Après un mois passé au Kirghizistan, ce superbe pays montagneux qui présente une culture peu connue de nous autres : on ne nous parle à aucun moment de l’existence de ce pays à l’école. Par exemple, on sait vaguement juste que les pays en « stans », c’est l’ex-URSS. Le pays n’a pas son Lonely Planet mais un chapitre du guide Asie Centrale et le routard ne propose pas d’édition. Nous franco-français, nous voici avec bien peu de choix ! Voici des petites infos pratiques que je vous ai distillées… ainsi qu’une idée de notre budget.
Budget
Un peu moins cher que le Tadjikistan, notre budget journalier était d’environ 15€/personne (contre 18€ au Tadjikistan).
Les « Stans » étaient nos vacances, pour le reste du voyage nous cherchons plus à faire des économies et à travailler en volontariat. Cela faisait plus d’un an que je n’étais pas partie (depuis l’Inde) donc je me suis permise deux randos à cheval : incontournables dans ce pays même pour les non cavaliers alors imaginez moi fanna de randos à cheval !! Nous avons croisé pas mal de personnes qui faisaient du trek « sérieusement » et qui avaient leur réchaud, leur tente et qui donc devaient avoir des frais encore plus minimes… mais aussi quelques groupes de voyages organisés qui devaient coûter bonbon : chacun sa façon de voyager. Le pays est encore bien éloigné du tourisme de masse et axe son développement sur l’éco-tourisme je vous rassure !
Activités :
- une randonnée à cheval de deux jours (enfin plutôt un jour et demi) au lac Kol Ukok avec l’agence Jailoo incluant :
la location des deux chevaux, le cheval du guide, le guide et ses repas+ sa nuit en yourte, une nuit en yourte pour deux, le diner, le drop en taxi aller-retour depuis Kochkor = 8 000 KGS soit 103€ (51,5€ par personne pour deux jours).
Note : prix pouvant être réduit si vous trouvez d’autres personnes avec qui partir ! - une randonnée à cheval d’une journée à Kyzyl Oi où nous avons juste loué les chevaux sans guide à la journée (ils ont accepté car je sais monter). Prix du CBT : 600 KGS par cheval pour une journée soit 8,50€.
Pour le logement, les moins chers ont été nos nuits chez l’habitant : Erjan près du lac Song Kol et au jailoo de Suusamyr où nous avons été hébergés. Pour les logements « conventionnels »
- le moins cher : 300 KGS (4€) par personne en pension complète dans un homestay
- le plus cher : 600 KGS (10€) par personne dans une chambre double dans la capitale
- en moyenne sur une mois : 12€ par nuit pour deux personnes, incluant parfois le diner, parfois juste le petit déjeuner.
En ce qui concerne les transports :
- billet d’avion Paris-Istanbul-Bishkek (aller simple) : 250€ chacun avec la compagnie Pegasus, très fiable. Personne que nous n’avons rencontré ne s’en est plaint. Par contre elle est axée low cost donc il faut payer pour l’eau / la nourriture pendant le vol.
- billet d’avion Bishkek-Osh pour se dépêcher d’aller au Tadjikistan : 25€ par personne avec Pegasus
- Jeep collective Osh->Murghab au Tadjikistan (partagée entre 5 personnes) : on en a eu pour 35€ chacun (mais après il faut dénicher les bons plans, le trajet étant plus cher dans ce sens là que dans l’autre. Les Kirghizes n’ayant que peu d’intérêt à aller au Tadjikistan où tout est plus onéreux).
- En mashroutka (mini bus) j’avoue que je n’ai pas tenu les comptes, mais ce n’est pas cher du tout : de l’ordre de 0,50€ à 4€ selon la longueur du trajet.
- Et sinon on a fait du stop ! J’en parle plus bas dans l’article 😉
En espérant que cela puisse vous être utile, passons à la suite :
Nourriture
Pour moi qui suis dans une démarche de passage à une alimentation et un mode de vie végétarien/végane, le Kirghizistan est peut-être le pire pays pour cela avec un menu majoritairement composé de viande et produits laitiers. En tant que voyageur, vous dépendez des autres pour vous nourrir (restaurant, homestay, guesthouse) à moins de faire le marché tout les jours et se balader avec son stock de féculents et légumes ET avoir un réchaud.
Et lorsque vous vous retrouvez à boire le chai chez l’habitant / sous la yourte, on vous servira forcément des produits laitiers : que cela soit du beurre maison, du beurre rance, de la smetana (crème fraiche) ou encore du koumys (lait de jument fermenté). Le tout fait maison. Déjà que c’est compliqué de refuser du koumys et son gout si particulier, je ne vous raconte pas pour le reste. La barrière de la langue n’aidant pas non plus. Et je dois reconnaître que j’ai gouté certains beurres et smetana purement délicieux. Mais cela me dérange moins dans le sens où il ne s’agit pas d’élevage extensif mais plutôt de familles possédant leurs propres troupeaux. Il y a des veaux quand il y a des veaux, les vaches ne sont pas inséminées pour produire du lait en flux tendu*, elles se baladent en alpage l’été et rentrent toutes seules à l’étable lorsque l’hiver arrive, où elle trouveront du bon foin. (Véridique).
*Oui pas de veau, pas de lait. Et si le veau est un mâle en général c’est casserole si c’est une femelle elle subira le même sort que sa mère : la production de lait, jusqu’à qu’elle ne le soit plus assez rentable et finisse en steak haché. Les bovidés sont des êtres sensibles, curieux, friendly et pouvant vivre normalement une vingtaine d’années. Une vache laitière vit rarement plus de 4 ans.
De la smetana et du beurre rance (et de la confiture)
Après évidemment, les kirghizes sont foncièrement carnivores, leur alimentation étant principalement basée sur des bouillons de viande de mouton avec plein de gras dedans, des beignets et raviolis vapeurs à la viande, des brochettes, du plov (riz pilaf aux légumes)… avec des bouts de bœuf ou mouton. Et ils élèvent énormément de moutons, dont ils utilisent également la laine pour faire du feutre. Les chevaux sont élevés pour le Koumys (lorsque les juments ont des poulains ils peuvent les traire), la monte et la viande. C’est magnifique de les voir évoluer un peu partout en totale liberté, en troupeaux structurés mais bon, il y a le revers « économique » qui en mène un bon nombre dans l’assiette (le Kirghizistan est le 5ème pays producteur de viande de cheval avec 25 000 tonnes par an / 7 500 tonnes en France).
Sinon les Kirghizes adorent les bonbons on en trouve partout, même dans les petits magasins de villages, où parfois il n’y a que quelques gâteaux périmés depuis la fin de la guerre froide, des nouilles chinoises déshydratées et… des bonbons! Moi qui ne suis pas très sucre je suis devenue accro au chocolat Alpen Gold de chez Mondelez (coucou Marie) qui me permettait une petite pause « culinaire ». Pas très local, je vous l’accorde.
Oui c’est du chocolat AU LAIT. Ce pays rend fou. #blackchocolateimissyou #dairyproduct 🙁
Et sinon bien sur on y boit du thé à toute heure, tout le temps et quand la tasse est vide ils se dépêchent de la remplir à nouveau. Ce chai est invariablement accompagné de confiture qui est TOUJOURS délicieuse.
Le graal de la confiture de framboise
Après manger il faut faire « l’amin » : c’est comme si on se lavait le visage avec les mains. C’est un signe de remerciement qui vient de la religion musulmane.
« T’es malade ? Moi aussi ! »
Nous n’avons pas rencontré un seul voyageur qui n’ait pas été malade au Kirghizistan. Faute à la nourriture apparemment, les conditions sanitaires du stockage de la viande ce n’est pas vraiment ça. Notre petite astuce après quelque temps dans le pays sera d’aller au marché et de nous faire des pique-nique… comme ça, pas de viande ou de gras de mouton qui traine ! Et j’ai également trouvé des « manti » les raviolis vapeurs à la viande normale qui soient uniquement aux patates-oignons à Osh.
Il y a ceux qui ont souffert du mal d’altitude (moi j’ai eu quelques belles migraines au Tadjikistan… mais d’un côté on manquait tout le temps d’eau et il faut boire énormément en altitude !).
Transports
- Si tu as le budget ou que tu voyages en groupe, n’hésites pas à prendre des taxis même pour de longues distances, cela reste abordable.
- Si tu n’as pas de trop longues jambes et que tu aimes bien la pop russophone, les mashroutkas (mini-bus) peuvent être une expérience intéressante. Néanmoins elles sont très pratiques, et pas chères.
- Le train il faut oublier il n’y a genre qu’une seule ligne qui va de Bichkek à Balykshy au bord du lac Issy Kul et apparemment ça met juste dix mille ans ou alors seulement pour aller en Ouzbékistan.
- Le stop fonctionne super bien !
Si les difficultés de communication sont parfois un peu frustrantes, avec quelques mots, des mimes et de la bonne volonté on s’en sort et on arrive quand même à bien se marrer. Pour arrêter une voiture, on tend le pouce, ou le bras. On précise bien « Avtostop, nyet dengui » (autostop, pas de sous) au conducteur. Ce à quoi on vous dira soit OK soit on vous laissera sur le bord de route. Je trouve que lorsque l’on fait du stop et que l’on le précise bien au début, il faut s’y tenir jusqu’au bout et ne pas donner d’argent, car cela « tue » la pratique en quelque sorte, le principe même de l’autostop est un « drop » désintéressé, permettant un échange culturel par exemple. Et je trouve cela plutôt écolo : de toutes façons le conducteur se rend d’un point A à un point B, donc s’il a de la place dans sa voiture et qu’il est de bonne humeur pourquoi ne pas en faire profiter des voyageurs ? (les locaux font pas mal de stop aussi, pour palier au manque de transports). Le fameux « Atkuda ? » demande où tu vas/d’où tu viens/quelle est ta nationalité, les trois réponses fonctionnent. Les camionneurs sont souvent très sympa et lorsque vous êtes en rade au bord de la route, ce sont souvent eux votre planche de salut ! Mais bon on n’a pas été en rade plus de 30 minutes, en général une fois sorti d’une agglomération il faut moins de 5 minutes pour que quelqu’un s’arrête !
Best autostop avec le chouette Talent 🙂
Hygiène
J’ai été un peu déçue j’ai du me laver plus souvent que je ne le pensais !
Plus sérieusement les saunas kirghizes sont trop top (en tous cas en été) : ils font chauffer de l’eau dans une sorte de poêle à bois spécial, et dans la petite pièce du poêle vous pouvez mettre l’eau chaude dans un seau, mélanger avec un seau d’eau froide et faire votre petite affaire. Sinon on avait des douches chaudes à Bichkek, Osh et Kochkor (mention spéciale à la super douche de chez Jailoo). On trouve du dentifrice des mêmes marques que chez nous sauf que c’est écrit en russe. Par contre ne faites pas comme moi n’oubliez pas votre pince à épiler, on a mis un mois avant d’en trouver une ! (Si jamais, on dit « pincette »). Et une barbe on dit « Sacal », ça a en général beaucoup de succès.
Applications pour smartphones
Mes petites sauveuses. Pour info j’ai un Samsung Galaxy S3 sauvé deux fois de la mort par sa garantie et qui rame beaucoup.
Soviet Military Maps : on nous l’a beaucoup conseillé pour le trekking mais en fait la version gratuite ne permet pas d’avoir les cartes offline. Du coup je faisais plein de captures d’écran mais en fait beaucoup moins utile que :
o
MAPS ME : juste le must ! Gratuit, sur Android ET iphone, vous pouvez télécharger les cartes par pays offline, vous géolocaliser grâce au GPS intégré du téléphone (sans utiliser le réseau) et en plaçant des épingles sur votre carte vous pouvez voir à combien de kilomètres se situe le lieu de vous. Il est possible de télécharger chaque carte avec ou sans la possibilité d’itinéraire, moi je prends sans cela prend moins d’espace. Il y avait des villages qui n’avaient pas de noms (les fameux « Fix me ») mais par contre beaucoup de routes, de sentiers ainsi que parfois les guesthouses, stations essences, restos etc. c’est vraiment complet et pratique. Les fonds de cartes proviennent d’Open Street Maps donc vous pouvez vous même les enrichir sur internet.
EN-KY Dictionnary : (uniquement sur android apparemment). Dictionnaire offline anglais-kirghize. M’a été d’une grande utilité !! Même si peu complet (il manque pleins de mots essentiels genre « travail » – on dit « Ish » pour info), cela nous a tellement servi à maintes reprises. Les résultats sont écrits en cyrilliques mais vous allez vous y faire, ou si votre prononciation est trop piteuse montrez simplement le mot écrit à votre interlocuteur.
UB Reader : application pour les e-book et PDF, indispensable pour nous car nous n’avons pris que des versions numériques des guides classiques. On avait les chapitres Kirghizistan & Tadjikistan du Lonely Planet Asie Centrale (et un vieux guide papier indépendant aussi). C’est super pratique pour lire un peu partout de façon discrète, ça ne consomme pas de batterie et le fait de pouvoir placer des signets, utiliser les liens pour naviguer entre les pages et avoir la recherche de mots c’est juste trop bien. Le point négatif ce sont les cartes, mais pour y accéder plus facilement j’en ai fait des captures d’écran comme ça je pouvais également zoomer.
Xe Currency : le convertisseur de sous, pour avoir les équivalences en euros et dollars. Juste indispensable, surtout quand on est des génies des maths comme nous deux. Ne pas oublier d’actualiser les devises lorsque vous avez une connexion.
Remarques générales (et idiotes)
– Les voitures ont parfois le volant à gauche, parfois à droite… mais on roule à droite. Disons qu’il y en a qui doublent un peu à l’aveugle en toute impunité mais ils ont toujours l’air de s’en sortir. Beaucoup de voitures coréennes récentes et moins récentes allemandes (Mercedes, BMW). Et des ladas bien sur, mais moins de Lada Niva qu’au Tadjikistan (amour absolu pour ces voitures).
Une pub pour la sécurité routière. No comment.
– Les gens ont TOUS leurs pare-brises fissurés, une certaine marque de boucheur de trous dans les pares brises qui nous casse les oreilles aurait du boulot ici. Souvent les compteurs de vitesse ne fonctionnent pas aussi.
– Tout le monde boit et aime le Koumys, même les gosses (c’est peu alcoolisé, environ 3% je crois).
Kumys, étape 1 : la traite
– La vodka est moins chère que la bière. Il y en a des bonnes pour genre 3-4€ la bouteille, nous avons aimé les marques « Kirghizistan », bouteille en verre sablé-étiquette rouge, la « Winter » et la « Zero ». Nous en avons aussi acheté une avec un magnifique léopard des neiges dessiné sur la bouteille mais à boire c’était juste du pur éthanol. Les mirages du packaging.
– on n’achète pas de CD mais des clés USB avec de la musique déjà dessus pour brancher sur l’autoradio.
– pour faire avancer un cheval on ne claque pas la langue comme en France sinon il s’arrête mais on dit « Tcho Tcho ! » avec conviction.
– le cheval kirghize passe vraiment partout, faites lui confiance et ne tirez pas sur sa petite bouche délicate. Ma théorie est qu’ils ont subi un croisement génétique avec des chèvres à un moment.
– point mode : les chaussettes dans les claquettes. TOUT LE MONDE le fait. D’un côté on comprend vite le côté pratique : il faut se déchausser en entrant, et ça caille. La solution est toute trouvée !
Un beau chinese mix !
Petit dictionnaire personnel de Kirghize
Mots écrits de façon « phonétique »
Salam : bonjour
Rarhmat : merci Da : oui/ Nyet : non Nyet russian : voilà Kancha ? : combien Avtostop : autostop
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Ata : papa
Chong Ata : grand père Kiz (kuuuz) : fille Huille : maison Ish : travail
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Ouille : vache (pl. ouille lar)
Tolrpoc : veau (pl. tolrpoc tor) Coye : mouton (pl. coille lar) Echec : âne (pl. echec ter) At : cheval (pl. At tar) Koulun : poulain It : chien
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Sacal : barbe
Teech : dents Teel : langue Gousse : yeux
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Pas suffisant comme vocabulaire