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Le paradoxe du voyageur écologiste… mais carniste

By 20 juillet 2016 Végane en voyage
voyageur écologiste mais carniste

Voilà un moment que ce sujet me gratouille. Ca m’est d’abord venu en lisant des articles sur le « voyage responsable » ou sur « voyager écolo », puis par la suite en remarquant l’apparition d’un collectif de bloggeurs « éco-green ». L’initiative est louable, je n’ai aucun souci avec cela et j’apprécie d’ailleurs beaucoup les blogs qui se sont engagés dans ce projet.

Mais ce sont les recommandations que je trouve trop, comment dire… légère ? Et surtout ce qui m’a sauté aux yeux, c’est que nul part il n’est évoqué que la consommation de viande est extrêmement polluante et devrait donc à ce titre être évoquée dans ce genre d’articles « conseils pour voyager écolo ».

Ce que je reproche à ces articles, c’est leur écologisme « mou » à la Nicolas Hulot, du type « fermez le robinet quand vous vous brossez les dents », version voyage.

(edit 22/02/2017) AVANT-PROPOS

Je n’écris pas cet article dans le but de démonter ni les articles ni le collectif, que je trouve très bien comme dit plus haut mais plutôt pour ouvrir une réflexion qui m’est relativement récente. Je ne pense pas détenir la réponse ultime, mon article a été parfois reçu comme étant moralisateur et ce n’est pas le propos, je m’en désole. Pour moi le véritable progrès écologique passera d’abord par la législation quand bien même les mesures individuelles sont louables mais pas suffisantes pour avoir un impact réel. L’idée ici c’est apporter d’autres éléments informatifs, pas un guide de vie détenant la vérité ultime.

 

Les conseils que l’on trouve partout pour être un voyageur « écolo » / « responsable » etc. :

  • Les transports.
    Eviter l’avion, pendre les transports en commun, faire du stop.
    Ici il s’agit de réduire ses émissions personnelles de GES (Gaz à effet de serre)
  • Respecter l’environnement.
    Des conseils qui vont de
    – « ne pas jeter ses mégots de cigarette sur la plage » à « ne pas courir sur les dunes »,
    – « éviter les fuites d’huiles si vous faites du bateau »,
    – « ne pas cueillir les fleurs »,
    – ne pas faire sa vaisselle avec du la Rainette pas écolo dans un ruisseau,
    – utiliser des « shampoings sans phosphates » (encore faut il en trouver sur place),
    – ne pas « jouer au golf dans le désert », etc. etc.
  • Respecter la faune et la flore :
    – ne pas toucher les bébés animaux trop trop mignon (par contre tu peux bouffer de l’agneau à pâques no soucy), #DissonanceCognitive
    – ne pas nourrir les poissons (par contre tu peux les bouffer, no soucis on va te pas gâcher tes vacances au bord de la mer quand même),
    – ne pas ramener d’animaux protégés chez toi (par contre je peux ramener ce singe non protégé chez moi ? Ou comment ça se passe ?)
  • Autres :
    – ne pas gaspiller la nourriture,
    – limiter les déchets plastiques (en Asie ça devient vite compliqué !),
    – on utilise des palmes courtes (merci Biba !),
    – on ne donne pas des billets de 100 balles au gamins qui mendient même s’ils vous font les yeux du chat de Shrek,
    – on ne paparazzi pas les gens sous prétexte qu’ils ont un fasciés original par rapport à ce qu’on a l’habitude de voir à la maison,
    – on choisi un tour opérateur certifié (Yes),
    – on découvre sa propre région/pays (Yes)

 

Constat écologique (dégâts causés par les humains)

Comme nous le savons, notre planète ne va pas bien, moi perso j’entends ça depuis que je suis gamine. Et après avoir un peu vu le monde de mes yeux et un nombre incalculable de documentaires sur l’écologie, je suis plus prête à croire les scientifiques que des hurluberlus type Donald Trump qui crient à la théorie du complot concernant le réchauffement climatique.

continent plastiqueSource: meetingurself.com, « la fin des sacs plastiques en Europe« 

à lire également : « le septième continent de plastique : ces tourbillons de déchets dans les océans« , 09/05/2012, lemonde.fr

Il y a un « septième continent » de plastique, les pécheurs continuent de vider les océans à grand coup de filets géants raclant le sol (il y aura bientôt plus de plastique que de poisson dans la mer, classe), la pollution de la terre, la faim dans le monde, les multinationales qui détruisent à grande échelle sans que les états ne bougent le petit doigt, la déforestation, … euh wait.

 

Des causes de la déforestation

Arrêtons nous un instant sur le sujet de la déforestation, tiens. Mais quelles sont les principales causes de la déforestation Jamie ?

Je sais qu’à Bornéo en Indonésie ce sont les plantations de palmiers à palme que j’avais survolées horrifiée lors de ma visite de cette île qui sont majoritairement responsables de la déforestation. Tuerie en masse de la forêt et de ses habitants que les industriels s’enrichissent en fabricant des produits alimentaires transformés et des gâteaux bio à l’huile de palme moins chers et « de meilleure consistance ».deforestation borneo voyageur écologistePhotographies personnelles, vol de Pontianak à Pangkalan Bun sur l’île de Bornéo en 2013

Au Cambodge et autres pays d’Asie du sud-est, j’ai parcouru les routes en Bécane, re-horrifiée par la destruction de la forêt et de la vie pour que des grands groupes (coucou Bolloré) s’en mettent plein les fouilles en exploitants les locaux dans des plantations d’hévéa (caoutchoucs) et autres arbres. Des arbres alignés à l’infini dans des plantations dont la plus grande fait à peu près la taille du département de Seine-Saint-Denis. (La plantation de Chup à côté de Kampong Chap où nous somme passés fait 22 000 hectares, soit 220 km2 contre 236 km2 pour la Seine-Saint-Denis, soit une plantation qui fait 2 fois la superficie de Paris !)

En ce qui concerne la plus grande et plus célèbre forêt du monde, l’Amazonie, quelles sont les causes de sa destruction galopante ? Ca m’étonnerait que ça soit pour faire des meubles de terrasse en bois exotique, non ?

Eh bien non : 91% de sa destruction est due à l’agriculture et en particulier l’élevage. (source: Steinfeld et al., 2006. FAO, Rome 2006)

figures déforestationDivers graphiques de sources différentes venant illustrer les causes de la déforestation en Amazonie

 

Si l’on voit mal des vaches brouter à côté du fleuve Amazone, c’est pourtant la création d’espaces pour cultiver du soja et en faire des tourteaux (nourriture à destination du « bétail » ainsi que la création d’espace de pâture qui sont les principales causes de la destruction de la forêt amazonienne. Environ la moitié du « bétail » français est nourri aux tourteaux de soja importés d’Amérique latine (on rajoute encore du transport, pas très green tout ça).

Image de déforestation au Brésil

Donc on massacre l’Amazonie à grands coups d’engins géants (coucou Avatar) pour nourrir des animaux classifiés par l’Homme tout puissant comme « bétail ». Puis de dézinguer ledit « bétail » pour le plaisir égoïste d’une partie des humain au détriment d’autres humains (la faim dans le monde tout ça).

Là vous vous dites elle déraille carrément la pauvre ! Mais réfléchissons un instant : si tout l’espace agricole actuel était utilisé pour produire de la nourriture DIRECTEMENT à destination des humain et non de la nourriture destiné à du bétail qui sera ensuite tué pour que certaines parties de son corps soient consommée. Le rapport se situe à 10 à 15kg d’aliments pour 1kg de viande de bœuf par exemple.

Moi perso avec 10 à 15kg d’aliments je peux me nourrir un bon moment !

Source : association PETA

De plus, la production de ces aliments à destination des animaux d’élevage contribue à la pollution des sols. Et ce via l’utilisation massive de pesticides, c’est à dire produits chimiques destinés à tuer herbes, insectes et autres formes de vies présentes sur et dans le sol. Déjà que post-déforestation niveau destruction de la vie (arbres, plantes, mammifères, oiseaux, insectes, reptiles etc.) il y avait du niveau.

 

Schéma : Émissions de gaz à effet de serre issues de l’élevage. Contribution respective de chaque étape du processuspollution élevage voyageur écologiste véganeSource : Elevage et Climat : Comprendre le problème, évaluer les solutions », Rapport scientifique de l’Association végétarienne de France

 

Et évidemment, l’élevage, cela a une emprunte carbone monstre. Il y a le transport :

  • des matières premières – nourriture des animaux d’élevage, souvent importée car moins chère,
  • des animaux jusqu’à leur destination finale, les usines à tuer des vaches, cochonous, lapinous, poulettes, agneaux trop mignons, chevaux de courses non performants et autre animaux classifiés « d’élevages »,
  • des morceaux d’animaux morts (ou « viande ») vers le vendeur du produit fini aka un morceau de viande monnayé.

 

Gaz à effets de serre, avion et viande

L’élevage serait responsable de l’émission de 18 à 51% (selon les études) des GAZ à EFFET DE SERRE globale causée par les activités humaines.

émission gaz effet de serre globale élévage voyageur écologiste

 

Ceux-là même (les gaz à effet de serre) que l’on veut réduire en ne prenant pas l’avion pour voyager par exemple.

Les gaz à effets de serres causés par les activités humaines venant des transports GLOBAUX en comparaison s’élèvent à 14%. (ça comprend donc les avions)

Source : EPA (Environmental Protection Agency) Global Greenhouse Gas Emissions DataSource : EPA (Environmental Protection Agency) Global Greenhouse Gas Emissions Data

Il y a donc là, selon mon interprétation, un sacré paradoxe.

Je vais encore rappeler quelques chiffres (je n’invente rien, je n’ai pas autant d’imagination) :

  • 70% de la surface agricole terrestre est utilisée pour la production d’aliments destinés aux animaux d’élevage (qui sont par la suite consommés par certains humains)
  • 1/3 de la récolte mondiale de céréales mondiale est destiné à l’alimentation des animaux d’élevage

Voici donc pourquoi je reste étonnée du fait que dans les article types « recommandations » d’articles de presse ou de blogs axé écolo/green, la consommation de produits d’origines animales ne soit pas déconseillée car

  • cela n’est pas éthique d’exploiter des animaux non humains et de décider de leur vie et mort à leur place
  • ce n’est pas éthique de priver une partie de la population mondiale de nourriture en préférant nourrir du bétail pour son plaisir gustatif plutôt que d’utiliser cette nourriture à destination d’autres humains.
  • ET c’est l’une des causes majeures de pollution de notre planète (gaz à effets de serre -CO2 et méthane-, pollution des sols, transports)

 

Il y a un an moi même je n’étais même pas au courant de tout cela. Le nez dans l’guidon, je regardais des documentaires etc, j’ai été élevée avec l’idée de préserver l’environnement, de « sauver la planète » tout en mangeant des steaks-purée et me rendant à l’école gratuite et obligatoire.

 

Mais désormais l’information est disponible, des études sont là, des bouches se délient, des articles s’écrivent sur internet et dans les journaux, les reportages commencent à gagner les écrans cathodiques, entres deux pubs jambon Herta et chaussée aux Moines.

Je recommande également encore et toujours l’excellent documentaire « cowspiracy » sur les impacts de l’élevage et de la consommation de produits animaux et ses solutions.

J’espère donc que désormais lorsque l’on se revendique voyageur responsable/ équitable/ green/ écolo/ placez-un-mot-clé-ici/, on préconise de ne pas consommer de viande autres produits d’origine animale qui sont finalement plus nocifs pour l’environnement et l’éthique que bien d’autres causes polluantes tels les transports.

Attention je ne dis pas non plus que pour être un voyageur écologiste, adopter une alimentation végétalienne est la solution ultime et qu’on peut par la suite faire du snorkeling à Bali avec des palmes longues et casser plein de coraux, se laver les cheveux avec son shampoing aux phosphates sous une cascade avant de faire un bon dodo dans son hôtel 5 étoiles qui lave trop de serviettes. Et bien sur quitter l’île en avion parce que bon je veux bien être green mais je n’ai pas 6 mois de congés donc je ne vais pas faire Marseille-Dempasar en bateau-stop, hein.

Valorisons un voyage plus « propre » ! Moins de pollution, moins de cruauté envers les animaux non-humains et les autres humains. Du voyage « cruelty-free », pour mettre une jolie étiquette.

Evidemment on peut également aller plus loin sur le plan éthique en informant sur l’inutilité des zoos et autres lieux de détentions d’animaux tels que les cirques, aquariums, parcs nautiques type Marineland qui prétextent des visées éducatives (lucratives), de divertissement (lucratives) ou encore de conservation de l’espèce (si on commençait par ne plus détruire leurs espaces naturels ?!).

On peut également recommander de ne pas se rendre dans ce genre de lieux, ni payer des activités types ballade à dos d’animaux sauvages genre éléphant, ou non sauvage genre âne en agonie, chameau maltraité, cheval rachitique tirant une charrette, etc.

 

Il est évident et prouvé scientifiquement que la consommation de viande et autres produits d’origine animale nuisent à l’environnement de façon très prononcée (plus que le secteur des transports). Alors pourquoi ignorer ce fait lors de l’écriture de recommandations dites écologiques ?

Etiez-vous déjà au courant de ce paradoxe ?

 


Sources :

  • « Elevage et Climat : Comprendre le problème, évaluer les solutions », Rapport scientifique de l’Association végétarienne de France, octobre 2015
    http://www.academia.edu/26740982/Elevage_et_Climat_Comprendre_le_probl%C3%A8me_%C3%A9valuer_les_solutions
  • « Sources of Greenhouse Gas Emissions », EPA (United State Environment Protection Agency),
    https://www3.epa.gov/climatechange/ghgemissions/global.html
  • « Les animaux d’élevage français gavés de soja OGM importé », novembre 2012, magazine l’Expension
    http://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/les-animaux-d-elevage-francais-gaves-de-soja-ogm-importe_1383879.html
  • « Viandes: un arrière-goût de déforestation », octobre 2012, rapport du WWF
    http://www.wwf.fr/vous_informer/rapports_pdf_a_telecharger/forets/?1201/viande-soja-dforestation

 

Plus dans le thème du voyage :

  • je vous recommande le récit d’un voyage « écologique et sans argent » de la Haye aux Pays-Bas jusqu’au Mexique… voyageurs végétariens puis végétaliens bien sur dans un soucis de cohérence écologique 🙂

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