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Nagaland et Manipur : cahin-caha, glagla et poneys de polo

By 28 février 2016 Carnets de Voyage, Inde du nord, Vidéos

Et oui, après notre délicieuse semaine sur l’île de Majuli en Assam, nous avons repris la route en Inde du nord-est, toujours en direction de la Birmanie. Prochaine étape visée : l’état du Nagaland et ses tribus nagas.

Nos comparses de la guesthouse nous avaient parlé du Nagaland dont ils arrivaient et nous avaient donc conseillés de nous rendre à Saunali et prendre un Sumo pour le village de Mon dans les montagnes Nagas au nord de l’état. Les derniers arrivés de Mon à Majuli, Laura & Cornelius nous avaient également dit que la piste pour redescendre de Mon était très boueuse en raison de fortes pluies et que leur trajet avait été dangereux. Mais bon, pour moi le Nagaland, c’était resté coincé dans ma tête depuis qu’ils y avaient fait un tour dans l’émission de télé « Pekin Express » (même pas honte), donc je voulais aller voir (et pas que pour ça, je vous rassure !).

NE_RegionAvec une jolie carte, on comprend mieux ! (vous pouvez zoomer en cliquant sur la carte, cette fois l’action se situe dans l’est de l’Assam, le Nagaland et Manipur.

trajet
Notre trajet… expliqué ci-dessous.

Jour 1

Nous reprenons donc le ferry depuis l’île de Majuli, (rien de terrible pour nous, pas comme Brice), moi j’ai eu une place assise en bas tranquille, et Laura la Hollandaise m’a rejointe donc on a discuté tout le trajet. (Après nous le trajet a duré seulement une heure, je soupçonne le port de ferry d’avoir changé de place depuis le passage de Brice). Puis nous sautons dans le mini-bus jusqu’à Johrat. Marchons jusqu’à la gare de bus. Prenons un bus pour Sivasagar. Passons une nuit à Sivasagar.

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Jour 2

Le lendemain, première heure, nous prenons un bus pour Sonari.

Les paysages assamis sont magnifiques, avec les rizières, les forêts, les canaux et bassins d’irrigation, les rivières et les petits ponts en bambous pour rejoindre les maisons… les maisons de poupées en béton toutes colorées et rigolotes, les maisons traditionnelles en bambou tressé, les filets en carlin, les barrières en fin bambou coupé en deux puis assemblés en losanges ou carrés, les cultures de légumes bien organisées en petits carrés, les animaux qui vont et viennent librement.

Une fois à Saunali, nous nous hâtons de trouver un café internet pour encore, essayer de payer notre permis pour pouvoir passer la frontière avec le Myanmar… toujours sans succès, notre opérateur téléphonique Free étant bloqué dans ces états et nos banques envoyant des SMS pour confirmer le payement en ligne. Mais on a fini par trouver une solution ! Puis nous partons chercher la gare des sumos (jeep partagées) pour nous rendre à Mon, au Nagaland.

Nous marchons un kilomètres et demi jusque devant l’hôtel « seven sisters » où il y a un bureau pour booker les sumos et là : pas de véhicule, rien. Un mec est là au bureau des bookings et nous dit qu’il n’y a pas de sumos aujourd’hui, à cause d’un glissement de terrain, la route n’est pas praticable.

Demi-tour, donc.

Nous prenons cette fois un auto-rickshaw pour retourner à la gare des bus, attendons que le mini-bus se remplisse et retournons à Sivasagar où nous passerons une nouvelle nuit… et continuons à chercher un water-heater, notre nouvelle obsession depuis qu’Eric nous en a parlé à Majuli. On veut se faire du thé ! Malgré tout, on s’achète 200 grammes de thé d’Assam et une tasse en métal chacun.

On visite un peu Sivasagar, c’est une ville plutôt sympa avec cette immense bassin et ses temples.

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Sivasagar-3

 

Jour 3 : on entre au Nagaland

Le lendemain matin, nous prenons un bus très tôt pour nous entrer au Nagaland par le sud (au milieu il n’y a pas vraiment de route empruntée par les transports en commun). Un premier bus pour retourner à Johrat puis un mini-bus pour aller jusqu’à Dimapur, à la frontière Assam-Nagaland (environ 5h de route depuis Johrat). La route est toujours jolie mais qu’est ce que ça tape les fesses ! A Dimapur nous trouvons un hôtel bon marché très bonne qualité prix, mais harcelée par trois moustique je fermerai à peine l’œil de la nuit.

Dimapur-3

DimapurJ’ai été très intriguée par ces magasins d’armes (fermés ce jour là)Dimapur-1

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Jour 4 : vers l’infini et Kohima

Au petit matin, nous marchons dans la ville de Dimapur à la recherche de la gare de bus. Nous achetons nos places au guichet puis grimpons dans le bus, après avoir enfin trouvé quelqu’un pour mettre nos gros sacs sur le toit. Je m’installe devant où il y a une barre pour que mes genoux rentrent… et un autre passager du bus, qui lui est installé au fond vient me voir et commence à m’enquiquiner avec les numéros de place… et oui on a des numéros de sièges, première nouveauté en Inde. Et les nôtres sont tout au fond devant la banquette. Moi –qui n’ai pas dormi de la nuit et vient de me taper trois jours de bus tape-cul- je pète un peu une durite et mes nerfs commencent à fissurer mais vais quand même « m’installer » à cette place, en grommelant, furieuse.

Il faut dire que ce bus public Naga est pire que tous les autres transports en communs qu’on a eu avant au niveau confort. Des banquettes de trois sur le coté, un intérieur qui a l’air d’être tout en bois et la place des sièges prévus pour des gens qui font 1m30. Mes 1m81 sont durs à caser dans des espaces exigus comme cela (mais dans des cas comme ça je pense aux géants russes que l’on a rencontrés dans le Sumo pour Darjeeling et je me dis que mon cas n’est pas si pire). On fait donc la route : le goudron est correct, moins de trous qu’en Assam. Par contre c’est juste une succession de virages secs et nos compères indiens, comme toujours, s’en donnent à cœur joie par les fenêtres.

On arrive à Kohima, où la circulation est littéralement bloquée : les véhicules le moteur coupé à l’entrée de la ville. Après une heure de bouchons on fini donc par descendre du bus et finir la route à pied. Pour une fois, on a réservé un hôtel un peu « bien » (et au dessus de notre budget). C’est l’hôtel Heritage, qui est très charmant, avec son style d’époque coloniale… mais l’isolation est d’époque aussi. Traduction : on est à 1 200 m d’altitude au mois de décembre et ça caille sévère. Et il n’y a pas de « chauffage » vraiment dans ces coins là. C’est « extra-blanket » (couverture supplémentaire) et parfois petit radiateur électrique. Il y a vaguement le wi-fi à l’hôtel, quand il fonctionne… ce qui nous permet d’envoyer quelques mails et de discuter sur facebook mais gère plus. On se balade dans la ville le soir à la recherche d’un resto, amusés par les décorations de noël : et oui ils sont chrétiens au Nagaland, les missionnaires ont bien bossé…

Mais comme tout ferme à 19h on doit se rabattre à l’hôtel, heureusement le restaurant est délicieux !

Victoire du jour : on s’est fait offrir une passette à thé et du sucre au marché! Il ne nous manque plus que le fameux water-heater maintenant.

Kohima 1Vue sur la ville, toute en collinesKohima 5

Kohima 4

Kohima 2

Kohima 3Une magnifique crèche 😀Kohima 6Des décorations de noël

Kohima 7à l’hôtel (c’est une fausse tête de buffle, je vous rassure)

Jour 5

Notre jeune de l’accueil de l’hôtel Heritage nous aide à chercher un autre hôtel (trop sympa), ayant jusqu’à emmener le Chti sur sa moto jusqu’à un autre établissement… mais soit les numéros de téléphones ne fonctionnent pas, soit ils ne répondent pas, soit les hôtels sont fermes pour les fêtes (merci les chrétiens). On finira donc par se rabattre par une option chère, après s’être renseignés à la gare des bus et à l’internet café sur Imphal et l’état du Manipur (plus au sud) car c’est là que nous irons demain !

L’hôtel que l’on a réservé se trouve être en fait loin de tout et trop cher pour ce que c’est mais ça dépanne. Quand on est en galère, on est en galère hein. Kohima a l’air d’une ville très sympa, très jeune mais comme elle est sur des collines et complètement congestionnée par les bouchons permanents c’est quasi-impossible de la visiter en voiture/bus… ou à pieds (très grand !!). Et en décembre, il fait froid : entre -1°C à 15°C pour nous en fin de mois de décembre.

Kohima 10

Jour 6

Nous revoici dans un Sumo. Puis dans les bouchons. Puis sur des pistes de cailloux, représentée sur la carte comme la route principale. Et oui la pauvreté et la corruption ici ne se mesurent pas à l’habillement des gens mais celui des routes. Le Sumo nous dépose à un poste à la frontière avec Manipur. A partir de ce moment nous croiseront une quantité infinie de convois militaires et de militaires en armes patrouillant au bord de la route. Avec un jeune qui nous aide à nous dépêtrer de la situation « d’au bord de la route » à « dans un bus », nous prenons un taxi collectif qu’il a appelé, puis sautons dans le bus qui démarre presto. La route n’est pas mieux et on est sur la banquette, mais mon voisin de bus, un prof d’économie très curieux me fait la conversation et il est très intéressant.

Nous arrivons à Imphal à la tombée de la nuit et nous faisons déposer par le bus dans un coin où il y a plusieurs hôtels. L’hôtel Imphal qui était sensé être l’établissement du gouvernement avec des chambres pas chères a été racheté par la chaine de luxe « hotels Classic ». Donc notre bon plan tombe à l’eau. Nous visitons toutes les chambres aux environs et finissons par nous rabattre sur l’hôtel Tampha (nouveau bâtiment, pas l’ancien), 900 roupie la chambre simple avec grand lit, eau chaude, et télé branchée sur le câble pour une double occupation. On y restera quelques jours, même si c’est au dessus de notre budget (encore) mais ça fait une semaine que l’on bouge et on est un peu KO.

Imphal 1Des rues d’ImphalImphal 2

Imphal 5

Imphal 4

Imphal 3

Jour 7 à 12

Repos des voyageors à Imphal. Je parviens à finir mon article sur Kolkata dans un cybercafé sous-terrain, on trouve le water-heater (VICTOIRE!) et buvons des tas de thé tous les jours en mangeant des cookies vegan aux cramberies que j’ai trouvé et en regardant les chaines de cinéma (blockbusters) en anglais.

Dans l’état de Manipur, le tourisme se limite à Imphal, la ville dans la montagne de Ukrul (mais ça caille), le Loktak lake, quelques cascades et grottes dans des coins reculés, un barrage et voilà. D’un côté le tourisme n’a pas été favorisé par les problèmes avec la frontière Birmane au début mais surtout les troubles tribaux : certaines ethnies veulent leurs indépendances et d’autres tribus se battent entres elles. D’où l’omniprésence des militaires dans l’état. Nous on a pas ressenti de tension particulières chez les gens mais c’est en quittant l’état que l’on a fait face à des contrôles routiers tout le temps mais vraiment et dans un village j’ai aperçu une banderole « pour une paix tribale » avec des photos de personnes soulignées comme des « martyrs tribaux ». Mais c’est tout, rien de terrible ni d’effrayant, les gens étaient plutôt curieux et content de nous voir en général.

Nous passerons Noël en allant manger dans l’hôtel « le plus chic » de la ville, mais au final la bouffe, rien d’extraordinaire, mais on a bien rigolé ! (sachant que notre diner de Noël « extrêmement cher » selon nos critères indien et notre mini-budget nous a en fait couté moins de 10€ !)

Manipur-29Les douves autour du palais royal étaient en cours de rénovation, ils vidaient l’eau ce qui a donné lieu a une pêche sans relache des habitants avec des carlin, ces filets si caractéristiques.Manipur-28

Manipur-27Les portes du palais royal Manipur-34

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Manipur-30Notre petite chambre dans laquelle on est resté bien longtempsManipur-26

On a décidé de rester à Imphal jusqu’au dimanche car il y a une compétition de Polo qui démarre à ce moment là, sur le Mapal Kangjeibung, le plus ancien stade de Polo au monde.

Le polo, c’est ce jeu à cheval avec une sorte de batte comme au croquet mais plus long, une petite balle et deux buts. C’est dans cet état indien que les anglais ont découvert ce jeu. Ce n’est pas compliqué à comprendre et très divertissant à regarder.

J’avais entendu dire que le polo avait une réputation de sport violent pour les chevaux qui étaient épuisés à galoper dans tous les sens et qui se prenaient parfois des coups de crosse au passage. Mais bon de ce que j’en ai vu, ce n’est pas plus violent que du saut d’obstacle, du cross ou même du dressage. Les poneys sont sur le plat et galopent dans un champs immense. Cependant ils doivent faire des demis-tours serrés mais si vous avez déjà vu des chevaux dans un pré galoper comme des dératés ils font aussi des demi-tour de folies quand ils arrivent aux barrières, ou sur leur copain etc. Donc à part quand les cavaliers sont des gros bourrins et cravachent leurs poneys comme des dératés, le reste du temps j’ai trouvé que c’était un sport plutôt soft, et qui a l’air techniquement compliqué : taper une balle avec une crosse au grand galop et un mec qui te coince de chaque côté franchement ça ne me paraît pas simple. Les règles du jeu se rapportent en majorité à la sécurité des montures et des cavaliers. Pour éviter tout risque de collision entre les chevaux il est par exemple interdit de couper la « ligne de balle » d’un joueur en train de la pousser, il faut venir parallèlement pour tenter de lui prendre. C’est un jeu qui exige stratégie, rapidité, précision et fair play.

Vous pouvez en apprendre plus sur la race de poneys de Manipur, actuellement « en danger critique d’extinction » sur la page Wikipédia en français, plutôt complète ou cette page en anglais.

Manipur-25Lever de drapeau, la semaine de compétition peut commencer

Manipur-24Les photos avec les officiels

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L’arbitre, à cheval lui aussiManipur-17L’après match, des enfants s’entrainent avec les poneys entrés en fin de jeuManipur-16

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Manipur-14Et oui il monte en chaussettes-claquettes, Kirghize style !Manipur-13

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Jour 13

Attention, action, on bouge ! Vous sentez le nouveau fail arriver ? Le voici.

Nous partons au Loktak Lake, à 45 km au sud d’Imphal. Environ deux heures de route en théorie. Mais notre bus tombe en panne après 45 mn de route ! Quel dommage ! Nous voici donc au bord de la route à essayer d’arrêter un véhicule. Après 20 bonnes minutes nous pouvons grimper dans un bus qui se rend à Bishnupur, la ville à mi-chemin. A Bishnupur nous prenons un mini-bus pour Moirang qui nous pousse jusqu’au lac. Une fois au lac il n’y a que l’hôtel de luxe de la chaine du Classic (encore eux) qui a l’air charmant, donnant sur le lac, parfait pour observer les oiseaux migrateurs. Mais c’est très au dessus de notre budget et complet jusqu’au 31 décembre. Retour à Moirang. Il y a un autre hôtel dans la ville, le Lake View Hotel (qui est à plusieurs km du lac et donne sur une route)… et là, vraiment trop cher pour ce que c’est !! Dépités, on ne sait plus quoi faire, on va manger dans une cantine et restons les bras ballants. On avait prévu de passer une semaine à se reposer au bord du lac. Du coup on prend un auto-rickshaw pour retourner au centre ville, grimpons dans un mini-bus et retournons à Imphal. En passant à côté du stade de Polo, nous remarquons qu’il y a des matches et finissons donc cette journée à regarder le polo en grignotant du pop-corn.

C’est décidé, demain nous allons à Agartala dans l’état de Tripura. Deux jours de route en jeep partagée (12h-14/jour) pour une semaine sur place mais nous n’allons pas passer 10 jours à regarder le polo et la télé à Imphal ! 😀

En conclusion : le Meghalaya et l’Assam auront été super facile et agréable pour nous, on aura bien galéré avec le Nagaland et Manipur. Ce n’est pas que tout est compliqué… mais que rien n’est simple ! Mais le Nagaland doit définitivement valoir le coup à des saisons plus propices.

Manipur-7Le vendeur de jus d’ananas

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Meghalaya #2 : la cristalline rivière Umngot

By 8 février 2016 Carnets de Voyage, Inde du nord, Vidéos

Après nos quelques jours à Cherrapunjee et nos explorations dans la jungle à la découverte des ponts en racines, nous retournons à Shillong la capitale du petit état du Meghalaya, tout au nord-est de l’Inde. De là, nous reprendrons un Sumo (jeep partagée) pour découvrir la rivière Umngot à Dawki, ville frontalière avec le Bangladesh. Nous avons juste vu quelques images des eaux transparentes de cette rivière et nous n’avons pas pu résister à l’idée d’aller nous aventurer là-bas.

map dawki

Dimanche 6 décembre 2015 : De Cherrapunjee à Dawki

Jour de trajet. Après un café au soleil avec Anette, la dame danoise qui s’occupe de l’hostel By The Way à Cherapunjee pendant l’absence d’Heprit, nous prenons la route avec Simon le suisse jusqu’à Shillong. Si l’on ne met pas trop de temps à remplir la jeep et partir de Cherrapunjee, une fois à Shillong ce n’est pas la même. C’est dimanche, et on poireaute deux heures et demie avant que la jeep pour Dawki soit remplie. Après deux heures et demies supplémentaires de routes à virages au milieux de paysages splendides, nous descendons la montagne et admirons plus près que jamais les plaines du Bangladesh. Nous traversons la fameuse rivière Umngot qui tient ses promesses : l’eau est vraiment cristalline ! Au moment d’entrer dans le village nous apercevons les cousins, nos deux compères indiens qui étaient aussi chez Byron à Nangriat. Ils nous disent qu’ils n’ont pas trouvé d’endroit pour dormir et repartent à Shillong, mais eux ont quand même passé la journée ici.

Nous allons nous mettre quelque chose sous la dent accompagné par un jeune homme qui dit vouloir nous aider mais à part débiter un flux de paroles plus ou moins cohérentes il ne se montre pas vraiment utile dans notre quête d’informations. Le patron du restaurant nous glisse qu’il est saoul, qu’il faut arrêter de lui parler et donne des infos au Barbu. Moi je poiraute avec les sacs et le poivrot. On cherche un véhicule pour aller au village de Snongpend (pronconcez Snongue-prleng). Il est situé plus haut sur la rivière dont nous a parlé la dame de l’office du tourisme et notre cher Along à Cherrapunjee. Mais c’est dimanche, peu de véhicule, une voiture part, déjà chargée à craquer. Le Chti va donc, sur le conseil d’un petit vieux avisé, à la resthouse du gouvernement, une maison verte au dessus de la route après moultes marches.

Where do you come from ?

Do you have a passport ?

(il grogne). OK. You can stay.

Une fois les sacs déposés dans la chambre, nous nous dépêchons pour ne pas manquer le coucher de soleil sur la rivière Umngot mais c’est juste ! Au bord de l’eau il y a des dizaines de barques fines en bois. Un monsieur s’assoit à coté de nous, discute, nous propose de louer sa barque, il va faire nuit donc non, il rediscute. Et nous dit que la frontière du Bengladesh est « juste là ». Il peut nous emmener. Je pense qu’il entend qu’il faut traverser la rivière mais non… il nous emmène à côté des barques. Il y a deux militaires, un en armes.

« Le cailloux là, c’est la frontière ».

Une photo publiée par RORYYYY (@roryofroom) le

Coucher de soleil sur le Bangladesh et la rivière UmngotDawki-1

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Le supérieur des militaires discute avec nous, nous dit que l’on peut aller acheter des « snacks » aux bengalis amassés là avec leurs petits stands. Ils nous accueillent avec d’immenses sourires et nous font gouter de sortes de grosses cerises confites mais salées et pimentées, on leur prend un cornet et repassons de l’autre côté du caillou. Les militaires veulent prendre des photos avec nous, et sont ravis de nous parler. Le chef nous accompagne ensuite au « centre ville » et nous indique un restaurant ouvert le dimanche (et oui, le Meghalaya est majoritairement Chrétien, les missionnaires s’en sont donnés à cœur joie, même si certaines personnes dans les villages sont restées animistes). On va boire un thé chez le premier restaurant et remercier le patron pour son aide, puis nous installons dans la rue en attendant d’avoir faim. Le chef des militaires repasse par là, et un autre poivrot se jette sur nous. Son acolyte, qui ne tient vraiment plus debout chante accroupi près du fossé. Après de multiples assauts du premier brave homme imbibé qui veut que l’on aille chez lui, nous finissons par nous échapper en allant au restaurant. Pas vraiment de choix, d’autant plus quand on ne mange pas de viande : ça sera riz et dal (lentilles au cumin) et chana (poids chiches). Dans le coin je risque d’avoir un régime basique. Le Barbu a droit à un bout de poisson frit qui n’a absolument aucun gout (d’ailleurs au début il ne savait que c’était du poisson). Mais le Dal, le Chana et les piments sont bien bon !

Alors que l’on s’assoit sur un muret devant la government resthouse, quelqu’un saute subitement sur le Barbu… oh non, notre poivrot est de retour. A un moment, mon Chti lui dit en français :

«C’est bon t’as fini de me toucher avec tes mains sales là ? »

Et l’autre qui répond, au tac au tac :

« No ! »

Evidemment, on se marre. Je rentre à la chambre, « surveillée » par le moustachu méfiant, et protégée par des barreaux partout. Une protection contre les imbibés de l’alcool du coin? En tous cas ce village fait très « western ». Demain, ça sera lundi, et on trouvera une voiture pour aller à Snongpdeng.

 

Lundi 7 décembre 2015 : Snongdpeng

Taxi trouvé, malgré un chauffeur qui essaye de nous entuber sur le prix. La route se couvre progressivement de bosses, trous, cailloux. Nous arrivons en cahotant au village après avoir perdu une fesse dans la bataille et nous trouvons devant un plan : apparemment il y aurait un homestay en bas du village, juste au bord de la rivière Umngot et un autre au bord de la route. Pas d’hésitations ! Nous traversons le village par des petites allées bétonnées et escaliers, c’est tout à fait charmant il y a même des chainettes le long du chemin. Les habitants des jolies maisons, certaines en béton coloré, d’autres en bois, nous saluent, les enfants nous gratifient de sonnants « HELLOOO ! Bye Bye ! » et nous finissons par trouver le homestay, une cabane en bois toute neuve sur deux étages. C’est mignon comme tout. On négocie avec le patron et nous voici installés pour trois ou quatre nuits. Alors que sa femme change les draps et passe un coup de balais, voici une poule qui sort de la chambre en gloussant, le balais à ses trousses ! Elles s’envole depuis le balcon et la femme sort la tête de la chambre avec deux œufs dans les mains. Voici qui n’est pas commun. Le Barbu qui est parti faire un tour dans les environs en revient enchanté, et nous allons manger un riz-chana-thé (ce que je suppose être notre régime pour les jours à venir) au petit tea stall au bord de la rivière.

L’après midi, il partira en exploration avec sa canne à pêche et se trouvera une jeune accolyte qui le déposera en barque avant d’aller jouer au foot avec les ados du villages tandis que je me reposerai puis irai faire une lessive dans un bras de rivière. J’ai rarement vu aussi belle machine à laver.

Le villageUmngot mobile-6

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La rivière Umngot <3Dawki-4

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Le riz, les poids chiches (chana) et les piments grillés… un délice !Dawki-29

Le soir, nous allons voir le match de foot au village. Il y a 30 à 34 joueurs sur le terrain sur un petit champs, c’est plutôt comique. Puis, lorsque la nuit tombe, nouveau riz-chana-piments-thé mais cette fois au thé stall au bord de la route, au son de la musique jouée par les voitures des jeunes qui font taxi. Au Meghalaya les gens parlent plutôt bien anglais, car ils n’apprennent pas l’Hindi à l’école, mais le Khasi (la langue locale) et l’anglais. On peut donc discuter facilement avec les autres clients ce soir là.

Une fois au lit, nous sommes surpris d’entendre des chants… ça doit être à l’église, mais des chants d’église au coucher on n’avait encore jamais vu.

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Mardi 8 décembre 2015 : Où est Wanti ?

Le vent souffle toujours ce matin. Je me réveille au son des cocoricos. Petit déjeuner au tea stall, journée toute en lenteur. Les enfants nous saluent, les femmes sourient, on discute. L’après-midi, nous devons retrouver Wanti pour qu’il nous emmène plus haut sur la rivière Umngot avec sa barque, vers les « rapides ». Mais il est introuvable… Sa mère nous dit qu’il est parti de l’autre côté, sur la plage vers les tentes canadiennes, pour aller couper du bois. On l’attend sur la plage. Il est 15h, le soleil a arrêté de cogné, il est passé derrière la colline. Je me plonge dans mon bouquin, assise sur un rocher, puis voilà son cousin qui arrive. Il fait de grands signe au Barbu et lui dit d’attendre. Quelques instants plus tard, voici Wanti qui arrive. Ils déchargent l’embarcation de son bois et de fruits de palme, puis nous dit de grimper. Nous voici en train de glisser sur cette eau sans remous, et dont on voit le fond. Cela doit être encore plus impressionnant avec le plein soleil. J’observe les poissons, les plages au bord de la rivière, la forêt dense et toutes ces formes de feuilles qui se mêlent. Le bateau avance lentement, à la rame. Après une bonne vingtaine de minutes, nous atteignons la petite chute d’eau entourée de gros rocher. Nous débarquons et escaladons ces immenses blocs pour trouver un coin propice à la pêche. Il s’agit d’un gros caillou au milieu de la rivière. Pour le rejoindre, il faut marcher sur un tronc d’arbre et escalader des bambous installés là, le tout au milieu d’un fort courant. De là, nous pouvons voir des poissons énormes… mais peu intéressés par des leurres en plastique, heureusement pour eux. S’ils sont devenus aussi gros, c’est surement car il sont assez malins pour ne pas se faire attraper par les nombreux pêcheurs du villages qui posent des lignes partout !

Nos deux jeunes amis nous abandonnent pour aller jouer au foot, et disent qu’ils viendront nous chercher dans une heure. Il ne vont pas nous la faire à la guide kirghize, Wanti était bien venu rechercher le Barbu la veille.

Je me trouve un bon rocher pour reprendre ma lecture, puis commence à avoir froid. L’humidité de la rivière et la nuit tombante n’y sont pas pour rien. Notre Chti national, lui, a trouvé un nouveau rocher d’où sauter. Pour le hisser de l’eau depuis les roches glissantes, je dois le tirer avec un bâton, notre équipée fonctionne bien. Nos amis arrivent avec la tombée de la nuit. C’est donc dans la quasi obscurité que nous ferons notre retour. Lumière basse et eau noires. Quelques pêcheurs avec des lampes. Des mots échangés en Khasi de barque à barque. Débarquer dans le noir à la lueur du téléphone, en prenant garde de ne pas glisser sur les rochers.

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Ce soir, nous avons accepté de prendre à manger au homestay. Vers 18h30 (il fait déjà nuit noire) la mamie et sa fille arrivent les bras chargés de plats. Du riz, du chou et des patates cuisinés, du dal aux fleurs de bananiers, du pickle maison et des carottes et concombres crus découpés. Un régal ! Et nous pouvons nous resservir deux fois. Après quelques jours de régime riz-chana, un peu de diversité nous ravi l’estomac !! C’est le ventre bien bombé que nous irons nous abriter du vent sous les couvertures.

Mercredi 9 décembre 2015 : barque-stop

Cocoricos. Vent. Faim de loup. Nous partons faire la tournée des tea stall afin de remplir nos estomacs vides. Grosse portion de riz-chana pour moi, biscuits secs trempés dans le thé au lait pour le Chti. Miettes dans la barbe. Ronchonchons.

Nous redescendons dans le village nous fournir en provisions pour éviter les matins affamés et faisons une pause au bord de la rivière, suivi par le chien pouilleux et un grand noir et fauve. L’eau est verte, turquoise, toujours aussi translucide. On observe poissons et têtards. Un peu plus haut, une femme fait la lessive. En face, des jeunes et leurs paniers s’enfoncent dans la jungle pour aller y couper du bois. Le vent, qui s’est calmé, fait danser les bambous.

J’ouvre la porte de la chambre et y déloge une fois encore la poule rousse qui aime bien pondre sur le lit de droite. D’un « cot cot codec » outré, elle ne demande pas son reste et prend la poudre d’escampette par la porte d’entrée.

Aujourd’hui, on part en excursion sur la rivière Umngot. Dans notre tea stall préféré nous trouvons une bonne âme qui accepte de nous déposer sur une plage en échange de son riz-chana et de son thé du matin. Il nous dépose donc sur une rive, le Chti s’active à débusquer les poissons Khasis tandis ce que je fais un brin de lessive sur un caillou, entourée de gros têtards et alvins. Une petite chienne rousse s’approche et vient dormir non loin de moi, mais pas trop près quand même, on ne sait jamais ! Après notre pique nique dans les feuilles de bananier, on est un peu trop à l’ombre de ce côté ci de la rivière. C’est le moment que choisi un bateau avec trois adolescents dedans pour passer devant nous. A renforts de grands signes on parvient à se faire embarquer et déposer un peu plus loin sur l’autre rive. On a du caillou à escalader, c’est sérieux. Mais le Barbu fini par trouver la plage où il voulait aller et s’en va a ses occupations pendant que je lis les aventures de mon indien bedonnant qui traverse l’Inde en Royal Entfield. Alors que le soir tombe et que nos chances de nous faire ramener au village s’amenuisent (on ne peut pas longer la rivière pour rentrer : cailloux, falaises et jungle trop dense inaccessible) je commence à taper dans les gateaux du chti qui sont pourtant contre mon éthique alimentaire. On décide de se rapprocher le plus possible du village et on fini coincé par une falaise. On s’installe alors sur un gros caillou d’où on a une vue panoramique et où le péchor peut pécher. Alors qu’il vient de coincer à nouveau son fil, mais cette fois dans une installation d’un pêcheur local, notre ami Willy que l’on a rencontré deux soir plus tôt apparaît dans toute sa bonhommie sur une petite barque. Il rame tranquillou et vient libérer la ligne du Chti. Et lance un « you want to get back ? Or later ? ». Aussi simple que ça. Un peu plus tard il nous ramènera en nous posant des questions sur l’éducation en France, à quoi ressemble le Kirghizistan… et nous payera même un thé, malgré nos protestations pour débourser quelques roupies.

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Dawki-24 Déjeuner empaqueté dans une feuille
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Dawki-27 Un petit visiteurDawki-30Le soir tombe, nous faisons du stop-barque juchés sur un gros rocherDawki-31

Jeudi 10 décembre 2015 :

Ce matin notre poule de compagnie a encore frappé : après avoir tenté deux incursions aériennes, elle a fini par simplement prendre la voie royale en entrant par la porte avant de s’installer dans son coin de lit préféré pour pondre !

Pas gênée notre poulette !Umngot mobile-9

La voici en train de vocaliser dans un arbre, qui a dit que les poules ne volaient pas ? 😀Dawki-21La vue de notre cabaneDawki-22

Journée tranquille, entre thés et chana à notre tea stall préférée au bord de la rivière Umngot. On discute à nouveau pas mal avec le jeune, sa mère étant au marché à Dawki, comme la moitié du village aujourd’hui. Il nous dit qu’il est triste que l’on s’en aille.

Dernier diner à la cabane. Pouillu est là, à se gratter au pied de la table. La poule est dans son lit, elle dort, certainement sur un œuf. Wanti et son cousin viennent nous saluer, et les gens de l’église à côté se mettent à chanter, comme tous les soirs.

Notre guesthouse dans le village :

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Nous reprendrons la route le lendemain matin… un peu trop en avance car mon portable s’étant mis automatiquement sur le fuseau horaire du Bangladesh, différent de celui de l’Inde, on s’est retrouvés à attendre une jeep très tôt le matin avec la seule compagnie des poulets et des chiens.

Pour vous aussi glisser en souplesse sur la rivière Umngot, je vous invite à visionner ma petite vidéo !

Musique : Rubin Steiner – Que Bonita es la Vida

Nos aventures continuerons désormais dans le splendide état de l’Assam et l’une des plus grandes iles fluviales, grignotée par les flots impétueux du mythique Brahmapoutre.

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VIDEO: Meghalaya, piscines turquoises et ponts de racines

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Nous passerons quelques jours dans la jungle à la recherche de ces ponts, de piscines naturelles turquoises où se baigner et cascades impressionnantes. (Attention, ce film contient un effet spécial détonant !)

Si vous souhaiter en savoir plus, allez lire l’article en entier. 🙂

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Map cherapunjee

Pour les flemmards de la lecture, la VIDEO c’est par ici ! 😉

Lundi 30 novembre 2015 : en route pour le Meghalaya

Nuit compliquée pour moi dans le sleeper, alors que les deux derniers trains de nuit j’ai dormi comme un bébé avec mes boules quies et la capuche sur les yeux, cette fois, ça ne fonctionne pas. Nos voisins sont évidemment super bruyants et je crois que mes boules quies ont énormément perdu de leur efficacité. Le Barbu discute avec un monsieur qui nous renseigne en fumant à la porte du train, mais il oublie de lui faire confirmer la station et nous nous trompons de gare. Elle est petite et propre, ce qui est très étrange pour une gare de capitale d’état. Normal… ce n’est pas la bonne. Nous réaliserons vraiment cela que lorsque l’auto que nous avons engagé (200 Rp arrrrghhh) nous conduit à la bonne gare après 45 bonnes minutes de zigzag dans la ville et les bouchons. Bon finalement on est quand même au bon endroit pour prendre un bus ou jeep partagée (« sumo ») pour Shillong la capitale du Meghalaya. Après avoir fait le tour des comptoirs de bus on nous dit qu’il n’y a plus de bus qu’ils sont tous déjà pleins, on va donc au comptoir des sumo où on finit de compléter une jeep et partons sur le champ. La route pour Shillong est une sorte d’autoroute qui ne fait que monter en serpentant, les gens ne klaxonnent quasiment pas et le Barbu se découvre une nouvelle passion culinaire pour les sortes de galettes de purée de patate aux piments frites lors d’une pause. Le lac-barrage avant Shillong est très beau, entouré de forêts. Nous arrivons en ville où nous sommes déposés on ne sait pas trop où, nous marchons donc jusqu’à le découvrir, essayons l’auberge de jeunesse sur laquelle on tombe par hasard mais c’est plein (et le réceptionniste est tellement pas sympa !) mais au moins on a un point de repère. On longe le lac du centre ville, très mignon et propre, avec les ados qui font du pédalo dessus. Après de nouvelles péripéties d’hôtels complets ou trop chers, le Barbu nous dégotte un joli hôtel dans le « police bazard » (le centre ville, beaucoup moins charmant) où nous aurons une chambre moitié prix sur un bungalow en bambou sur le toit, avec lit confortable et douche chaude. Et on en a bien besoin, mon dernier passage à l’eau remontant à Darjeeling et le seau d’eau bouillante dans la salle de bain à 4°C.

Une fois installés nous allons voir la dame de l’office du tourisme, très aimable et serviable qui nous renseigne un peu plus et confirme quelques choix pour notre itinéraire dans le Meghalaya. Ces états du nord est étant encore peu touristiques, il est parfois compliqué de trouver des infos à jour et intéressantes. Nous voilà fixés, demain, nous irons bien à Cherapunjee, voir ces fameux « root bridges » : des ponts « vivants » en racine et des paysages apparemment incroyables.

Mardi 1er décembre 2015 : Cherapunjee

Nous nous réveillons dans la cabane en bambou avec les rayons du soleil et après un petit déjeuner nous sortons au police bazar pour dégoter un bus. Evidemment les gens que nous croisons nous disent que les bus sont partis à 8h, et veulent nous emmener en taxi pour 1 200 RP (le bus c’est 40 Rp pour comparaison). Une femme d’un couple de backpackers indiens me demande où je veux aller, je lui demande où elle veut aller, et c’est la direction opposée. On tourne en rond entre les guichets, pas d’info. Alors que l’on se retrouve à nouveau encerclés de taxis qui nous proposent des prix indécents, la baroudeuse indienne revient vers moi et me dit : pour les jeep partagées (sumo), il faut aller à bara bazard, ça sera 70 Rp. Le guichet des jeeps pour Cherapujee est au premier étage. Pour aller à bara bazard vous pouvez prendre un bus depuis le rond point ça sera 10 Rp. Et elle s’en va ! Notre sauveuse !!

On suit donc ses indications, sautons dans le premier bus que l’on trouve et nous voici à « bara bazar », une longue rue. On demande aux gens où est le Sumo counter, certains ne savent pas et pointent le bras vers une direction aléatoire après avoir fait une moue. Et oui, l’indien ne dit pas « désolé, je ne sais pas », il ne dit rien et pointe son bras dans une direction. Et n’espérez pas avoir plus d’informations du genre « prenez la seconde rue à droite » ou une idée de distance. Il faut donc demander à plusieurs personnes, quand vous avez plusieurs bras qui se tendent dans la bonne direction, foncez, et redemandez votre chemin régulièrement jusqu’à enfin, vous trouver devant, pour notre cas, un immense parking avec un étage, rempli de jeeps jaunes. Il nous faut monter au premier étage par la rampe des voitures, aux côtés d’hommes qui portent des sacs en toiles à la force de leur tête (et oui, ça a l’air lourd).

Une fois les taxis pour notre destination trouvés, nous devons en laisser partir deux qui était déjà quasi pleins mais qui n’avaient pas de barres sur le toit pour mettre les sacs à dos. Alors que nous patientons, Etienne se fait inviter à s’asseoir par une femme qui vend des oranges. Malgré la barrière de la langue, elle lui pose des questions, essaye de communiquer, loin d’être farouche comme la plupart des femmes indiennes dans d’autres états (pas au West Bengal non plus, j’en conviens). Alors qu’il s’est trouvé une nouvelle vocation en vendeur d’orange dans un parking de jeeps jaunes, nous devons y aller, une mamie essaye de nous piquer une place sur la deuxième banquette de la voiture. Non mais ho !

Une photo publiée par RORYYYY (@roryofroom) le

Nous voici donc partis, et après avoir quitté les rues pentues et embouteillées de Shillong nous revoici dans la nature. Le début du trajet est entouré de camps et villes militaires, puis viennent les rizières, les carrières et enfin le premier « canyon », qui s’ouvre sous nos yeux. La route est en excellent état, mais alors que nous arrivons plus haut en altitude la brume et les nuages nous bouchent les paysages plus montagneux. Nous arrivons finalement à Cherapunjee, on nous dépose au marché. A peine descendus on part à la recherche d’un restaurant avec aucune idée de l’où on va dormir… et nous croisons deux occidentaux barbus. L’un qui a l’air de bien connaître le coin nous indique des restos… et finalement l’endroit où ils dorment, le repaire de backpackers du coin, apparemment. Et tiens voilà le patron qui est là, l’air bonhomme, des dreadlocks sur la tête. Il s’appelle « Abred » et est né dans le village, voici trois ans qu’il a crée sa guesthouse « by the way » où la nuit est à 250 Rp par personne !

Nous nous entassons donc comme des sardines dans un petit taxi avec d’autres passagers et dix roupies plus tard nous voici à la guesthouse. Comme le patron est encore au marché, nous déposons nos sacs, partons à la recherche de nourriture et visitons le village.

montage insta

Le village est très sympa, ce côté un peu au milieu de nul part mais la brume nous empêche d’avoir un horizon trop lointain. Nous retrouvons nos compères, deux israéliens dont l’un est ici depuis presque un mois, le second a fait à peu près le même parcours que nous Inde-Népal-Inde ainsi qu’un suisse allemand qui est aussi tombé amoureux du lieu près des ponts en racine et veut à nouveau y retourner. Cela s’annonce de bon augure ! Après un restau tous ensemble, nous allons nous cailler / coucher. Demain, la nature.

Cherapunjee-2 Quelqu’un qui fait sécher quelque choseCherapunjee-3

Cherapunjee-4

 

Mercredi 2 décembre 2015 : les ponts vivants

Réveillés par le froid et le soleil, nous prenons un petit déjeuner avec nos compères dans une Tea Stall fait un délicieux thé de Shillong (nous avons aperçu quelques plantations sur la route) et un bol de gras et cervelle de porc pour le Chti…

Along qui est ici depuis un mois nous emmené acheter les succulentes sucreries que nous avons gouté la veille : il s’agit de pate et de sucre liquide, après les secrets de la recette je ne les connais pas mais c’est croustillant, moelleux et étonnamment pas très sucré !

Le biscuit en question :

Une photo publiée par RORYYYY (@roryofroom) le

Après cela, on se retrouve tous au bord de la route : Simon le Suisse doit aller réserver un billet de train à Shillong, un de nos israélis s’en va vers le nord, nous partons dans le village des root bridges et Along reste au village pour ses cours de vannerie.

Nous traversons un charmant village avant d’arriver à la fin du plateau, qui se finit abruptement parfois en falaises rocheuses, parfois en pentes très raides recouvertes de jungle. Au loin, nous devinons les plaines du Bangladesh et ses rivières. C’est bien plus bas : ces plaines se situent à -300 m du niveau de la mer et le sommet de notre plateau à 1000 m environ, autant vous dire que la route est constituée exclusivement de lacets !

On nous dépose dans un petit village : d’ici on a trois kilomètres à marcher avant de trouver les marches qui descendent jusqu’aux ponts vivants en racines. Le paysage est sublime, la diversité de plante incroyable et les gens que nous croisons nous saluent, souriant et nos posent quelques questions. On est un sur un petit nuage !

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Mais ensuite, ça se corse : les terribles marches pour descendre au village de Nongriat dans la jungle ont raison de nos genoux !

Au début, c’est pente douce, mais ça ne dure pas longtemps !Cherapunjee-16 Des papillons partoutCherapunjee-17 Ce n’est malheureusement pas la saison des orchidées (on ne peux pas tout avoir !)Cherapunjee-19

Cherapunjee-20 La végétation luxurianteCherapunjee-21

Mais lorsque nous arrivons en bas nous avons quelques surprises de taille :

Cherapunjee-22Des ponts suspendus… et un premier pont en racinesCherapunjee-23 Je fais genre mais en vrai je ne suis pas fière… ça bouge !Cherapunjee-24 Et ça remonteCherapunjee-26

Cherapunjee-27 De nouveaux ponts :Cherapunjee-28

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Après ces obstacles mouvants, plus que quelques marches (à monter, maintenant) et nous voici à la homestay de Byron, sa femme et leurs 5 enfants. Nous sommes accueillis par sa femme qui nous attribue une chambre, puis après un repas de nouilles sautées nous partons à la recherche de ses fameuses « swiming pool » : des bassins d’eau turquoise formés par des rochers le long de la rivière. Nous marchons sur un petit chemin bétonné entouré de jungle, des papillons colorés nous tournent autour… on a l’impression d’être dans le jardin botanique parfait.

Rejoindre les piscines naturelles s’avère ardu : après avoir traversé deux ponts suspendus, un en métal, un en racines c’est une véritable partie d’escalade et de contorsion entre les rochers qui s’opère pour rejoindre les piscines plus en aval. Nous ne parviendrons qu’à la seconde, la troisième étant juste parfaite, mais aussi parfaitement inaccessible sans prendre de risques inconsidérés. Ce n’est que partie remise !

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Le soir nous rencontrons Byron et nos nouveaux compagnons de homestay, un couple qui est arrivé dans le noir, émotions fortes garanties sur les ponts suspendus de nuit pour Christina qui a le vertige. La nourriture est délicieuse et abondante, et nous faisons plus ample connaissance avec le fameux Byron, hôte de ces lieux, un bien intéressant et curieux personnage ! Il nous parle un peu plus des gens de la tribu Khasi, prédominante dans cette partie du Meghalaya. Ils viendraient de nord thailande et étaient des guerriers. C’est une société matriarcale, ce qui est une exception en Inde : en effet, les terres et le nom de famille sont conservées par les femmes, car elles vivent plus longtemps et risquaient moins de mourir dans une guerre des clans. De plus, les terres et la maison reviennent à la fille cadette de la famille. Lorsqu’un homme Khasi épouse une femme, c’est lui qui doit déménager dans le village et la maison de sa promise et non le contraire !

Jeudi 3 décembre 2015 : la rainbow waterfall

Après un copieux petit déjeuner, nous prenons notre packed lunch auprès de l’adorable femme de Byron et nous voici partis en compagnie de Nikkil, il est indien mais a grandi dans le sud de la France puis a vécu aux USA avant de s’installer en Inde. Sa compagne Christina, est originaire du Nagaland et danseuse expérimentale (et trop choue !!). Je sais ça fait un peu Jean-michel, 59 ans électricien dans le Loir-et-Cher mais ce sont deux personnes super sympathiques et intéressantes. Nous visons la Rainbow fall, une cascade ainsi nommée car elle produirait un joli arc en ciel lorsque le soleil s’en mêle. Sur notre route néanmoins nous apercevons une piscine d’eau turquoise facile d’accès. Il fait gris mais tant pis, on se jette à l’eau. Nos deux comparses étant un peu fatigués de leur arrivée nocturne de la veille rebrousseront chemin alors que nous continuons notre ascension jusqu’à cette fameuse cascade… qui en cache en réalité plusieurs.

Encore des root bridgesCherapunjee-47

Cherapunjee-49 Dans la forêtCherapunjee-50 Tiens donc…Cherapunjee-51Voilà !Cherapunjee-59elle n’est pas chaude non plus 😉Cherapunjee-54

Après un bon déjeuner et quelques plongeons pour le Barbu, nous reprenons le chemin dans la forêt, saluant les travailleurs qui l’entretiennent, à la force de leurs bras et de quelques outils. Nikkil et Cristina rebroussent chemin, il est encore un peu malade.

Cherapunjee-60 Si papillon il y a… voici un cocon.Cherapunjee-61 Les escaliers artisanauxCherapunjee-62 Cherapunjee-64 En voilà une sacré cascade…
Cherapunjee-65 On fait nos photos d’indiens, pour de rire.Cherapunjee-66

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Cherapunjee-68Le déjeunerCherapunjee-69

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Sur la route du retour, entre le pont en racine et le long pont suspendu en métal, il y a également un petit pont en bambou créé directement sur l’arbre qui enserre de ses racines le massif caillou noir central. Allongés sur ce cailloux, nous observons un bien curieux ballet aérien : des dizaines et dizaines de libellules volent en tous sens d’une façon qui nous semble aléatoire. Nous découvrons leur capacité de faire des virages et demi-tours secs, c’est impressionnant.

Cherapunjee-81 Perchés sur le caillouCherapunjee-79

Le soir, c’est une grande tablée qui se partagera le repas préparé par Violetta et Byron : riz, pommes de terres et haricots, boules de soja en sauce, dal, pickle de radis, pickle de mangue, petits piments verts… un véritable festin !

Nous nous endormirons bercés par les chants de Byron à la guitare et l’orage qui gronde avant de déverser ses gouttes sur notre toit métallique…

Vendredi 4 décembre 2015 : le village voisin

Aujourd’hui nous décidons de nous rendre au village voisin, à une demi-heure de marche dans la jungle, sur un magnifique sentier, tapissé de feuilles. Evidemment, il y a encore des escaliers, mais ceux ci sont faits de pierres. Cette jungle est incroyablement belle et riche, parfumée de l’odeur fraiche de la terre forestière, du humus, de fleurs aux fragrances qui ressemblent au chèvrefeuille et parfois des notes d’agrumes. Il y a en tellement qui poussent ici. Avec nos deux compères de la veille, nous descendons les centaines de marches qui mènent du village à un double pont suspendu métallique et de là partons à la recherche d’une nouvelle piscine naturelle pour profiter de ce magnifique soleil de décembre. Une fois nos mollets rudement mis à l’épreuve, nous escaladons les énormes blocs de roche pour trouver un lieu de baignades. Après quelques acrobaties nous trouvons un nouveau bassin d’un joli bleu, tout en longueur. Je me jette dans l’eau cristalline la première alors que les autres lézardent au soleil la clope au bec.

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Cherapunjee-86 Encore ds marches !Cherapunjee-88 Un double pont suspendu
Cherapunjee-89Et la piscine !

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Mais après un moment, il faut bien remonter toutes ces marches, Nikkil et Christina doivent retourner à la civilisation cet après midi, nous nous séparons donc au village après des au revoirs « swety ». Alors que nous discutons avec des enfants devant une maisonnette au cœur du village, nous demandons à l’un d’entre eux de nous indiquer la voie vers le pont et la « rocky river ». Il nous accompagne volontiers, communiquant avec d’autres enfants dans la forêt par des cris qui ressemblent à ceux des singes. Nous marchons dans cette joyeuse cacophonie de cris d’enfants qui se répondent et finissons par tomber sur un petit groupe de ces bambins qui accompagnent une femme partie chercher de l’eau dans un des nombreux réservoirs disséminés dans la montagne. Un bambin cul nu est fasciné par le Barbu, il ne le quitte pas du regard et se marre. Notre petit guide nous emmène sur le pont suspendu et de là nous apercevons les gens du villages assis sur les pierres de ce qui doit être un torrent lors de la saison des pluies. Nous les saluons depuis le pont et accompagné du petit garçon, descendons les saluer de plus près. L’homme le plus agé parle bien anglais et discute avec nous alors que le Barbu se voit offrir une noix de bétel. Nous passons quelques temps avec le petit groupe avant de repartir sur le chemin de Nongriat. Notre guide nous montre un essaim d’abeilles dans un arbre et nous montre plein de végétaux, arbres et fruits en nous donnant leur nom en Khasi, le langage du coin. Un véritable petit botaniste ! Il nous accompagne jusqu’à la sortie du village et nous le quittons après une bonne poignée de main.

Notre petit guide a le sweet jauneCherapunjee-93

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Cherapunjee-102 De retour à notre villageCherapunjee-103

De retour à Nongriat nous nous jetons sur un plat de chowmein, affamés et relatons nos découvertes du jours avec Byron.

Samedi 5 décembre 2015 : on a trouvé notre piscine

Ce matin nous faisons un point budget et effectivement, on est à court de cash, on a même pas assez pour payer notre séjour il nous manque une centaine de roupies. Le couple d’israéliens nous avancent et nous leur laisserons un billet au By The Way à Cherapunjee. Nous devons donc repartir aujourd’hui. Nous décidons alors de finalement accéder à cette piscine naturelle turquoise que nous avions repéré le premier jour mais impossible d’y accéder. Grace à quelques infos récupérées ça et là, des incursions dans la forêt et l’aide providentielle d’un local, on parvient finalement à cette piscine tant convoitée ! Problème : on est samedi et le week-end, le village est littéralement envahi par des hordes de touristes indiens. Et là il y a tout un groupe sur un rocher au dessus de la petite cascade qui, comme nous il y a trois jours, cherche un moyen de descendre. Et je n’ai pas envie de faire bête de foire en maillot de bain, l’irlandaise que nous avions croisé lors de notre descente des marches nous avait que le samedi elle avait eu à s’abriter de hordes de paparazzis en goguettes. Et oui une occidentale en bikini c’est le degré ultime de la photo de l’indien voyeur. Et si il peut en plus incruster sa tête en selfie au premier plan c’est le gral du selfie.

La voilà !Cherapunjee-109 Une autre un peu plus basCherapunjee-110

Tadam !Cherapunjee-105

Une fois que la voie est libre, nous pouvons enfin nous glisser dans cette eau turquoise. Aujourd’hui le soleil tape fort et l’on sèche en une fraction de seconde, toujours entourés de papillon curieux. L’un s’est mis en tête de butiner les fleurs de ma robe.

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De retour chez Byron, nous faisons nos sacs, discutons un peu avec lui et c’est parti pour la montée des marches (pas celles-ci). Et ici pas besoin de tenue de soirée, car vous allez en suer ! Nous sommes impressionnés par le nombre de touristes indiens que nous croisons, des hordes d’ados habillés comme s’il allaient sortir en boite, une fille en talons (compensés mais quand même) qui a traversé les ponts suspendus. Et des mecs locaux qui comme nous montent… mais avec des énormes morceaux d’arbres sur le dos. On dirait du bois précieux certainement pour faire des meubles. Une fois en haut des marches il nous reste à remonter la route jusqu’au croisement ou nous pourrons trouver un véhicule pour remonter à Cherapunjee où nous attendent douche chaude, repas copieux et froid de canard.

Pour la suite, nous avons prévu d’aller nous cacher dans un autre petit village le long d’une rivière aux eaux transparentes, juste collé à la frontière Bengalaise. L’état du Meghalaya ne manque décidément pas de merveilles !

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