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Je parle du village de Lava dans les montagnes et de bouquins

By 14 janvier 2016 Inde du nord, Inspiration

Suite à nos quelques jours à Darjeeling dans le West Bengal en Inde, nous sommes partis à la recherche d’un endroit plus calme et dans la nature, c’est alors que nous est venue l’idée de nous rendre dans le village de montagne de Lava, à la même latitude que Darjeeling mais en dehors des grands circuits touristiques. Ce carnet de voyage fait aussi office de carnet de notes littéraires en son milieu, ne me demandez pas pour quoi, c’est comme ça.

Si vous avez un peu de temps devant vous pour lire c’est par en dessous sinon n’hésitez pas à aller voir (ou revoir) ma vidéo « Darjeeling & Lava« .

Lava-21Vue depuis le village, un chien dormeur et un coq chanteur dans ses rues calmes.Lava-20

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Samedi 28 novembre 2015 : Darjeeling to Lava

Nous faisons nos adieux au papi de la guesthouse avant de descendre Darjeeling avec les sacs à dos à la recherche de la gare des jeeps collectives. Nous devons en prendre une d’abord pour Kalimpong, autre ville importante du Gorkhaland puis nous verrons là-bas comment rejoindre le village qui ne sera plus qu’à 36 km en théorie. Coup de chance, nous arrivons pile poil pour compléter les deux derniers sièges d’une jeep et partons sur le champs. La route est jolie, à serpenter entre les montagnes, encore ces jolies maisons en bois colorées, ces fleurs et cette végétation luxuriante. Puis nous descendons dans une vallée où nous longeons puis traversons une rivière turquoise avant que la route ne remonte sur la montagne suivante.

A Kalimpong, après nous être renseignés des horaires des jeeps et bus pour rallier Siliguri, où un train de nuit nous attendra le dimanche soir, nous embarquons dans une jeep partagée à destination du village de Lava. Les paysages sont absolument magnifiques mais la route complètement défoncée (d’où l’utilité de la jeep) et au fur et à mesure que nous prenons de l’altitude, les forets se parent de conifères et une brume épaisse nous enveloppe. C’est gris clair et frais avec les nuances de sombres des troncs foncés des pins. Nous arrivons donc à Lava dans le froid et le brouillard. Après une collation dans l’hotel-restaurant sur la place principale, mon Barbu part à la recherche d’un logement à prix abordable.

Le soir.

On est là, au chaud sous les couvertures dans le village de Lava. C’est dans le nord est de l’Inde, entre le Népal à l’ouest, le Sikkim au nord et le Bhoutan à l’est. La route pour s’y rendre est trouée, la forêt et les paysages sublimes. Sans prétention, juste subliment bruts. Les hameaux traversés, les maisons colorées, les arbustes à énormes fleurs rouges, la forêt de bambou et au loin, ce ciel gris qui menace, encore, notre soif de vues sur les sommets blancs de l’Himalaya. Les montagnes se dessinent entre les napes de brume, couvertes de forêts dans lesquelles vivent pandas roux et léopards. La route devient de plus en plus défoncée. Pour une fois, nous sommes assis sur les sièges avant de la jeep. Entre mon Barbu et le jeune chauffeur, né en 88, groupe sanguin O positif, je sens le levier de vitesse s’enfoncer dans ma cuisse droite à chaque fois qu’il repasse la seconde. Je conduis à nouveau, par procuration. Ses pieds sur les pédales, les virages qui s’enfilent, le bosses qui se dessinent. Je me demande s’il les connaît par cœur, ces virages et ces trous. S’il aime son travail. Comme la route monte perpétuellement on finit immanquablement par prendre de l’altitude. Nous sommes dans les nuages, la température se rafraîchit. Des personnes attendent sur le bas côté. La jeep s’arrête, les trois hommes grimpent sur le toit, la jeune femme en pantalon de pyjama pilou avec pinguins et étoiles de neige s’assoit entre le chauffeur et moi, levier de vitesse entre les jambes. Ils ont l’habitude, ici, de conduire alos qu’ils sont quatre sur la banquette avant.

Nous arrivons dans le village embrumé. Alors que nous cherchons un restaurant, nous poussons une porte sous une enseigne… mais dans la pièce seulement une table de ping pong et deux joueurs.

Nous entrons dans un hôtel restaurant. Pour accéder à la seconde partie il faut traverser une boutique de souvenir. Deux moines bouddhistes quittent la salle et nous nous retrouvons entourés d’assiettes pleines de restes de poulet. La télévision joue un film d’action où des filles blondes aux décoltés avantageux et fringues de « rangers » tirent sur des militaires, le tout doublées en hindi (ou bengali), ce qui est très cocasse. Je mange tout mon riz avec les doigts, et mon Barbu part en quête d’une bonne auberge. Je me plonge alors dans mon bouquin et retrouve les romances adolescentes de mes deux nigériens. Parfois je regarde un peu le film, ente deux chapitres. Dehors il a l’air de faire froid. Deux jeunes grimpent sur le toit d’une jeep et essayent de se protéger de celui à venir en emmitouflant leur visages dans des foulards. L’un des foulard est rose fluo, ils s’esclaffent.

Le Barbu reviens, il a trouvé ! Il me promet une jolie vue demain matin. On pose les bagages, essayons d’avoir des infos au « point tourisme » vers les jeep. Sans succès ! Ce sont juste les conducteurs des jeeps qui vont et viennent, mais personne pour vraiment nous rensigner ni sur le parc naturel ni sur les activités du coin. Trois touristes du Bangladesh sont là, ils se prennent en photo avec nous, on échange quelques mots et ils repartent. La nuit commence à tomber. On descend le village.

On atterri dans un des seuls troquets à soupe, momos (raviolis vapeurs de légumes ou viande) ou fryed noodles (« Chomein ») avec un peu d’animation. Les Bengalis que nous avons rencontré au point tourisme sont dedans. On boit une bière Sikkimi que l’on va nous chercher sous le manteau, commandons momos et soupe. Si seulement nous avions pris des chowmein (nouilles frites)… La soupe est infecte ! De l’eau chaude avec des cubes en poudre pas dilués et en trop grosse quantité, avec quelques morceaux de chou et des grains de mais qui ressemblent à du plastique qui flottent dedans. Mais le tenancier est tellement gentil et souriant que l’on se force ! Et finalement on rigole bien, et on discute un peu avec les Bengalis. Puis rapatriement au chaud.

Après avoir constaté qu’à la tévé il n’y a qu’Alien 3 en anglais, on se plonge dans les films que Pankaj nous a donné à Kolkata.

La Vénus à la fourure, de Polanski. Un délice, une merveille.

Et puis, Dans la maison, de François Ozon. Tout pareil.

Après ces deux films si géniaux, me voici à penser à nous. Deux idiots devant des films plutot intelligent, ça fait du bien. Tous les deux, on était en classe littéraire au lycée. Certes, pas à la même époque. Lui il aime bien les livres du genre Bret Eston Ellis, et Sur la Route de Kerouak. Mais je ne l’ai jamais vu lire autre chose que des magazines. Il a acheté un livre sur un fonctionnaire indien qui plaque son boulot et part en road trip en Inde. Je l’ai commencé, c’est plutôt marrant même s’il se répète. Moi j’aime les Kundera (comme toutes les meufs), les livres qui se passent dans les années folles où ceux qui me font voyager.

Je me rappelle que ma maitresse me disait d’aller jouer avec les autres plutôt que de lire à la récré. Balle aux prisonniers ou tomate ? Les encyclopédies en 12 volumes dans le placard. Les magazines sur les papous, les danses balinaises, les « africains » qui se teigent les cheveux à la paille de riz. Les livres piqués dans la bibliothèque des parents.

J’aurais du lire plus.

Après, il y a eu les lectures obligatoires. Au collège, je lisais encore beaucoup à coté, j’étais forte en rédactions.

Et puis il y a eu internet.

Au lycée, je n’ai même pas lu tous les bouquins au programme. J’adorais mes cours de littérature même si la prof était rosse, un des seuls cours où je ne squattais pas les sièges du fond. J’ai adoré étudier le Guépard de Lampedusa, décrypter les pensées de Pascal, analyser Sheakspeare même si en anglais c’aurait été mieux. Ensuite, l’IUT, la fac, le master pro. Vous croyez vraiment que j’allais lire des livres sur les théories de la communication et autre bullshit ? En licence, j’ai adoré les extraits de livres de sociologues sur lesquels notre « maitre de conférence » beau gosse nous obligeait à bosser toutes les semaines (pour notre grand bien).

Et puis, on travaille. J’ai lu des études de 500 pages sur l’économie des médias pour en faire des synthèses, des études sur les thunes que le business du sport allait rapporter au niveau mondial, des articles sur les nouvelles technologies mobiles dont je ne comprenais pas tout, et puis, dans mon dernier job, des CV et books d’architectes, d’ingénieurs. Des articles sur l’architecture. Et puis le lonely-planet Kirghizistan. J’ai eu des passages où ça me reprenais, où j’essayais de lire toute la bibliothèque du Barbu pendant mes trajets de bus pour aller bosser. Mais rien à faire, le temps passe, l’attrait irrésistible des écrans persiste, surtout quand il y a du wifi.

Kalimpong, j’y étais déjà allée auparavant… par le livre de Kiran Desai, une auteure indienne, « La Perte en héritage » en français. Ici une critique complète de ce roman qui m’avait beaucoup plu, publiée sur le New York Times en février 2006. Et le thème du multiculturalisme y est largement abordé, que ce soit de façon directe ou en sous-couche tout comme dans le livre « Americanah » que je viens de lire. Je l’ai acheté à Kolkata, c’est de Chimamanda Ngozi Adichie. C’est bien écrit, intelligent, « sharp », et en anglais américain & nigérian.

Dans le premier, une petite fille indienne, Sai, qui a été élévée chez les bonnes soeurs se retrouve chez son grand père à Kalipong. Le fils du grand père s’exile aux Etats Unis, attirés par les sirènes du rêve américain, mais en fait il va se galérer et finir par rentrer. Dans le second, ce sont des jeunes ayant grandi ensemble, qui étant à l’université sont contraints de s’exiler pour continuer à étudier, à cause des instabilités politiques et grèves au Nigeria, leur pays. Ifemelu, la fille, réussi à partir aux Etats-Unis, et découvre qu’elle est noire, Obinze, le personnage masculin part lui à Londres, avant de revenir au Nigeria et d’y faire fortune. Mais dans ces deux histoires on retrouve : un exil, des histoires de rêves, de dure confrontation à la réalité (ou aux réalités), de découverte et adaptation ou non / observation d’une autre culture… et de retours au pays. Les deux sont au final très sociologiques. L’un décrivant avec dureté la culture de l’ouest menée par la société de consommation, l’autre les questions raciales aux états unis de façon très franche, et les différences culturelles avec le Nigeria.

PS 1 : Oui je viens de passer d’un carnet de voyage à un carnet de bouquins mais c’est mon blog je fais ce que je veux ! (non mais ho).

PS 2 : et oui il n’y a pas que les mecs qui écrivent de bon bouquin, vive les auteurEs. A voir, la planche de BD de Maureen (Diglee) sur les femmes de lettres et leur absence dans les programmes du bac.

Dimanche 29 novembre 2015 : de Lava à Siliguri

J’ouvre les yeux et réalise que la lumière est déjà là. Je bondis de mon lit pour la fenêtre, voir si la « petite vue » dont m’a parlé le Barbu existe vraiment. Je dois faire vite, avant que les nuages ne se lèvent, il est 6h30. Après avoir lutté avec la fenêtre et son drôle de système d’ouverture, une bouffée d’air frais me saute au visage, et devant moi :

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Pour plus d’images de cette magnifique ligne de crêtes, voir la vidéo de Darjeeling & Lava également.

Les crêtes couvertes d’arbres qui se dessinent, légèrement estampées et au loin, la ligne saillante des hautes montagnes, celles qui jouent à cache-cache avec nous depuis que nous avons quitté l’Uttarakand (Inde). Tout à gauche, j’aperçois même des sommets blancs qui rougeoient et rosissent alors que l’astre rouge pointe le haut de sa sphère au dessus des crêts arborés.

Il ne faut pas trop tarder, aujourd’hui nous voulons visiter le village de Lava où nous sommes, situé à une grosse trentaine de kilomètres de Kalimpong. Après un petit déjeuner de biscuits secs, nous partons sur la route, après avoir demandé quelques indications à des habitants nous grimpons direction le sommet de notre petite montagne. Un chien sympathique avec de beaux yeux vairons nous accompagne jusqu’à la forêt, où il nous dégotte un chouette sentier. Nous continuons de grimper sur ce sentier caillouteux. Sur le sol, de grosses feuilles mortes colorées, châtaignes et drôles de glands : c’est la première fois que l’on se sent en automne « comme on a l’habitude en France » depuis que nous sommes partis. Et l’hiver approche. Un glissement de terrain coupe notre route forestière, nous escaladons ce mélange d’arbres morts au combat, fougère, terre sablonneuse et cailloux dans la fraicheur de l’odeur d’humus.

Un peu plus loin, de grands conifères succèdent aux feuillus, et alors que la transition inverse se réalise, je vois mon Barbu au loin qui me fait de drôles de gesticulations et pointe la forêt du doigt. Ah, il imite un singe. Le temps que j’arrive, j’aperçois une sorte de gros macaque qui nous montre ses fesses en se sauvant, sautant d’arbres en arbres.

Un peu plus loin, il m’indiquera toute une troupe, une horde ou je ne sais plus comment on dit chez les singes malgré tous les documentaires animaliers ingérés. Nous les suivons des yeux, fascinés par ses animaux qui s’expriment en petits cris, sifflements et gazouillements, et leur agilité à se déplacer en sautant d’arbres en arbres. C’est toujours autre chose d’observer des animaux sauvages, ce n’est pas comme ces singes « de bord de route » qui ne craignent pas l’homme, leur regard nous narguant presque, avec cet air de racaille qui veut nous voler notre gouter.

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Un cottage du département des forêts (l’ONF local si on veut)Lava-7

Une fougère arboricole on diraitLava-8 Igor le chien.
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Il est temps de redescendre au village, on nous a dit qu’il y aurait une jeep partagée à 13h qui se rendrait à Kalimpong, et rien plus tard. Et oui, on est dimanche, il y a moins de transport en commun. Nous faisons un tour dans le village et avalons quelques veg momo et chowmein (nouilles chinoises sautées aux légumes) avant d’aller visiter le temple bouddhiste situé en bas du village.

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Ceci fait, nous retournons sur la « place principale » pour attendre notre jeep. Les infos sont contradictoires, certains nous disent que non, il n’y a pas de jeep pour Kalimpong maintenant, d’autres que si à 13H… puis à 13H, à 13h30. Mon Barbu commence à s’impatienter. Puis un jeune homme de la coopérative de jeeps partagées nous dit qu’il y a une jeep qui va arriver, elle va à Siliguri. Nous sautons sur l’occasion, nous avons un train ce soir à Siliguri, nous ne pouvons pas nous permettre de rester coincés ici. Lorsque le véhicule arrive, on monte avec un monsieur (et son pull Maya l’abeille) accompagné de son acolyte, c’est tout. Un des passagers précédents a dû être malade, l’odeur à l’intérieur du véhicule est infecte… mais les paysages qui vont se dérouler sous nos yeux lors de notre descente vers les terres me la feront (presque) oublier. La petite route serpente entre hameaux fleuris et leurs maisons colorées, sur fond de pans de montagnes où s’égrainent quelques habitations en bois. Le soleil fait son apparition, et le paysage change, nous avons perdu de l’altitude et des plantations de thé s’étalent à nouveau de chaque côté de la route. Rangs de buissons tous ronds protégés par quelques arbres par ci par là.

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Alors que nous entamons la partie plate, où une route goudronnée toute neuve qui remplace notre piste à trous, le chauffeur nous informe par le biais de Mr Maya l’abeille (car il ne parle pas anglais) qu’il ne va pas jusqu’à Siliguri car son véhicule a un problème. Ce qui est très étrange car il se faisait plaisir à foncer comme un bourrin sur la route dépliée de ses virages… Il nous dépose au croisement avec la route de la plaine, Maya et son copain descendent mais ne sortent pas leurs sacs, le chauffeur nous passe nos sacs nous fait payer genre 20 roupies moins chers que prévu et nous dit qu’il faut que l’on prenne un bus, justement en voilà un qui arrive à toute allure, il l’arrête, nous courrons après le bus… et là nous avons le temps de réaliser que le chauffeur s’est bien foutu de notre gueule. Il nous reste plus de la moitié du chemin à parcourir jusqu’à Siliguri, il nous a fait payer plein pot, nous avons du payer le bus en plus et Maya l’abeille ne s’est pas précipité pour prendre le bus. Je pense qu’ils se sont fait leur petit arrangement dans notre dos les *****.

Enfin bref après une bonne heure de route sur la banquette du bus à se faire secouer comme des pruniers, nous nous faisons déposer à une intersection en dehors de la ville (car le bus ne va pas jusqu’à la gare, ça serait trop beau). De là on nous dit de prendre un « auto » (les rickshaws partagés) jusqu’à NJP, la gare. On roule un bon moment, la tête dans la pollution, les oreilles dans les klaxons avant de nous retrouver pour la troisième fois du mois à la « délicieuse » gare de NJP à Siliguri.

Prendre le train

Un marché à la bougie, devant la gare de SiliguriLava-36

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Affamés, nous retournons au restaurant où nous étions venus la dernière fois en arrivant du Népal qui sert un délicieux dal fry (vraiment délicieux). Il s’agit de PRAKSH HOTEL* dans la ligne de restau en face de la gare. (*Oui dans l’est de l’Inde les « hotels » sont souvent juste des restaurants. Pour dormir c’est plutôt des « lodging » qu’il faut demander).

Après avoir tué le temps à l’internet, nous marchons sur la gare pour voir qu’en est-il de notre train. Et bien il a deux heures et vingt cinq minutes de retard.

Ca prend évidemment du temps et plein de vérifications auprès des monsieurs de la gare pour déterminer cela car les annonces sont faites en trois langues (hindi, bengali et anglais) et la dame annonce un numéro de train et sa destination et non le nom du train, sauf qu’entre tous les autres numéros dur de savoir si c’est bien notre train ou l’autre train de nuit qui se rend également à Guwahati.

Une fois que nous sommes sûrs que c’est bien le notre, nous allons nous assoir dans la « waiting room » masculine de la classe « sleeper » (le Barbu n’a pas le droit d’entrer dans la waiting room féminine). Je m’assois près d’un monsieur souriant qui m’accueille sur le siège voisin du sien. Alors que mon Barbu se réfugie du bruit incessant des annonces de la gare en regardant un film sur la tablette près des prises (OUI il y a des prises électriques accessibles dans toutes les gares), le monsieur me fait la conversation, bientôt rejoint par mon autre voisin. Le premier a 50 ans, est Népalais et travaille au Qatar où il est chauffeur de taxi. Il a des vacances tous les deux ans et là il va prendre le train pour Hampi dans l’Inde du sud avec sa famille qu’il voit donc rarement : sa femme et ses deux fils, un petit garçon et un ado. A ma gauche, plus jeune, c’est un militaire, son anglais est basique mais son envie de me parler énorme. Il ne cesse de me poser des questions et se révèle très intéressant. Il voyage avec deux autres hommes, qui dorment par terre devant nous sur leur paillasse en plastoc. Son père est fermier dans l’état de l’Haryana, à l’ouest de Delhi, il cultive du riz pour en faire de la farine (qui sert à faire les rotis/chapatis). Il me parle des problèmes des femmes qui ont trop d’enfants dans les campagnes par manque de contraception/ éducation. Il me demande si les gens sont aussi blancs que moi en France, ce qui m’amuse beaucoup.

Après diverses discutions tous les trois, ils décident que j’ai une bonne propension à apprendre l’hindi donc ils me mitraillent de mots. Heureusement le Barbu me rejoint et interrompt mon cours de langage improvisé à minuit dans une gare. Il est temps d’aller voir si notre train arrive, et a quel voie. Une fois le quai trouvé, on se régale de samossas, étonnés de voir que tout est encore ouvert, des fonctionnaires travaillent dans les bureaux, et ce surement toute la nuit, étant donné que le train de mon nouvel ami le militaire aux longs cils a 5h de retard ! (sur un trajet de 32h originellement).

Et hop, dans le train direction Guwahati la capitale de l’Assam où nous arriverons demain matin. De là nous rejoindrons l’état du Meghalaya, notre incursion dans les états peu connus du nord-est de l’Inde peut commencer !

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