite carte, en rose les personnes que nous prévoyons pour le moment de retrouver en cours de route, en vert les choses prévues ou désirées.
Et vous partez combien de temps ?
Nous aimerions bien un an, voire un an et demi…
Vous êtes riches ?
Heu pas spécialement. Mais nous avons mis un peu de sous de côté, moi lors de mes deux années de contrat d’apprentissage (car mon petit job actuel étant au SMIC, cela ne m’a pas permis de faire des économies mirobolantes, surtout que j’ai passé mon permis de conduire !) et le Barbu est devenu fonctionnaire (comme quoi tout arrive !). Notre souhait étant surtout « vivre » en voyage en effectuant des petits boulots contre hébergement et nourriture, grâce à Workaway, Woofing, HelpX et non de faire du tourisme à tout prix et découvrir « l’incontournable » et ratisser chaque pays comme il est plus de coutume de faire lorsque l’on a moins de temps. Nous comptons également faire du stop, comme au Portugal et sur les belles rencontres fortuites, une des raisons même de notre voyage !
Vous faites comment avec les banques ?
Nous avons chacun pris un compte en ligne tout en conservant notre banque française uniquement pour faire les virements ainsi que les livrets d’épargne. J’ai choisi le compte Nickel, un compte sans banque proposant la Mastercard pour 20€ par an et les retraits à l’international au prix fixe de 1€. Le Barbu lui, sera chez Hello Bank, également très avantageuse pour les voyages au long cours… et avec une carte Visa bien sûr ! Il est important d’avoir toujours deux cartes bancaires différentes, même si cela ne nous a pas aidé lors de nos précédents déboires à Bornéo et Lombok en Indonésie. Mais là c’est plutôt une histoire de plafonnement de retraits !
Vous partez en sac à dos ?
Oui tout à fait. Moi personnellement je n’ai toujours voyagé que comme cela, même avec mes parents ! Nous souhaitons emporter du matériel pour camper au Kirghizistan car nous resterons deux mois en Asie centrale. Mais le but étant d’avoir un sac le plus léger possible, un poids inférieur à 10 kg ça serait l’idéal. Mais à l’heure qu’il est nous n’avons pas encore préparé nos sacs et avons encore des achats à faire, des duvets à récupérer à droite à gauche, une tente à troquer. Et comme nous prévoyons des destinations tropicales (pantalon en lin reprezent’) mais également de la montagne (aglagla) cela va être un peu compliqué de s’équiper sans ressembler à une pub pour Quechua (Mais on va y arriver !! – je n’ai rien contre Quechua mais l’excès de matos Quechua fluo nuit aux yeux de vos compagnons de voyage – Déso décath!).
Et pour les photos tu vas faire comment avec tes pellicules ?
Pour l’instant j’ai prévu un stock conséquent de bonnes pellicules pro que j’aurai du mal à trouver partout. Nous compléterons cette base avec des pellicules plus basique trouvables partout (type Kodak gold ou Fuji Supéria). Pour ce qui est du développement j’ai un ami photographe en Pologne qui s’est proposé pour développer et scanner moins cher, par contre je n’aurai pas mes photos immédiatement, cela partira par lot, inutile d’envoyer les pellicules unes par unes (et il y a des pays où les services postaux sont plus ou moins réputés, à prendre en compte !). Si jamais je me renseignerai sur des compagnies internationales type UPS, ou si vous avez des conseils à ce niveau là, je suis preneuse.
Ah d’accord… tu ne prends pas tous tes appareils photos quand même ?
Si bien sur ! J’aurais une mule pour m’accompagner qui portera mon matériel ! Evidemment non, je prendrais mon reflex argentique Minolta, mon télémétrique Ricoh qui tient dans la poche (j’ai du le racheter car il m’avait lâché juste avant le départ et hors de question de partir sans lui), ainsi que mon moyen format Lubitel. Le barbu aura son merveilleux Vivitar ainsi que l’appareil numérique Fuji x20 qui nous sert majoritairement à filmer… et prendre des photos d’animaux meugnons.
Des petites astuces à partager ?
J’ai des astuces « hygiène » ! Cela fait un moment que je n’utilise plus que du savon et shampooing solide, plus économique ET écolo (souvent un shampoing solide équivaut à au moins 3 bouteilles de shampoing liquide). Pour le moment j’ai testé les Lush (vegan), ceux de la marque « Douce Nature », les Fleur de Shampoing (bio – très agréable et léger mais diminue vite quand même) et je teste actuellement le Lamazuna en forme de canelés, il parait qu’ils durent longtemps (également vegan). Pour le savon je suis accro au Savon d’Alep depuis des années, j’ai testé le savon à la menthe poivrée du Dr Bronner (une tuerie mais maigrit vite!) et j’emporte également un gros pain de savon de Marseille, pratique pour la lessive également.
Sinon une autre astuce pour limiter le poids du sac c’est de télécharger les guides de voyage sur le smartphone : le Lonely Planet par exemple est moins cher en version numérique, et on peut choisir des chapitres à l’unité ! Par exemple pour l’Asie Centrale, nous n’avons pris que les chapitres Tadjikistan et Kirghizistan, que nous pouvons consulter sur mon smartphone android (j’utilise l’appli UB Reader, très bien !) ainsi que sur l’ordinateur. Le site Voyage-Forum est également une mine d’informations pour les destinations peu documentées.
Je ne sais pas trop quoi rajouter à cet article « fleuve » mais si vous avez des contacts, questions, conseil, n’hésitez pas, c’est le moment d’en discuter ! 🙂
Après notre découverte de la ville de Mysore, nous continuons notre route vers le sud de l’Inde. Cette fois-ci, on prend un peu la tangente et nous enfonçons dans les terres dans des lieux accessibles uniquement en autobus public et entamons donc la partie du voyage où la KSRTC (Karnataka State Road Transport Corporation – la compagnie régionale du Karnakata), ses bus et leurs banquettes en skai vont nous accompagner de longues heures. Nous partons pour les environs de Kushalnagar, à la découverte du monastère de Namdroling, aussi appelé « Golden Temple ». Qu’il est étonnant de rencontrer des exilés tibétains autant au sud de l’Inde…
Dimanche 27 avril
Ce matin là, après des achats de soie dans la ville de Mysore, nous attrapons juste à temps le bus de 10h30 pour Kushalnagar. Arrivés là-bas on se demande un peu ce que l’on fait là… mais très vite nous trouvons un rickshaw qui accepte de nous conduire au temple tibétain : le monastère de Namdroling. Apparemment il est assez connu dans la région et est beaucoup visités par les indiens de provinces voisines.
Arrivés devant le temple, on fait une petite pause ravitaillement et j’engloutis un bol de fried noodles (qui me rappelle l’Indonésie). Et c’est parti, on pénètre dans le monastère. Je dois avouer que l’on a visité cela avec toute la candeur de la découverte, dans vraiment s’être renseignés sur cette endroit. Juste de l’émerveillement et de la surprise. Le monastère abrite aussi un collège relieux et un hôpital, nous avons d’ailleurs croisé de jeunes lamas. Il a été établi en 1963 après l’exil du Tibet de Penor Rinpoché, un maître bouddhiste.
Je vous laisse donc avec mes photos de ces incroyables bâtiments sous le ciel gris de cet après midi indien…
Numérique
Numérique (Americaaaaan style)
La salle des immenses statues de bouddhas
Numérique
En arrivant sur le site, nous avons eu la chance d’assister à des chants et prières, en regardant par un coin de fenêtre. J’ai juste capturé le son, c’est incroyable, et cela m’a rappelé le film 7 ans au Tibet de Jean-Jacques Annaud. J’ai un petit enregistrement sonore de piètre qualité, mais cela met dans l’ambiance…
Nous avons fait un petit tour dans le jardin, ou de jeunes Lamas jouaient entre eux. A côté, il y avait un terrain de basket ou des moines plus âgés s’entrainaient !
Ces grosses grappes, il me semble que ce sont les fruits de palme, mais je ne suis pas sure. (Par contre ce portail est magnifique).
Après cette étonnante visite, nous prenons un bus pour Hunsur à 15h30. Cela se révèle être une cité sans charme. Nous galèrons avec les taxis (dont certains, très beaux me font penser à des voitures cubaines) en leur demandant de nous conduire au Nagarhole National Park. Certains ne veulent pas, d’autres nous proposent des prix qui dépassent l’entendement… mais d’un côté on a aucune idée de la distance qui nous sépare du parc, et les chauffeurs de taxi nous donnent des informations contradictoires. On demande à des personnes dans la rue, et apparemment le parc ferme ses portes à 17h, du coup on leur demande s’ils connaissent un hôtel correct dans le coin (c’est à dire pas au bord de la route principale), du coup ils nous en indiquent un dans une partie plus calme de la ville, à deux km de là, après un pont. Nous ferons le trajet à pied, c’est vrai que le tenancier de l’hôtel, le Pravi Dava, est plus accueillant que ce qu’on a pu rencontrer sur l’axe principal, en plus ils ont une salle de restaurant/cantine, ils prennent bien soin de nous. Il nous dit qu’un bus se rend à Nagarhole part le lendemain matin à 7h30 et 10h30 pour 20 rupies. On regarde le coucher de soleil depuis la terrasse devant les chambres, en écoutant le chant du muezzin et en sentant le vent se lever.
J’ai capturé un bout de cette marche et et le chant du muezzin en vidéo, la partie ou nous marchons est de piètre qualité mais je la trouve rigolote.
Je vous avais laissés à Gokarna, petite ville au bord de la mer, entre Mumbai et le Kerala en Inde du sud… juste avant d’embarquer dans le train, dans l’après-midi. Allez hop, on saute dans le rickshaw, direction la gare.
Mon ami le chien.
(en italique sont les notes que j’ai pris dans mon carnet que je vous restitue ici, au milieu de souvenirs)
A la gare nous achetons nos tickets, cette fois sans réservation car avec les vacances scolaires des Indiens des états aux alentours, les places sont prises et les trains blindés. (un peu comme essayer de dégotter un preum’s pour la côte d’Azur au début des vacances d’été. Enfin j’imagine, je n’ai jamais essayé). Une fois notre billet en gender class acheté, nous attendons à l’ombre dans la gare, où nous retrouvons notre ami le chien qui avait patienté avec nous la nuit de notre arrivée à Gokarna (de 3 à 6h du matin, sisi rappelez-vous !). Il dort sur le carrelage pour se rafraichir un peu de cette brûlante journée. Sur le quai, le barbu tente tout de même de négocier avec un contrôleur lorsque le train est à quai. Lors de son précédent voyage en Inde du Sud, il avait réussi à se faire surclasser en payant un petit supplément à bord du train.
« Le contrôleur, a qui on voulait demander le surclassement en sleepers a été ignoble avec nous. Après moultes péripéties, nous voici donc en GenderClass. Le train démarre, on me pousse pour que j’arrive à sauter en marche et nous voici. On reste dans l’entre wagons, un mec sympa discute avec nous. Il me dit qu’il reste de la place, là sur les portes bagages ! » Nous voici donc à escalader les portes bagages comme des grands singes.Finalementje suis bien, ici. J’ai plus de place qu’en bas où ils se serrent à 5 par banquettes… Le train s’arrête et la foule s’y engouffre. Jusqu’ici tout va bien. Mais le train continue d’avaler de nouvelles personnes. Je ne sais pas vraiment où il va pouvoir les caser dans son ventre, ceux-là ! Il y en a pour 7h de trajet apparemment. Jusqu’ici…«
Mes fesses et le bois peint en bleu ciel de ces porte-bagages. Et la barre de fer qui le borde. J’ai beau être correctement pourvue par la nature en termes de postérieur, il aura bien le temps de les imprimer, ces fameuses planches… Parfois, on se relaie : l’un descend, va prendre l’air à la porte, fumer une cigarette, faire un tour aux commodités… On trouve des positions improbables. Je lis beaucoup ce bouquin que j’ai acheté à Gokarna, que le vendeur m’a conseillé. Il est d’ailleurs très chouette. Puis les vendeurs de repas passent, on descend de notre perchoir et mangeons sur les banquettes avec les passagers d’en dessous. Et on remonte. Mes talents de grimpeuse aux arbres ainsi que ma grande taille m’avantagent beaucoup, car ce porte-bagage est vraiment haut. L’air y est un peu frais, avec la proximité des ventilateurs. La nuit tombe. Les corps cherchent une place où s’étaler. Pour les plus chanceux, ça sera une banquette, pour les autres, les porte-bagages ainsi les couloirs du wagon ou les dessous de sièges conviendront. Nous discutons avec un étudiant installé en face de nous. Il demande à voir mon passeport, par curiosité. Bonne pâte, je lui prête ma carte d’identité française. Il l’examine sous tous ses angles, et la prend en photo avec son portable, puis me la rend. Il me demande mon passeport, je refuse. Néanmoins, nous continuons à discuter, même si cette histoire de papier, même s’il ne s’agit que de curiosité, me donne une sensation étrange d’inquiétude. La petite paranoïa habituelle liée au dictat des paperasses administratives. Sur l’autre porte bagage derrière moi, séparé par la barrière, deux hommes se sont liés temporairement le temps d’une sieste. L’un en costume tout clinquant, montre dorée et l’autre en jogging, qui a des allures d’ouvrier du bâtiment, dorment tête-bêche en tenant les chevilles de l’autre, pour optimiser l’espace et ne pas tomber de ce haut perchoir. Scène qui semble impossible chez nous. Je trouve cela attendrissant, ce rapprochement temporaire de deux inconnus, sans aucune gêne.
Moi qui n’ose jamais prendre les gens en photo, je n’ai pu m’empêcher d’immortaliser le sommeil de ces deux êtres avec qui on a voyagé longtemps. Ils me font penser aux personnages entrelacés peints par Klimt.
Vers une heure du matin, je commence à avoir sérieusement mal aux fesses, et je m’inquiète un peu de manquer l’arrêt si jamais je m’endors. Je résisterai au sommeil tout en essayant de faire de la place à mon barbu pour qu’il puisse dormir un peu (il lui aura suffi de lire quelques pages de mon bouquin aha !)
À 3 heures du matin, nous arrivons à Hassan, je n’ai pas dormi. On s’assoit devant la gare, sur les marches pour être un peu à l’écart des dizaines de gens qui dorment sur le sol de la petite gare. Une grosse meute de chiens errants sort de la pénombre et s’approchent. Je me débats avec des petits moustiques pendant que le Barbu se roule une cigarette. Nous pensons à la globalité du voyage et de mon petit tableau pour gérer le temps que nous avons pour descendre vers le sud et remonter. Un monsieur bedonnant (et moustachu, où avez vous la tête !?) habillé en jaune nous indique qu’il prend le train de 4 heures du matin pour Mysore. On décide de faire pareil. 50 rupees le ticket en genderclass, on patiente sur le quai, je teste les ISO de mon appareil photo en prenant la nuit en photo, et c’est reparti !
Le train arrive. Il est blindé, les gens ont tous déjà pris possession d’un petit endroit pour la nuit. Il n’y a pas une place assise, même par terre dans le couloir. On s’installe donc à côté des toilettes, mais comme l’odeur n’est pas très acceptable pour mon fin odorat, j’ouvre la porte du train et m’installe là. Il fait frais dehors, j’ai froid (sentiment TROP étrange ahaha). Je suis donc assise au bord de la porte du train, à côté du barbu. Nos deux bassins larges d’occidentaux nous permettent d’être calés et de ne pas glisser hors du train. Je m’endors comme ça quelques instants.À un moment, un monsieur me cède la place sur son bout de banquette pendant une demi-heure. Cela aura bien soulagé mon postérieur endolori par le contact froid et dur du sol métallique du train. Et puis, vers 6h, le soleil se lève. Émerveillement total !!!
Au final, nous aurons voyagé ainsi 17 heures d’affilée. Et pourtant, je ne regrette pas la SNCF ! Les seuils de tolérance en voyage n’ont rien à voir avec notre petit quotidien français où je suis la première à râler dès que les gens font trop de bruit, qu’un enfant chouine trop fort… Et pourtant, j’ai adoré ce voyage. J’en ai savouré chaque instant, et surtout ceux de la nuit, sans repères. Et bien évidemment ce lever de soleil qui nous laisse découvrir, émerveillés, un nouvel endroit, des paysages inconnus.
Samedi 26 avril
Nous débarquons à Mysore à l’aube. Sautons dans un rickshaw et lui indiquons un hôtel random que nous avons repéré dans le rough guide. Le but étant d’aller se piquer un petit somme avant d’aller découvrir cette ville nouvelle au programme (bonj‘avoue, il n’y avait pas vraiment de programme en fait, ce voyage s’écrira à l’encre de nos choix de dernière minute, et des aléas imposés par les transports).Le chauffeur de rickshaw se trompe d’hôtel (peut-être volontairement). Le barbu va demander la direction de l’hôtel prévu.Finalementon y arrive. Mais là, c’est cher, pas top et on se prend un peu la tête avec le mec du guichet, car il commence à nous enregistrer, veut des photocopies de nos passeports et tout le tintouin… Et nous annonce que le check-out est à 7h du matin, non-négociable ! Je suis matinale mais bon avec ma nuit blanche ferroviaire (qui est un excellent souvenir au demeurant) j’aimerais avoir un peu de marge le matin si besoin est. En plus, le quartier de cet hôtel est moche comme tout (se référer à la photo ci-dessous).
Mais il nous dit qu’on est déjà enregistré, qu’il ne peut pas nous déenregister, on se retrouve au téléphone avec son patron enfin bref une bonne galère (il est 7h du matin, je rappelle ^^). Je sais plus comment on en a rechapé, mais on a fini par marcher dans la ville et grâce à mon sens de l’orientation inné et mon génie pour ce qui est de la lecture des cartes (la meuf ne se jette pas du tout des fleurs, tout va bien), on a fini par atterrir au Royal Taj Mahal Deluxe, un modeste mais sympathique hôtel où il y a un monsieur qui prend le vieux ascenseur avec vous, et une vue sur des arbres et sur le et son petit parc.
Vue depuis le balcon de notre chambre d’hôtel : un petit oiseau vert dans cet arbre aux fleurs jaunes
Nous nous effondrons dans le lit et dormons jusqu’à midi. Une fois levés, nous partons manger au RRR où l’on nous sert sur des feuilles de bananiers des mets souper HOT. On va ensuite à la station de bus, pour se renseigner j’imagine. Puis nous allons profiter de l’ombre du petit parc près du palais du maharajah. Le barbu déclenche un vent d’effroi dans l’assistance : voulant faire une photo kitch dans les sculptures en forme de cœur du parc, on a demandé à un couple de jeunes indiens de nous photographier. Mais là il a eu l’idée du siècle : me faire un bisou sur la joue. EFFROI COLLECTIF !!! (il y a même quelqu’un qui crie). Le jeune homme nous a rendu l’appareil photo en nous assenant des no, no, no kissing !. Moi qui suis plutôt pudique et respecte les traditions des pays dans lesquels je suis du mieux que je peux, j’avais pourtant prévenu le Barbu des us et coutumes indiennes en manière de contacts physiques hommes/femmes dans la rue proscrits (oui j’ai eu le temps de lire l’intégralité de mes 3 guides dans le train aha).
Ici, une photo correcte.
Comme il fait trop chaud pour visiter le palais et ses alentours, nous décidons d’aller jeter un oeil au vieux marché. Mais les rabatteurs en rickshaw à côté du Palais nous donnent du fil à retordre, et après s’être suffisamment fait embêter, nous cédons et finissons par partir avec un rickshaw (parce qu’il fait vraiment très très chaud et qu’on connait la distance à pied jusqu’au marché… on est en pleine saison sèche, ne l’oublions pas, et 38°C est une température tout à fait ordinaire). Le rabatteur dans le rickshaw nous emmène à old market et nous parle de nous emmener voir des artisans qui fabriquent des bâtons d’encens et des huiles de bois de santal. Mais bon comme il nous coure sérieusement par la patate, on va visiter le marché tous seuls, et sortons par l’arrière… et déambulons, libres dans les petites ruelles, ou nous trouvons effectivement plein d’artisans qui nous font visiter leurs échoppes d’encens et d’huiles florales en tous genre dans l’espoir de nous vendre quelque chose. Mais c’est néanmoins très sympa et intéressant. Nous continuons nos découvertes, toujours plus au nord. On passe le long d’échoppes d’artisans que l’on voit fabriquent des meubles massifs en bois sombres, ou encore ces rouleurs de bidies, ces petites cigarettes indiennes qui œuvrent sur le pas d’une porte. Et puis nous arrivons dans le quartier musulman, avec des maisons très colorées, des chèvres et moutons qui peuplent les rues au même titre que poules et chats. Dans une rue de terre battue, nous voyons des poulets vivants en cage surmontés de leurs camarades morts au combat : eh oui, les musulmans mangent de la viande. D’ailleurs ces moutons qui peuplent les rues ne sont malheureusement pas là pour décorer. Et soudain, une ombre file du ciel et fond sur nous : c’est un rapace, en pleine ville ! Je n’avais jamais vu une telle curiosité… mais bon avec tous ces poulets qui traînent, il doit avoir la chasse facile.
Le quartier musulman
Et suite à cette rencontre venue du ciel, deux flèches blanches nous offrent un spectacle curieux : eh oui, il s’agit bien d’une église… que dis-je, une cathédrale. Sainte Philomène pour être précise. Et si son architecture nous parait si familière et donc si étrange dans ce décors, c’est car elle est de style Gothique et a été dessinée par le Reverend Rene Feuge. La cathédrale a une petite crypte qui se visite et qui contient une statue venue de France
Après cette visite pour le moins inattendue, nous prenons un rickshaw pour redescendre au palais du Maharajah et enfin y jeter un œil ! S’il existe depuis le 14e siècle, il a subi nombreuses modifications avant de connaître sa forme actuelle qui date de début 1900. Il est interdit de prendre des photos à l’intérieur, ce qui n’est pas plus mal car sa visite vous estomaquera d’autant plus devant un tel étalage de richesses et d’extravagance… mais aussi de kitch. Mais franchement, j’ai trouvé ça juste dingue.
Les extérieurs et tous ces petits bulbes de toit s’illuminent les soirs de week-end mais nous avons eu un spectacle d’un autre ordre… après avoir fait une pause dans ce qui semblait être des étables un peu abandonnées, nous repartons sur la place du palais, quand soudain je réalise que je n’ai plus le cache de mon appareil photo. Je marche vite comme je peux avec mon pantalon de fortune, pas très pratique pour se déplacer je trouve jusqu’aux étables… et là :
… oui des vaches qui rentrent à l’étable, tout à fait, dans l’enceinte de l’ancien palais d’un Maharajah. Comprenez ma surprise ! Et au moment ou j’allais repartir pour prévenir le barbu de ma découverte en semi-courant dans mon pantalon encombrant, je vois des gens qui s’émerveillent d’un coup. Quoi encore ?! Je me retourne et là au loin, là où sont passées les vaches quelques instants auparavant, des éléphants marchent d’un pas lent. Okay. Ce sont mes premiers éléphants d’Asie, comprenez. Je suis donc restée plantée là à les regarder d’un air niais et émerveillé. Avant de reprendre ma course contre le textile pour partager, enfin mes découvertes (et le fait que j’avais retrouvé le cache de mon appareil photo, accessoirement).
À la sortie du palais, des gens font des tours en dromadaire. Nous les observons un instant, avant de nous diriger vers la station de bus, afin de nous rendre en dehors de la ville à une dizaine de km, sur la colline Chamundi sur laquelle est juché le temple de Chamundeshwari. Ce temple date du 12e siècle (chez nous on en était encore aux châteaux-forts et à la découverte de l’étrier en Europe – alors que bon les chinois ils connaissent ça depuis 200 ans avant JC et là ils en sont à la poudre à canon donc un peu la honte sur nous) mais revenons à nos enfants de Shiva. Comme je n’avais pas de pellicules adaptées à l’usage nocturne (voyez plutôt)
J’ai pris quelques photos de cet impressionnant et très bel édifice avec mon Fuji. Avant de s’en approcher, nous achetons des beignets pomme de terre-oignons-piment chez une vendeuse de rue rigolote. Une pure merveille.
Terrain de jeux de petits singes qui jouent sur ses versants sculptés et abrupts, ce bâtiment n’évoque aucune référence pour moi. Je n’ai pas les clés culturelles pour comprendre. Un de nos guides nous disait qu’il s’agit d’un rare temple hindou que les non-hindou sont autorisés à visiter à l’heure des cultes. Nous achetons donc des offrandes et nous frayons un chemin dans l’immense queue qui s’étend sur le côté du temple. Il y a des petites barrières qui zigzaguent, comme dans les queues pour les manèges de Disneyland (ou autres parcs d’attractions hein), ce qui est très curieux, on a jamais vu de canalisateur de foule aux abords des églises (bon il est vrai qu’elles sont bien moins fréquentées chez nous). Nous finissons par entrer, et là nous nous contentons de suivre et imiter les gens, on ne comprend RIEN du tout. On donne nos offrandes à un brahmane qui nous fait un point jaune sur le front, après avoir fait le tour, nous reprenons une file pour ressortir. Là une famille d’indiens du coin s’intéresse à nous et nous fait un brin de causette jusqu’à la sortie. Une fois dehors, nous ressortons littéralement vidés, mais tout contents de cette riche journée.
Nous reprenons le bus pour rentrer, où nous nous asseyons par terre avec des gamins, faute de place, moi m’endormant à moitié (n’oubliez pas que ma journée a finalement commencé hier à Gokarna ! En marchant de la station de bus à l’hôtel, le Barbu nous ramène un peu de nourriture à emporter pendant que je rentre pour aller m’effondrer sur le lit.
Dimanche 26 avril
Des écrivains de rue, un métier que l’on ne rencontre guère dans nos contrées (photo du Barbu)
Ce matin là, on se lève tranquillement puis marchons en ville faire quelques emplettes avant de partir : Mysore n’est pas seulement la ville des palais, du bois de santal et des temples, c’est aussi la ville des saris de soie. Nous achetons donc quelques foulards de soie, et dans une allée commerçante pleine de « bazars », je cherche à me procurer un de ces petits cadenas ronds que l’on voit partout et qui me plaisent tant. Mais dans le magasin, on tombera sous le charme de la massive paire de ciseaux du vendeur, qui « coupe tout » et qui est bien lourde. On repartira de là avec ce cadenas et ces fameux ciseaux (neufs hein, on ne les a pas volé au vendeur !).
Puis nous nous dirigeons vers la gare de bus, afin de trouver celui qui nous mènera à Kushalnagar, où se cache un endroit surprenant…
Gokarna est une petite ville au bord de l’océan Indien, connue comme centre de pèlerinage hindou. On trouve en son centre un temple vieux de 1500 ans, non loin de la plage vierge de toute activité touristique, bordée de palmiers et d’arbres fleuris. Gokarna signifie « oreille de vache » celle dont le dieu hindou Shiva aurait émergé. On y trouve deux immenses chariots utilisés lors de Shivaratri festival qui rassemble plus de 20 000 pèlerins.
… mais revenons en au début du voyage. Après notre attente du train à Mumbai et mon grand plaisir à voir nos noms inscrits sur le wagon que nous allions occuper pendant 12 heures.
Nota : cet article mélange des photos numériques et argentiques. La vidéo, très imparfaite, n’a pour but que de vous emmener en balade dans cette bourgade, de partager des instants… malgré les problèmes de flou, de cadrage incertains et de secouades scooteresque !
Mardi 22 avril
Nous embarquons dans le train. Les paysages se déroulent sous nos yeux jusqu’au coucher du soleil : la sortie de Mumbai qui semble interminable, et puis enfin, la nature. Des rizières, arbres, rivières… Les vendeurs de Chaï ou de samossas, de bouteille d’eau envahissent le train à certaines gares. « chaï chaï chaï ! » scandent-t-ils pour annoncer leur passage. Difficile de résister à ce breuvage si réconfortant, doux, sucré, aux saveurs de cardamome. Le soleil nous fait lentement ses adieux en inondant les wagons de ses derniers rayons…
Puis il fait nuit. Naturellement, les passagers s’accordent pour décider quand mettre les banquettes en mode « sleeper » pour se coucher sur sa banquette, le courant d’air des fenêtres sans barreau dans la nuque et les cheveux gras à cause du vent chaud qui s’infiltre partout. Sommeil d’un œil jusqu’à l’heure approximative d’arrivée, à chercher à savoir comme on le peut à quelle gare sommes nous arrêtés.
Mercredi 23 avril
Notre ami le chien.
3 heures du matin environ, arrivée à la gare de Gokarna. On guette l’arrivée depuis les portes, on saute vite du train, vérifions que nous sommes bien dans la bonne ville. Le train repars, nous voici seuls sur ce quai désert dans la nuit. Le silence revient. Nous allons voir devant la gare : rien, la cambrousse. Quelques chauffeurs de Rickshaw dorment à l’arrière de leur véhicule. Alors nous nous installons sur un banc du quai, et attendons le lever du soleil. Je finis mon délicieux plateau repas acheté dans le train, et donne ma gamelle à lécher à un chien qui nous adopte pour finir la nuit. Nous attendons désormais tous les trois. Parfois un autre chien nous rejoins, puis repars. Aucune activité humaine. Je lis un peu à la lumière des néons de la gare…
Puis le jour se lève. Vers 6h, nous allons voir si les chauffeurs sont réveillés. C’est le cas, nous embarquons dans un petit van jusqu’à la ville, cinq kilomètres plus loin. Le paysage est sec, nous traversons des villages, des marais salans puis en haut de la petite route, l’entrée de Gokarna. Et un check-point de police. Nous sommes arrêtés et le Barbu se fait emmener par un officier dans la petite guitoune où ils fouillent son sac. J’attends de longues minutes en compagnie du chauffeur. « No drugs? » me demande t-ils… Puis nous sommes autorisés à repartir, nous demandons à être déposés près du vieux temple au centre du village, dont le Barbu se souvient. Nous partons alors à la recherche d’une guest-house pour poser notre barda, et le soleil se lève.
Lever de soleil sur Gokarna.
Nous prenons nos quartiers à Padmalaxmi Guest House où nous héritons d’une charmante chambrette avec balcon et salle de bain privative. La vue donne sur les toits environnants ainsi que sur les cocotiers bordant la plage. Nous dormons jusqu’à dix heures du matin pour récupérer de notre drôle de nuit entre train et gare, avant de partir à la découverte de Gokarna.
Nous allons flaner un peu sur la plage, avant de louer un scooter chez un petit épicier qui en loue quelques uns, et partons à la découverte des plages environnantes. Nous faisons une longue halte à Om Beach qui tire son nom de la forme de la baie. Nous y rencontrons le drôle de chien chanteur que l’on peut découvrir dans la vidéo, une vachette qui charge le barbu parce qu’il a fait l’andouille à côté de sa progéniture (à savoir un petit veau trop mignon), quelques tourterelles et des indiens qui profitent aussi de la baignade tout vêtus. Nous rejoignons Gokarna la nuit levée et allons diner sur le toit d’un petit restaurant, où je découvre le palak dal à savoir des lentilles et des épinards, deux de mes mets indiens favoris dans la même assiette, un pur délice ! (chacun ses gouts, hein).
La plage de Gokarna
Escapade en scooter jusqu’à Om Beach.
Jeudi 24 avril
Au réveil, nous allons nous baigner à la plage de Gokarna, un peu à l’écart des gens parce que le maillot de bain n’est pas vraiment la coutume locale (ici on se baigne habillé vous l’aurez compris). Après une bonne douche et un déjeuner au restaurant Pai, nous enfourchons à nouveau le scooter, cette fois en direction de Paradise Beach, qui est un peu isolée. Mais en route, nous nous arrêtons au marché, festival d’odeurs et de couleurs…
Puis nous reprenons la route jusqu’à Paradise Beach, traversant forêts et petits villages, longeant le sac salé. L’accès à cette plage est un peu plus compliqué à trouver, mais en demandant aux locaux on fini toujours par trouver. Ce malgré les indications parfois… vagues : « c’est par là ? » dodelinement de tête « C’est loin? » dodelinement de tête « vous connaissez la route ? » dodelinement de tête (moi personnellement ça me fait mourir de rire, et je me surprends parfois à dodeliner de la tête quand on me pose une question).
Puis finalement, un début de chemin. Après une marche harassant à grimper une colline sous le soleil, nous débouchons enfin sur cette fameuse plage, ancien repère de hippies dont les cabanes ont été détruites par le propriétaire du terrain. Y résidait alors quelques personnes, en marge des constructions sur la colline qui compliquent l’accès à la plage. Vous l’aurez compris, l’endroit a certainement perdu de sa saveur d’antan. Malgré tout, l’endroit reste très beau, calme et propre, et certaines personnes disent y avoir aperçu des dauphins.
Nous reprenons la route pour le village, tout en saluant les passants… et cette vache qui commence à trotter dans le sillage de notre scooter. Tout est paisible.
Nous nous arrêtons un instant sur les hauteurs de Kudlee Beach pour admirer le coucher de soleil et l’immense terrain de cricket improvisé où se joue un match qui semble sans fin (du cricket, en somme !). Cette pente herbeuse bordée de roches jusqu’à la mer est parsemée d’étranges cailloux noirs, nous offrant un paysage peu commun.
Les joueurs de cricket. Ma pellicule n’est pas d’une grande aide lorsque le soleil décline (ça + le téléobjectif, mon appareil n’a pas pu faire grand chose !)
Nous finissons la soirée par une baignade nocturne dans la déserte Kudlee beach, enrobée d’une lumière rosoyante.
Des petits potes.
Vendredi 24 avril
Après un petit déjeuner dans la chambre, nous partons explorer à pied les recoins de Gokarna toute la matinée. Le barbu en avait fait une entière pellicule avec son Vivitar… que nous n’avons jamais retrouvée. Qui sait, lors de notre futur déménagement, elle réapparaitra peut-être ?! Néanmoins, voici un endroit plutôt atypique du village : le Koti Tirtha tank. C’est un bassin artificiel utilisé pour les baignades rituelles et un lieu très sacré pour les locaux. En début de saison sèche, il n’y avait plus d’eau dedans, mais le lieu est impressionnant, et les quartiers aux alentours très sympathiques.
Nous déjeunons dans un restaurant où nous découvrons du fromage fabriqué localement, que le barbu déguste sous forme de hamburger. Assez sublaïme comme dirait Cristina Cordula (qui n’a pourtant rien a voir avec le fromage).
Et puis, à 15h30. Nous prenons le train pour Hassan. Cette fois-ci nous n’avons pas de réservation, nous sommes en « passenger train », soit la « dernière classe », où il n’y a pas de place attribuée. Un peu comme le métro là. Sauf qu’en fait nous n’allons pas à Hassan. Et qu’on va faire 18h de train (enfin ça on ne le sais pas encore). La suite au prochain épisode !!!
PETIT TEASING : il y aura du train, du palais de Marahjaa, des meutes de chiens, du semage de mec relou vite fait bien fait, une queue comme pour le Space Mountain sauf qu’en fait c’est pour aller au temple… et bien d’autre réjouissances !
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