La suite de notre road-trip en scooter, désormais dans le merveilleux nord-est du Laos après avoir passé sa nonchalante frontière…
J6 – Lundi 21 mars 2016 : de Vieng Xai aux Tad Saleuy waterfalls, en passant par l’hôpital de Xam Neua (62 km)
On prend notre temps et profitons du matelas. Nous partons (petit-déjeuner) vers 11h au restaurant de la guesthouse sur le lac sur les conseils de notre rencontre de la veille : il avait raison, c’est copieux !
Le ventre bien plein nous prenons la route, nous n’irons finalement pas visiter les grottes de Vieng Xai (obligés de prendre un tour guidé de 3h, l’un à 9h l’autre à 13h) car nous avons loupé celui du matin et celui de l’après-midi nous bloquerait en ville. Un peu à regrets, mais à la place nous avons décidé de faire du kayak dans une grotte et visiter l’hôpital militaire dans la grotte adjacente. Après un soucis mécanique sur la route vite réglé (la pédale de vitesse du Honda n’enclenchait plus), nous voici embarqués dans cette histoire de Kayak.
Un ado lao nous guide à l’entrée de la grotte, où trois autres jeunes Laos attendent aussi pour faire du Kayak. Il s’agit pour être plus précis de barques en plastique avec des tabourets et rames en bois, un mélange original. Armés de nos lampes frontales, nous voici prêts à ramer pour s’enfoncer dans l’intense noirceur de la grotte. Nous voyons apparaître des stalactites de toutes formes, dont certaines ressemblent effectivement à des méduses, des fois nous devons baisser la tête et éviter des stalactites… parfois le plafond est si haut qu’on le distingue à peine… puis au bout d’un moment, la lumière au bout du tunnel. On se retrouve alors sur une petite rivière luxuriante entourée des collines karstiques abritant elles aussi certainement d’autres grottes. Puis une chute d’eau, il nous faut faire demi tour, retour à l’obscurité et au calme de la grotte. Calme relatif car on rigole bien à se cogner partout avec notre canot en plastique, et les Laos qui sont trois sur le leur ont aussi l’air d’avoir des soucis de navigation !
Nous visitons ensuite le reste des cavités, à savoir qu’un hôpital militaire était installé dans ces grottes pendant la guerre. Il y a des escaliers et des pièces, mais pas de meubles comme à Viang Xai.
Après ces aventures spéléologiques, roulez jeunesse, on a des cols à passer ! Nos scooters grimpent vaillamment et nous pouvons à présent observer les paysages montagneux environnants depuis les crètes que l’on longe, monte et descend. Nous finissons par arriver à Xam Neua, la capitale du district, et demandons au point tourisme notre chemin vers l’hôpital, pour voir un docteur à propos de nos démangeaisons.
Là c’est drôle. On arrive donc à l’hôpital, tout est écrit en caractère Lao évidemment donc on entre dans un premier bâtiment, une femme nous montre les escaliers du doigt, donc on monte. On se retrouve dans une sorte de salle d’attente où le personnel, exclusivement féminin, se tourne gentiment les pouces. Ca glandouille sec. On essaye de leur demander à voir un docteur (l’une d’entre elle pourrait être docteur ce n’est pas ce que je veux dire), mais un docteur qui parle anglais, le monsieur de l’office du tourisme nous a dit qu’on en trouverait UN à l’hôpital. Devant l’incompréhension générale, même face à nos mimes (le Barbu se fera ramener un stéthoscope haha) je brandis sur mon portable une capture d’écran de la traduction de « gale » que j’avais cherché sur internet quand j’en avais (pas folle la guêpe). C’est alors qu’une des nanas nous prend en main et nous emmené dans un autre bâtiment où il y a effectivement l’accueil, et comme en Thaïlande, les guichets 1, 2, 3, 4 etc. Donc guichet 1, identité : l’une écrit, l’autre mâchonne des fruits qu’elle trempe dans du piment sec. Elle en offre un au Barbu qui manque de s’étrangler avec. Guichet 2 : pesée et tension (ils ont prit l’identité du Barbu et mon poids et ma tension ndlr). Guichet 3 : on paye 10 000 kips pour la consultation (1,10 €) et là le docteur qui parle anglais arrive miraculeusement. Il nous emmène dans son bureau où une de ses collègues ne manque pas de s’étonner de ma grande taille et commence à nous interroger. On lui explique nos symptômes et il pense à une allergie. On lui parle quand même de la gale, et lui montrons la traduction en Laos, mais il dit qu’il ne pense pas, qu’on a qu’à prendre les antistaminisques pendant deux jours et que si ça ne fonctionne pas, on l’appelle et on revient, il nous dit qu’il est le deputy director de l’hôpital (rien que ça, on est bien reçus !). Alors que nous passons au guichet 4 pour montrer l’ordonnance, nous pouvons observer le personnel qui fait une pétanque dans la cour et d’un coup un veau arrive et commence à se frotter à un des joueurs. Si si, je ne vous raconte pas un de mes rêves farfelus, nous avons vraiment pu observer cette scène. Juste après que la femme du guichet 4 ait fini de jouer sur son portable et ai passé l’ordonnance, nous pouvons récupérer nos petites pilules au guichet 5… et apparemment pas besoin de payer. Tout cela était bien amusant, et comme il n’est pas tard, nous reprenons nos fidèles destriers et taillons la route en nous marrant !
Paysages routiersAprès le sacré col à grimper…
Des routes de crêtes qui zig-zag pour notre plus grand bonheur
Sur la route, entre deux montagnes on traverse un petit pont dans une vallée mignonne tapissée de rizières en terrasses non cultivées et je vois un panneau « hot springs » de Na Meuang. On tourne dans le village, achetons une beer Lao fraiche et entamons les quelques kilomètres de pistes. Evidemment à un moment on se trompe d’embranchement et finissons dans un champ, un fermier nous redirige et on trouve finalement cette source chaude, installée au milieu des rizières. Le soleil commence à décliner, gros cercle orange au dessus des montagnes.
Les sources sont aménagées en un grand bassin circulaire et quelques cabines de bain privatives, il n’y a personne donc on se jette dans le bassin ! L’eau est chaude mais pas brulante, elle flotte bien… c’est tellement agréable après une journée sur les routes. Un jeune homme arrive, il nous salue et commence à faire sa toilette de l’autre coté du bassin, il se frotte la peau avec des pierres, et discute avec le Barbu.
Allez au bain !
Une fois nos ablutions terminées, on se remet en route car le soleil vient de nous dire bye bye par derrière la montagne, et on ne peut pas camper là, on va pousser jusqu’aux waterfalls que j’ai repérées sur la carte.
Ciao sole !
Après re-des cols, des montagnes, ça monte à 10%, aille mes freins ont du mal, on arrive de nuit aux waterfalls, où nous pensions camper/manger. On se fait accueillir au loin par des « hello » enthousiaste, ça chante au karaoké, ça boit des litres de beer lao, on va être reçus !
Et ça ne manque pas, à peine commandée un quelque chose à manger on se fait inviter à une table et nous voici à trinquer avec deux joyeux gaillards et la fille de la patronne de l’établissement qui sirote ses bières avec sa petite sœur sur les genoux. Elle est fan de mon grand nez tout droit (et moi je la trouve super mignonne), elle nous met des glaçons dans nos bières, on trinque, on essaye de communiquer comme on peut, ils nous invitent à manger leur sticky rice et plats de légumes et viande car ils ont déjà bien mangé. Après toute cette ripaille, nous payons nos deux soupes mais la bière, c’est pour eux ! Décidément les Laos savent recevoir. Nous allons planter la tente pas loin de la cascade sur un replat et je passerai ma nuit la plus glaciale.
J7 – Mardi 22 mars 2016 : des Tad Saleuy waterfalls à la Tham Piew cave (144 km… de montagnes!)
Levée les yeux bouffis de cette nuit difficile (illustration ci-dessus), le Barbu fait du feu pour nous réchauffer en attendant le soleil et nous grignotons quelques biscuits. La patronne vient nous voir, nous vend les tickets d’entrée pour la cascade et nous demande si l’on a à manger (tout ça par gestes évidemment hein, on ne parle pas encore Lao couramment), puis elle s’éclipse. Elle revient avec un sachet de sticky rice tout chaud et jette trois –ce que je crois être des épis de maïs dans notre feu, nous sourit, puis repart. On la remercie chaudement et nous jetons sur le riz. Une fois nos épis bien chauds, on se rend compte qu’il s’agit en fait de sorte de cœur de palmier, on mange ça un peu n’importe comment. Le soleil ayant pointé le bout de ses rayons, on laisse la tente à sécher et partons escalader les côtés de la cascade : on en voit qu’une mais il s’agit en fait d’un ensemble de trois cascades qui fait plus de 100m de long.
Alors que nous remballons nos affaires, le Barbu va pour jeter un truc à la poubelle dans la cour, et la Mama lui dit de venir manger : nous voici donc attablée avec sa fille avec qui nous buvions des bière la veille, la Mama et la petite fille. La table est chargée de victuailles comme dans tout repas Lao que nous avons pu voir, et elles nous intiment l’ordre de manger. On s’exécute, et c’est délicieux. Des mecs arrivent, l’un deux sort une bouteille de derrière les fagots avec des morceaux de canne à sucre dedans. C’est bon pour les genoux/coudes qu’ils nous disent (on va traduire par c’est bon pour les articulation). Le Chti s’exécute « si c’est bon pour les g’noux, hein ! » et hop il s’envoie un shooter derrière les oreilles à 8h du matin. Ca lui rendra le virage léger on va dire. Après cela, nous prenons congé de nos hôtes, tellement adorable, et nous commençons nos ascensions montagneuses. On roule tranquille car je n’ai pas les yeux en face des trous et le Barbu les a un peu trop aha !
La route est agréable de bon matin, c’est silencieux, il n’y a personne, le soleil ne tape pas encore trop fort. On monte, on descend, ça tourne tout le temps, c’est joli, parfois on traverse un village, manquons d’écraser une poule suicidaire qui fait des allers-retours au milieu de la route… et puis d’un coup, ça cogne. Le soleil envoie du gros pâté. Moi en veste et foulard pour que mon casque tienne sur ma tête, si je m’arrête, je sue. Donc crème solaire sur mon grand museau qui plait tant aux demoiselles Lao et on fait du vent avec nos bécanes.
On fait une pause repas à Nam Neum qui est dans une vallée où coule une rivière, mais sans charme. On parvient à obtenir du sticky rice et des légumes (en leur montrant ce qu’on voulait, sinon c’est noodle soup à tous les repas). D’ailleurs, maintenant on sait dire riz : « kao ». Mot un tant soi peu utile. Les légumes sont délicieux et si on avait pas l’impression d’avoir faim on se jette dessus. J’avais repéré un chemin pour accéder à la rivière, car le Barbu veut laver nos bécanes, qui commencent à être bien poussiéreuses des kilomètres enchainés. Il fait la sieste sous le pont alors que je lave la mienne puis fait un petit saut dans l’eau car la chaleur est écrasante. Alors qu’il lave la sienne, c’est l’heure du bain pour les enfants du village, qui débarquent en courant dans l’eau, certains avec des bouées et un une chambre à air de camion. Ca se la coule douce. Mais pas le temps de roupiller, on ne va pas coucher là et on a une grosse étape, on se dit que l’on va avancer autant que possible car entre ce bled et le prochain « vrai » bled… il y a 84 km et vu le tracé des routes ce ne va pas être de la plaine toute droite (et tant mieux).
Nos bécanes affrontent sans broncher les routes de montagnes. Le Barbu se demande quand on va arrêter de monter car à chaque fois on voit les sommets, on est tout près mais… la conte continue de grimper. Je me fais plaisir dans les virages et les montées, le Barbu se fait plaisir dans les descentes. On traverse des villages de crètes désolées ça fait vraiment western, puis on roule toute une portion au milieu de forêts incendiées. C’est vraiment impressionnant, ces forets de pics noirs, bord de route noircis par le feu, cendres qui volent. Je reçois même une feuille carbonisée emmenée par le vent.
A un moment, on s’arrête contempler un pan entier de montagne boisée tout juste brulée, fumant encore. Alors que l’on repart, une branche enflammée dépasse sur la route…
Forêt noire…
Après toutes ces montées, la descente d’enfer arrive : sur des kilomètres et des kilomètres, ça serpente, les oreilles se bouchent et on voit le paysage changer. Le soir commence à tomber et on se prend des courants d’air froid et chaud, et d’un coup, on aperçoit l’immensité des plaines. Notre épisode montagneux serait-il fini ? C’est sur que non, on doit traverser tout le pays et il est sur qu’il y a plein de montagne au centre et le plateau des Bolovens, mais une page se tourne.
Nous voici en ligne droite dans la plaine, lorsqu’on voit un panneau « historical caves ». Les panneaux sont nos amis, on décide donc d’aller voir, ça peut être un bon plan pour camper au calme et visiter au matin.
Sur la route on discute à un jeune Lao qui parle bien anglais (c’est rare jusqu’à présent dans ces contrées) et veut qu’on l’ajoute sur Facebook puis finissons par arriver sur le site des grottes. Il y a pas mal de monde, une troupe de mec nous salent de « Hello hello ! ». Une mamie nous vend un ticket (décidément) on lui demande si on peut planter la tente tout ça elle n’a pas l’air de trop comprendre mais elle a l’air de s’en fiche un peu donc on plante la tente sur une pelouse bien proprette, et le Barbu ayant repéré un foyer le voici en mission feu tandis-ce que j’épluche les légumes.
Alors que la popote cuit sur les braises, on a la visite des mecs qui vivent dans une maison attenante au site qui viennent se réchauffer et nous voir, puis ils prennent congé poliment alors que l’on commence à manger.
J8 – Mercredi 23 : de la Tham Piew cave à Phongsavan en passant par l’hopital (60 km)
La nuit est bonne et le matin très calme et ensoleillé, on se paye le luxe d’un petit bain dans les canaux dont le fond est sablé, parfait ! Alors qu’on vient de finir de remballer nos affaires (on a pris notre temps) un bus de touristes thaïs arrive alors on se dépêche de monter les marches pour voir la grotte. Comme des quiches on n’a pas pris nos lampes torches alors on se retrouve à explorer la grotte à la lumière de mon portable, mais rien d’intéressant pour nous… peut-être avec des explications historiques mais on n’en dispose pas et le site ne présente aucun support d’information.
En route pour Phongsavan, des champs fleuris
On part donc à Phongsavan la grande ville du coin, et allons direct à l’hôpital afin de faire un point sur nos démangeaisons incessantes. Par chance alors qu’on arrive une fille qui parle anglais nous prend en charge, nous conduit à un docteur et une doctoresse de Vientiane (la capitale) qui parle anglais lui fait la traduction. Il nous dit d’aller voir la dermato donc la doctoresse, super sympa et rigolote nous y conduit. On explique à nouveau tous nos symptômes et nos suspitions à la dermato, le tout traduit par la doctoresse. Cette fois on nous prescrit une pommade contre la gale, des antistaminiques et devoir laver tous nos vêtements à plus de 60°C. La doctoresse nous dit qu’on pourrait les faire laver à l’hôpital ils ont un service lingerie pour les vêtements et draps pour tuer les bactéries mais après elle nous dit qu’elle n’est pas de cet hôpital donc on ne sait pas trop… on récupère nos médicaments, payons les médicaments (mais pas la consultation, il nous ont fait sauter cette étape apparemment) et nous voici parti pour la guesthouse que j’ai repéré. Là bas on explique à la dame qui fait la lessive qu’il faut bien que l’eau soit bouillante, car il n’y a pas de machine à laver, et on nous dit que dans les laundry c’est pareil ils font à la main. Il vont donc faire tremper tout ça à l’eau bouillante qui sort du chauffe-eau quelques minutes puis laver normalement… on verra ce que ça donne !
Nous, on prend nos douches et nous étalons la pommade à base de pétrole et souffre miam miam. Moi du coup je n’ai plus aucun vêtement et je me balade en draps, le Barbu lui a gardé son short de bain, espérons que ça ne posera pas de soucis de recontamination (il n’a pas fait laver ses vêtements propres non plus)… ni les sacs à dos, ni la tente, ni les chaussures, d’ailleurs, ainsi que les K-Way et pulls, que l’on ne peut pas faire bouillir. Il faudrait un fer à repasser ou un lavage « vapeur » à haute température mais où trouver cela au Laos…
Affaire à suivre donc.
Pour les jour à venir, on quitte tout doucement le nord du Laos pour le centre du Laos, on rencontre un obus, essuyons une tempête nocturne, roulons à travers un feu de forêt en live… ça sera vendredi prochain ! 😀